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La boîte à outils de la Pleine conscience au travail
Chapitre II : En Pleine conscience de ses sensations
Fiche 06 : Le maître du " Je "
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- Publié le 1 déc. 2017
La boîte à outils de la Pleine conscience au travail
8 chapitres / 56 fichesRetrouver son unité intérieure
En résumé
Le maître du " Je ", c'est notre corps et l'ensemble des sensations qu'il procure. C'est une métaphore créée par les auteures pour nommer l'état interne d'accord avec nous-mêmes et avec le contexte extérieur dans lequel nous agissons.
Souvent, notre corps génère des réactions physiologiques, motrices, mentales et émotionnelles qui ne concordent pas entre elles. Nous nous sentons divisés par ces directions divergentes prises tantôt par une réaction émotionnelle épidermique qui nous chagrine après coup, un jugement sévère qu'on regrette ensuite, etc.
Nous aspirons à retrouver une unité.
Pourquoi l'utiliser ?
Objectif
Qui n'a pas rêvé de se sentir en harmonie, de résoudre ses contradictions internes ou de moins se disperser ? Trouver en soi-même le maître du " Je ", c'est trouver l'état dans lequel nous sommes en parfait accord avec nous-mêmes et avec le contexte extérieur où nous vivons et travaillons. C'est un état sensoriel, où tous nos sens et nos réponses aux stimulations sont accordés à l'unisson.
Contexte
Les contextes d'observation les plus adaptés sont les moments qui précèdent ou qui suivent une activité : un déplacement professionnel, une réunion de projet, un entretien avec son supérieur hiérarchique ou son collaborateur, par exemple.
Comment l'utiliser ?
Étapes
- Notre état émotionnel : sommes-nous en adhésion avec cette activité ?
- Nos pensées, jugements, impressions : sommes-nous en phase avec notre ressenti émotionnel ?
- Notre mobilisation sur l'activité : est-elle facile, évidente, forte ?
- Notre ressenti corporel : sommes-nous " bien dans notre peau " ?
Méthodologie et conseils
Le maître du " Je " n'est ni notre volonté ou notre pensée, ni nos émotions ni nos impulsions réflexes, prises indépendamment, mais un état interne où tout s'accorde en interdépendance, à l'unisson, dans le même sens et nous procure un état de détente et de bien-être.
Chaque fois que nous éprouvons un regret, un doute, une contradiction ou une dispersion, cette métaphore nous rappelle que notre maître du " Je " ne joue plus son rôle d'accorder nos différentes pulsions.
Par exemple, notre raison nous indique que nous devrions nous lever plus tôt le lendemain pour pouvoir terminer un dossier épineux en cours ; le lendemain matin, nous nous sentons fatigués, nous préférons dormir un peu plus : mais qui donc est le maître du " Je " dans ce cas ?
Par exemple, nous nous engageons dans un projet à long terme qui nécessite un investissement fort, mais nous répondons aussi à d'autres sollicitations que nous trouvons motivantes... Nous finissons par nous épuiser ou par renoncer à certains engagements : qui donc est le maître du " Je " dans cet autre cas ?
Avantages
- Le maître du " Je " est une métaphore qui parle à tous ceux qui se confrontent à des moments de dispersion, de contradiction interne, de regret ou de doute.
- Cette métaphore permet de se poser les questions : " Mais qui me dirige en ce moment ? ", " Suis-je en harmonie avec moi-même et le contexte extérieur ? "
Précautions à prendre
- Attention à ne pas confondre le maître du " Je " avec notre volonté ou notre raison ; le maître du " Je " est notre corps 100 % sensoriel, en pleine conscience.
Comment être plus efficace ?
Ce que l'on nomme " Je ", " Moi-je ", " Moi-même ", etc., est en réalité une somme de plusieurs " Moi-je " au sein d'une même personne qui se pense comme un tout.
