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La boîte à outils du Design management
Chapitre VI : Évaluer et financer le projet design

Fiche 03 : Financer le projet design

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  • Publié le 28 nov. 2017
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9 chapitres / 52 fiches

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Différentes formes de financement du projet design


En résumé

Les sources de financement du design sont les moyens mis en oeuvre par l'organisation ou l'institution pour accéder à la valeur design. Ce financement dépend du positionnement de la fonction dans l'entreprise, et de son propre modèle opératoire. Il peut provenir des ressources internes (par financement pur, partage de coût ou synergie entre projets) ou externes (BPI, crédit impôt recherche, crowdfunding, concours), ou enfin partagé (collaboration avec un client, un fournisseur, un concurrent). La question du financement peut amener à repenser le business model, soit l'origine des flux et des coûts.

Pourquoi l'utiliser ?

Objectif

Un manager doit maîtriser la question du financement pour faire reconnaître la valeur du design dans l'entreprise et assurer une place pérenne à cette fonction. Cela lui permet d'augmenter l'ambition des projets de mieux supporter l'effort d'innovation mais aussi d'engager des partenaires externes sur un projet spécifique.

Contexte

  • Lors de la création d'une entité design, pour construire le modèle de financement.
  • Lors d'un besoin reconnu lié à la croissance de l'organisation design et à l'évolution de son modèle d'affaires.
  • Lors de réductions budgétaires pour trouver des alternatives à un financement centralisé.
  • Lors de l'établissement du budget d'un projet, afin d'évaluer l'impact design dans le coût total.

Comment l'utiliser ?

étapes

On trouve trois catégories de financement :

  • Les sources internes :

    • Le financement centralisé par l'organisation intègre les effectifs design. Le positionnement dépend fortement du type d'industrie. Le budget design est intégré au budget global.
    • Le partage de coût entre fonctions répartit le budget design (par exemple entre le marketing et l'engineering).
    • Le centre de profit est un mode de financement semi-autonome où le design se gère lui-même. Une ligne budgétaire est créée.
    • Le financement hybride est un modèle décentralisé qui permet de déléguer le financement des équipes design dans les business units tout en conservant un lien avec un département (ou service) design central.
  • Les sources externes :

    • La banque publique d'investissement (BPI) permet à des entreprises d'accéder au financement de leur activité design.
    • Le crédit impôt recherche supporte l'effort d'innovation.
    • Le crowdfunding est un mode de financement participatif qui repose sur la capacité de mise en réseaux d'Internet.
    • Les concours de design sont l'ultime moyen d'obtenir un support financier souvent aléatoire.
  • Les sources partagées ou mixtes :

    • La collaboration avec un client.
    • La collaboration avec un fournisseur : souvent utilisée pour permettre la première application d'une technologie émergente.
    • La collaboration avec un concurrent : accords de partage sur la propriété intellectuelle par exemple.

    Méthodologie et conseils

    • Les financeurs externes seront d'autant plus convaincus par un projet si l'organisation le finance déjà en partie ; elle doit démontrer qu'elle investit et " croit " à la réussite du projet.
    • Le porteur officiel est important tant en interne qu'en externe pour des questions de légitimité.
    Avantages
    • La multiplicité des business modèles permet la transformation de l'organisation en réponse à son évolution souhaitée.
    Précautions à prendre
    • Le design manager doit maîtriser le langage financier pour peser dans la négociation.
    • Il doit être rigoureux dans la déclaration de ses besoins, et ne doit pas les sous-estimer au risque de réduire la perception de sa valeur propre.

    Comment être plus efficace ?

