CSRD-éception. Et maintenant, on fait quoi ?
La CSRD s'affaiblit, mais notre responsabilité reste entière. Sans contrainte réglementaire, place à l'engagement volontaire, stratégique et éditorial. Et si le rapport de durabilité devenait enfin le levier de communication le plus puissant de l'entreprise ?

Par Élisabeth Donetti, Directrice conseil, agence Sequoia, NETMEDIA Group
Le 24 janvier dernier, les députés européens votaient le report des directives sur le reporting de durabilité. En bref, un gros coup de froid sur la CSRD, le sujet sur toutes les lèvres de la planète business il y a à peine un an, rappelons-nous. Une éternité en réalité depuis que l'IA a déboulé en force dans nos open spaces. Alors, oui, on a la nette sensation que la CSRD est désormais reléguée dans la catégorie "non-sujet" dès lors que le nouveau texte a retiré 80 % des entreprises initialement concernées et repoussé de deux ans la publication des rapports de durabilité.
Ça transpire chez beaucoup le grand "ouf" de se débarrasser de ce "bord... sans nom", qui soit échapperont purement et simplement à la directive et en profiteront pour reléguer le sujet aux calendes grecques, soit rendront une copie "molle", dans ce contexte d'une CSRD reportée, simplifiée et auditée à l'économie.
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Agir comme des acteurs responsables
La CSRD pourtant, rappelons-en la portée : une directive parfaitement alignée avec ce que les entreprises clament à longueur de journée, de rapports, de discours, et que nous, communicants, avions fini par écrire comme des robots dans les éditoriaux des rapports intégrés : "Agir comme un acteur responsable ; s'engager pour un monde moins carboné, plus inclusif, plus citoyen ; concilier performance économique et avenir durable..."
N'en jetez plus. Cette CSRD ambitieuse, dont on est déjà un peu nostalgique, offre la vraie possibilité d'aligner ses paroles aux actes, de mesurer l'impact de ses activités, de repenser sa stratégie, son modèle, sa feuille de route, son plan d'actions. De construire, une bonne fois pour toutes, ce monde meilleur dont on rêve tous. De faire ce qu'on dit et de dire ce qu'on fait, le message en creux de tous les contenus corporate aujourd'hui. Au final, soit on passe son chemin, soit on laisse filer encore deux ans. Deux ans pendant lesquels la hausse des températures, elle, ne fera pas de report, mais passons.
CSRD affaiblie : une opportunité à saisir
Cette CSRD affaiblie nous laisse à nous, professionnels du contenu, comme un goût amer et nous donne envie de crier à plein poumons, à ceux qui ne sont plus concernés ou qui délaissent gentiment le sujet, de bénir cette décision. C'est parce que le reporting de durabilité n'est (quasi) plus obligatoire qu'il faut s'y engager pleinement, sans la pression d'une date couperet ou d'audits à subir : poser une vraie gouvernance ESG, mettre les données au carré, se lancer dans l'analyse de la double matérialité.
Et prendre conscience que son illustration éditoriale, le futur rapport de durabilité, n'est pas une contrainte mais, bien au contraire, un formidable support de communication, capable à la fois de renforcer la marque, d'inspirer la confiance auprès des investisseurs, d'attirer des talents - notamment des générations Z désormais ultrasensibles aux critères ESG. D'ancrer également une culture en interne et, spécifiquement pour nous, de concentrer le core content RSE des organisations et d'en irriguer pleinement tous les dispositifs et tous les canaux de communication (infographies, témoignages, podcast, vidéos...).
Quelle entreprise peut rêver meilleur outil de com pour affirmer son identité, défendre son projet, légitimer sa stratégie, embarquer ses audiences ? Le meilleur des formats en somme pour défendre le plus engageant des sujets. Et la crème de la crème de nos futures recos. Et ce n'est pas l'IA qui dira le contraire.
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