Quand " Je " est une somme de plusieurs moi contradictoires
Cette personne, qui se pense comme un tout, se sent très souvent en contradiction avec elle-même, dispersée dans de multiples centres d'intérêt ou de préoccupations, hésitante, tiraillée entre ses sentiments et ses obligations... Elle ne sait que choisir, ni comment garder le cap de façon permanente. Souvent, elle est happée par des sollicitations secondaires qu'elle privilégie au détriment de ses priorités, puis le regrette ensuite ; ou bien elle décide de se lancer dans un projet qui semble lui tenir à coeur mais qu'elle remet sans cesse à plus tard.
Se sentant mal avec ses contradictions, sa dispersion, ses regrets, sa procrastination, son indécision, etc., elle en appelle à un autre " moi-je " pour la consoler et la tranquilliser en lui permettant de justifier, amenuiser ou relativiser ses souffrances et ses difficultés. Par exemple, cette personne, après un entretien dont elle ressort mécontente d'elle-même et de ses réponses, visionne a posteriori le film de l'entretien dans sa tête, imagine qu'elle aurait pu répondre ceci ou cela ; et ce " moi-je " qui imagine vient apaiser son insatisfaction... mais en rêve. Et en rêve seulement. Il ne lui permet pas d'être mieux dans sa vie, éveillée au quotidien.
Quand " Je " est à l'unisson
Trouver le " maître du Je ", c'est comprendre que différentes facettes de notre personne sont comme un orchestre sans chef, où chaque instrument de musique joue sa partition à son rythme et avec sa mélodie propre ; parfois c'est harmonieux, parfois c'est discordant.
Quelques exemples de discordance de nos " moi-je "
- Nous sommes en réunion avec des collègues, mais nous pensons à autre chose qui nous emporte ailleurs par l'esprit.
- Nous apprécions beaucoup un collègue, cependant nous n'arrivons pas à trouver un moment à passer avec lui.
- L'image que nous voulons donner de nous est différente de ce que nous sommes au fond de nous-mêmes.
- Par orgueil ou par sens du devoir, nous avons accepté une mission qui ne correspond pas à nos aspirations profondes.
- Nous envisageons une évolution de carrière dans un sens donné, et nous ne mettons rien en route qui aille dans cette direction.
- Nous devons motiver nos collaborateurs et savons très bien que c'est par un contact personnel que la motivation est plus forte pour eux, cependant nous continuons de communiquer par mail.
- Nous savons que notre tendance est à la dispersion, et nous acceptons encore tous les nouveaux projets.
- Nous décidons d'une action pour obtenir de la reconnaissance des autres, mais en notre for intérieur, cette action n'était pas si importante à nos yeux.
- Etc.
TÉMOIGNAGE Dominique Van Laethem
" J'ai la chance de pratiquer le sport et de mener cette pratique jusqu'à l'ultra-endurance, avec l'UTMB
Ultra Tour du Mont Blanc, 160 km avec 10 km de dénivellé, à réaliser en moins de 46 heures.
et l'Ironman de Nice3,8 km de natation en mer, 180 km de vélo, 1 marathon (42,1 km), à réaliser en moins de 16 heures.
Dans le seul objectif de terminer dans le temps imparti, et parce qu'il était particulièrement nécessaire et vital d'être en pleine conscience, instant après instant, ce fut un " terrain exploratoire " de moi-même. J'ai observé en des occasions précises - découragement, douleurs, solitude, hallucinations, épuisement extrême - la nécessité de la permanence dans l'acte, comme seule force de réussite.
Un " maître du Je " a porté cette permanence par l'attention à maintenir un équilibre intérieur et harmonieux de tous mes sens :
- Sens émotionnel pour l'adhésion pleine et entière à l'acte lancé.
- Sens intellectuel pour la clarté de l'image configurée et projetée dans la réalisation de l'acte.
- Sens de la motricité pour l'équilibre, la force et le respect de l'intégrité physique.
- Sens sensoriel pour intégrer le fonctionnement de l'ensemble de ma structure physique et psychique. "