Adblock Plus : quand Google, Microsoft, eBay et Amazon acceptent de payer pour ne plus voir leurs publicités bloquées
C'est l'histoire d'une petite extension que l'on peut aisément installer sur son navigateur Internet. Un programme tout droit sorti de chez Eyeo, une startup allemande d'une trentaine d'employés, et déjà téléchargé plusieurs centaines de millions de fois.
En quelques années, dans un monde où le marché de la publicité en ligne (parfois jugée trop intrusive) représente désormais un peu plus de 120 milliards de dollars, l'extension Adblock Plus est devenue l'un des plus sûrs cauchemars des éditeurs de site Internet (toujours en quête de revenus et d'un modèle économique viable), des annonceurs et des régies publicitaires.
"Nous sommes engagés dans un combat pour sauver l'âme d'Internet face à une industrie qui génère des milliards de dollars", déclarait en 2013 le, décidément très vertueux, PDG d'Eyeo, Till Faida.
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Très vertueux Till Faida? Peut-être pas autant qu'il veut bien le faire croire, car derrière le discours du bon chevalier blanc qui se pare des atours du militantisme anti-pub le plus radical se cache en fait un redoutable modèle économique.
C'est ce que vient de confirmer dimanche 1er février un article du Financial Times. On y apprend ainsi que pour ne plus voir leurs publicités bloquées par l'extension Adblock Plus, et de facto être placés sur "liste blanche", les géants du Net, du commerce en ligne et de l'informatique que sont Google*, Amazon, eBay, et Microsoft aurait accepté de payer des sommes considérables à la startup Eyeo.
30% des revenus publicitaires additionnels
"Une entreprise du numérique, qui a demandé à ne pas être nommée, a affirmé qu'Eyeo avait demandé une rémunération équivalente à 30% des revenus publicitaires additionnels qu'elle réaliserait en étant débloquée", écrit le Financial Times.
A l'aune de cette manne financière l'éditeur de l'extension Adblock Plus semble être promis à un avenir radieux. Mais c'est certainement sans compter sur les éditeurs de site Internet, et les grands groupes médias qui ne voient pas d'un très bon oeil une énième amputation de leurs revenus.
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En Allemagne, en juillet 2014, des acteurs comme ProSiebenSat1, RTL ou Axel Springer, ont ainsi décidé de poursuivre Adblock Plus, dont ils contestent tous la légalité, devant la Cour de Munich.
En France, le Geste, une organisation qui réunit les professionnels, éditeurs en ligne, tous horizons confondus (médias, vidéo, musique, jeux, ou encore petites annonces et enchères), plancherait actuellement sur la mise en place de solutions que l'on pourra juger, ou non, novatrices pour l'Internet de 2015, comme la création d'un abonnement mensuel pour les lecteurs souhaitant se passer de publicités.
* 66 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2014 dont près de 90% lié à la publicité en ligne
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