    Structuration de la fonction design et enjeux internes de financement

    Si les sources de financement peuvent être externes, il est attendu tout de même qu'une entreprise assume significativement le projet design. Et cela peut retenir une entreprise quand on constate que les budgets peuvent être importants. L'étude sur l'Économie du Design (2012, p. 50) indique que les entreprises de leur échantillon ont pour moitié un budget de design global de 11 000 €, sachant que certaines dans l'industrie lourde et l'agriculture, par exemple, en ont un de 17 000 €, voire de 70 000 € dans les services et la construction. Cela dépend de la nature du projet (produit, packaging, graphisme, etc.).

    Concrètement, l'entreprise finance les charges salariales, les coûts de structure, les ressources complémentaires éventuelles (consultants, freelance), les frais matériels (maquettages), logiciels (outils de représentation) et les autres coûts variables tels que les déplacements lors de réunions sur les projets. Le positionnement du design dans l'entreprise pose la question de son financement (qui a les moyens ?), mais également de sa valorisation (qui l'utilisera au mieux ?). De ces réponses dépendra l'origine du financement interne.

    Le financement centralisé indique que le design est rattaché à une autre fonction qui assume tous les coûts et frais annexes au design. L'équipe design répond aux sollicitations selon ses capacités et celles de la fonction de référence. Ce modèle est sécurisant mais lie le destin du design à une autre fonction (souvent engineering). En outre, il rend parfois difficile le développement de projet en dehors du cadre imposé.

    Le partage de coût facilite la synergie des équipes, et offre l'avantage d'optimiser les ressources design pour tenir compte des variations d'activité au cours de l'année. Elle crée un équilibre efficient, en procurant une plus grande diversité de projets au design. Elle demande cependant un effort supplémentaire de gestion et de planification des besoins et de l'activité. Elle impose aussi un accord long-terme entre les fonctions impliquées.

    Le centre de profit (ou business unit) témoigne de l'autonomie du design. Il autofinance son activité au travers de contrats avec les autres centres de profit de l'entreprise. Ces contrats durent le temps d'un projet ponctuel ou s'étendent sur l'année. Un taux horaire est fixé, un volume d'activité est défini par trimestre par exemple, et le montant correspondant au budget est transféré vers cette B.U. L'inconvénient est la dépendance de la B.U. aux projets des autres B.U. L'avantage est la responsabilisation en vue d'augmenter l'activité du design. Par exemple, le design peut chercher à mixer et solliciter d'autres sources de financement.

    Le financement hybride consiste à déléguer le financement des équipes design dans les autres B.U. tout en conservant un lien à une organisation design centrale. Cette organisation par projet différencie le fonctionnel et l'opérationnel dans la relation hiérarchique du designer, ce qui est parfois compliqué à gérer. En revanche ce modèle permet de tirer le meilleur parti de sa ressource design sans avoir à gérer une ressource dans un domaine peu maîtrisé.

    EXEMPLES de financement par le crowdfunding


    Ce nouveau mode de financement consiste à solliciter " la foule " dit autrement des " bakers ", pour financer des projets. C'est un financement participatif. En 2014, en France, le gouvernement a autorisé les particuliers à investir jusqu'à un million d'euros dans une entreprise. Trois modes existent : (1) le don contre don : par exemple, le site de My Major Company propose au donateur de participer à la production de l'album d'un artiste et reçoit un CD en exemplaire, (2) le prêt participatif avec une rémunération et (3) le crowdfunding capitalistique pour lequel l'individu acquière une part du capital de l'entreprise. Les plateformes sont spécialisées : (1) pour le don : Ulule (projets créatifs, solidaires et innovants), Kiss Kiss Bank Bank, (2) pour le prêt participatif : Prêt d'union, et (3) pour le capital : Anaxago, Wiseed, Smart angels. Certaines plateformes sont dédiées à des secteurs. MeetMydesigner est utile aux jeunes créateurs de mode pour récolter des dons et vendre leurs produits directement ; le backer se transforme en fashion-angel. La plateforme Kickstarter, quant à elle, vise des secteurs de l'industrie créative comme la bande dessinée, le design, la nourriture, les jeux, la technologie, etc.

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