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La boîte à outils de la Motivation
Chapitre VI : Motiver ou remotiver en contexte de changement

Fiche 01 : Les " vagues du changement "

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  • Publié le 1 déc. 2017
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La boîte à outils de la Motivation

8 chapitres / 53 fiches

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Accepter de " toucher le fond de la piscine " pour mieux rebondir et surfer sur les événements à venir...



En résumé

Face au changement, la résistance constitue souvent un refuge sécurisant. Mais comment rester motivé si l'essentiel de notre intention est tourné vers le refus du changement... ? Accepter le changement suppose de traverser différentes étapes successives, matérialisées sur la " courbe du deuil " proposée par Élisabeth Kübler-Ross, médecin psychiatre comportementaliste : deux phases se succèdent, la première descendante (et qui nous amène à " toucher le fond de la piscine "), et la seconde ascendante (où l'on " reprend le dessus "). Au terme de cette dernière, le " cadeau caché " recelé par le changement nous apparaît plus explicitement : il nourrit alors notre motivation à faire de la nouveauté une opportunité imprévue, porté par l'énergie de la vague du changement...

Pourquoi l'utiliser ?

Objectifs

  • Traverser consciemment les différentes étapes inhérentes à tout processus de changement, assorties des émotions négatives correspondantes.
  • Créer de l'espace pour laisser s'exprimer ces dernières, et permettre ainsi à celui qui traverse le processus de deuil de le vivre dans les meilleures conditions.

Contexte

Le processus de changement s'engage dès lors qu'un événement irrémédiable intervient : en prendre conscience permet de choisir de vivre le processus de manière positive, ou à défaut constructive. Avoir conscience de ce qui se joue s'avère particulièrement utile lorsque la personne ou l'organisation doivent faire face à l'événement tout en restant actives et investies.

Comment l'utiliser ?

Étapes

  • Le choc, la perte : Il peut s'agir d'un événement brutal (arrêt d'un projet), mais il arrive parfois que le début du cycle d'un deuil ne soit pas parfaitement défini.
  • Phase descendante : Sont successivement traversées les émotions négatives génériques (colère, tristesse, peur). Leur intensité ainsi que leur ordre d'apparition sont étroitement liés au parcours de vie de la personne, ainsi qu'à ses émotions génériques : l'un sera plus sensible à la colère, tandis qu'un autre peinera à sortir de l'étape de tristesse. En dernier recours, le marchandage clôt la période tournée vers le passé, et contribue souvent à l'acceptation de la nouvelle situation qui s'impose.
  • Phase ascendante : Désormais tournée vers l'avenir, la personne reconnaît et accepte que le deuil lui donne accès à certaines choses non envisageables précédemment : c'est le " cadeau caché ", qui contribue à redonner du sens à la situation, à nouveau porteuse de perspectives.
  • La prochaine fois... : Dudley Linch évoque la " stratégie du dauphin ", qui choisit d'anticiper la vague pour plonger avant, et mettre à profit l'énergie de la vague pour trouver l'élan d'aller plus haut et plus loin... Tel est l'enseignement tiré du processus de deuil, grâce auquel nous sommes " avertis ", et prêts à devancer l'appel la prochaine fois, pour choisir et non plus subir le changement.

Méthodologie et conseils

Pour cheminer vers une nouvelle situation, porteuse de nouvelles sources de motivation, le " travail de deuil " est un parcours, qui nécessite de traverser successivement chacune des étapes en question. Chacune est en effet porteuse d'ingrédients tous nécessaires au cheminement vers l'autonomie. Il serait ainsi illusoire d'espérer retrouver la motivation en raccourcissant le processus et en tentant de " griller une étape "...

Avantages
  • Avoir conscience de ce qui se joue et des émotions qui peuvent légitimement parasiter notre action (peur, colère, ressentiment, regrets, etc.) permet de mieux les accepter et de les vivre pleinement pour avancer plus rapidement vers l'acceptation et le renouveau (cf. outil 39).
Précautions à prendre
  • Faire face au changement est, en général, consécutif à un choc. Or, il arrive parfois que le début du cycle d'un deuil ne soit pas parfaitement défini (premier échec professionnel, crise dans une entreprise, etc.). Or, si la perte n'est pas clairement identifiée, le travail de deuil s'avère bien plus difficile à réaliser. Officialiser et accepter l'idée qu'il s'est passé quelque chose d'irrémédiable constitue un prérequis pour s'engager efficacement dans le processus de changement.

