Chapitre II : Communiquer avec les acteurs du design

Travailler pour créer un nouveau produit amène une entreprise à se rapprocher d'acteurs plus créatifs ce dont elle n'a pas l'habitude.

Or, les professionnels du design peuvent être perçus comme des individus créatifs par nombre de structures, ce qui peut provoquer des malentendus entre les personnes. Instaurer une communication fluide et claire est alors essentiel pour réussir le projet à mener et limiter les conflits potentiels. Comment développer une communication efficace ? Quelles informations sont à transmettre ? Quelle terminologie adopter ? De quoi a besoin le designer pour travailler ? Ces questions méritent une attention particulière dans la gestion d'un projet design en raison du caractère créatif des individus mais aussi du projet en tant que tel.

Qualité de la communication avec les acteurs du design

Concrètement, il est attendu de l'entreprise (son dirigeant, son CODIR ou le responsable de projet) plusieurs qualités dans sa communication auprès du designer. Elle doit être claire sur les objectifs intermédiaires et finaux, laisser la place à la discussion et à la contradiction. Il est important de poser des questions au designer : " Comment comprenez-vous notre besoin ? Selon vous, manque-t-il des informations ? Comment reformuleriez-vous nos idées ? " L'écoute est évidemment la bienvenue pour pleinement dialoguer avec le créatif. L'environnement physique doit aussi se prêter à cet échange transparent (éviter la position frontale du face-à-face ou une pièce bruyante et inconfortable). Face une équipe, il s'avère crucial de s'assurer que chacun des membres ait saisi l'ensemble des réponses et des questions. Un temps de parole libre permet souvent aux personnes de demander des précisions, mêmes anodines, sur le projet.

Des outils pour se comprendre

Le dossier 2 a pour objectif d'aider les personnes concernées par le projet design à mieux se comprendre et à communiquer. Les trois premiers outils (outils 10, 11 et 12) détaillent les paradigmes ou schémas de pensée classiques en design. En effet, cette discipline est traversée par différentes manières d'appréhender le monde ; si l'objectif reste le même, les chemins diffèrent sur certains points. Le manager a donc tout intérêt à apprécier le paradigme du designer face à lui, pour déterminer comment lui parler. Cela lui permettra, en outre, de rédiger le cahier des charges (outil 13) en étant conscient de la compréhension que le designer aura de certaines demandes. Par exemple, si l'entreprise a besoin de se différencier sur un marché, un designer davantage ancré dans le fonctionnalisme ne proposera pas les mêmes axes de différenciation qu'un designer plutôt orienté vers le formalisme ou la stratégie. Enfin, la problématique design (outil 14) sera définie distinctement selon chacune des trois approches. Ainsi, ces 5 outils armeront le manager pour décoder le designer, et l'aideront à trouver les mots justes afin de lui transmettre le sens de sa demande. Il pourra aussi les utiliser pour mieux sélectionner le designer avec qui collaborer. En cas de besoin de renouveau significatif dans l'entreprise, il peut être astucieux de changer les modes de pensée en intégrant un designer plus atypique au regard de la culture d'entreprise. Cela suppose, toutefois, une capacité d'auto-analyse de la part de l'entreprise ainsi que l'acceptation de la remise en question critique. Cela s'avère nécessaire lors de crises majeures (perte de part de marché, de leadership, turn-over de personnes compétentes vers d'autres entreprises, etc.).

Pour conclure, ce dossier dresse l'arrière-plan des idées présentes dans le manuel. Nous encourageons le lecteur à se demander au fil de la lecture des autres dossiers comment il déclinerait ces outils vis-à-vis des trois paradigmes et ce que cela impliquerait en matière de cahier des charges et de définition de la problématique design.