Comment être plus efficace ?

Comprendre et repérer les étapes successives du processus de deuil

  • Le déni : " Ce n'est pas possible, je dois me tromper ! " : On refuse la situation, mais aussi les circonstances et ses différents aspects et conséquences. Cette étape est d'autant plus fortement ressentie que l'attachement est rompu soudainement (fonctionnement ancien, habitudes ancrées, etc.).
  • La colère : " Ce n'est pas juste ! Ils n'ont pas le droit... " : De l'agacement à la fureur, la personne confrontée au changement cherche un responsable (sa hiérarchie, ses collaborateurs, ou encore ses clients...).
  • La peur : " Mais comment vais-je faire... ? " : Peur pour soi ou peur pour les autres, un sentiment d'abandon, incapacité à faire face, rejet qui fait apparaître le monde comme une source de dangers insurmontables, c'est également l'heure du " marchandage "...
  • La tristesse : De la plainte au chagrin ou au repli dépressif, on s'enferme dans la douleur et le refus de tout élément positif. Cette étape est très difficile, car les premières phases n'étaient qu'une manière détournée d'affronter la réalité. Lors de cette phase, la personne prend pleinement conscience de ce qui est inéluctable.
  • L'acceptation : Après la négation, c'est la décision de faire face, d'assumer et de continuer dans la situation telle qu'elle se présente désormais. La personne devient actrice et reprend en main la situation.
  • Le pardon : On renonce à la " toute-puissance " et aux " pensées magiques ". Après la peur et la culpabilité, la raison fait la part des choses. Vient alors le pardon aux auteurs de la perte (présumés ou réels), qu'on cesse de considérer comme des êtres cruels, et la nostalgie se teinte de sentiments positifs.
  • Le cadeau caché : On reconnaît et on accepte que le deuil a donné accès à des choses non envisageables précédemment (développer un talent caché, accéder à de nouvelles responsabilités, etc.).
  • La sérénité : La personne " fait la paix " avec ce moment de vie qui a été douloureux, et elle peut désormais l'évoquer sans émotion excessive. Ce qui lui arrive aujourd'hui est plus important que l'" avant ". Elle est maintenant prête à s'engager dans tout autre projet qui se dessine, avec motivation...

" Petits deuils en entreprise "

Départ d'un manager, abandon d'une ligne de produit ou d'une identité marketing, changement de métier, fermeture d'un site : autant de situations qui font partie de la vie normale des entreprises. Avec l'accélération des rythmes économiques, ces ruptures se succèdent. Or, les deuils " non faits " peuvent coûter cher à l'entreprise, car ils favorisent une forme de nostalgie qui empêche les collaborateurs de se mobiliser sur l'avenir.

Dans l'ouvrage Petits Deuils en entreprise, Jacques-Antoine Malarewicz décline le processus de deuil pour éclairer les non-dits et blocages au sein de l'entreprise. Pour que les salariés se réapproprient les changements au lieu de les subir, il propose la mise en place de rituels, permettant à chacun d'exprimer son ressenti : communication pour éviter le déni, réunions où la colère est accueillie lorsqu'elle s'y exprime, rituels de départ pleinement assumés pour dire sa tristesse mais également officialiser son acceptation, autant de leviers propres à remotiver vers de nouvelles perspectives.

CAS d'une Entreprise face au changement : pression et dépression, puis nouvel engagement des collaborateurs

La " courbe du deuil " proposée par Élisabeth Kübler-Ross s'applique davantage au vécu individuel de la personne concernée par le changement. L'outil en question a été modélisé dans un contexte d'accompagnement en fin de vie, pour lequel celui ou celle qui doit partir traverse lui-même les différentes étapes avant d'accepter son départ prochain.

À l'échelle de l'entreprise, une autre manière de représenter le processus de deuil et les vagues successives du changement, conduit à matérialiser des phases de pression et de dépression, chacune porteuse de risques organisationnels et sociaux pour l'entreprise :

  • risques sociaux (absentéisme, tensions, incivilités) lorsque c'est la colère qui prend le dessus et occasionne des ressentis spontanément extériorisés ;
  • risques organisationnels et liés à la dégradation des performances (en termes de qualité, sécurité) : interviennent ici les risques psychosociaux, qu'il s'agit d'une manière générale de prévenir (cf. outil 6), même si d'une certaine manière ils participent positivement à la sortie du processus de deuil...

Source : Adeios

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