Emmanuel Faber écarté de la direction générale de Danone
En poste depuis 2017, Emmanuel Faber prônait un capitalisme libéré. Sa politique n'a cependant pas eu l'air de plaire aux actionnaires qui ont exigé qu'on le destitue des pleins pouvoirs à la tête de Danone.
C'est donc lundi soir que la décision est tombée lors du conseil d'administration. Les postes de président et de directeur général de Danone seront désormais complètement distincts. Dorénavant président du conseil d'administration, Emmanuel Faber sera chargé des orientations stratégiques.
" Une crise historique "
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Deux fonds d'investissements "activistes" ont récemment rejoint le géant de l'agroalimentaire à la faveur d'une baisse de l'action. Dès leur arrivée, Artisan Partners et Bluebell Capital Partners ont dénoncé des performances financières décevantes et exigé un départ du Pdg.
En effet, en 2020, Danone affichait une rentabilité inférieure de quatre points par rapport à celle de ses principaux concurrents (Nestlé affichant un rendement à 18%). Son résultat opérationnel courant était en retrait de " presque 14% " et sa marge opérationnelle était en baisse à 14%, comme le précise la journaliste des Echos spécialiste de l'agroalimentaire, Marie-José Cougard.
Elle va même jusqu'à qualifier la situation dans laquelle se trouve l'entreprise de " crise historique ". Le secteur de l'eau chez Danone a par ailleurs beaucoup souffert de la fermeture des bars, des restaurants et de la vente nomade.
Les fonds d'investissement ont par ailleurs expressément demandé à ce qu'un nouveau directeur général soit cherché hors de Danone. " Le maintien d'Emmanuel Faber à la présidence aura un effet néfaste sur la compagnie, entravant la capacité du conseil à attirer un bon candidat. À en juger par la réaction du marché, nous ne sommes pas les seuls à avoir ce point de vue. " a soutenu Bluebell dans une lettre adressée au vice-président de Danone.
Stratégie très contestée
Durant son passage à la tête du géant de l'agroalimentaire, Emmanuel Faber prônait une stratégie qui consistait à réorganiser le groupe par pays et non plus par marques.
Elle avait pour objectif de répondre aux attentes des consommateurs à un niveau local. Cette façon de faire laissait dubitatif les actionnaires du groupe connu pour s'être construit sur des stratégies marketing audacieuses. L'effort marketing de Danone a en effet été considérablement réduit depuis l'arrivée d'Emmanuel Faber à la tête de l'entreprise. Les actionnaires auraient en effet préféré qu'il élargisse son portefeuille de marques en se concentrant sur les plus " iconiques ".
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L'ancien PDG se montrait également très soucieux des enjeux environnementaux et sociaux. Il prônait le bio et le local et allait même jusqu'à défendre un capitalisme humain. Ces objectifs doublés d'un comportement que ses partenaires qualifient " d'autocratique " n'ont pas aidé à maintenir le groupe au niveau de ses principaux concurrents.
Si toutes les exigences des nouveaux arrivants n'ont pas été respectées au pied de la lettre, ils ont cependant eu gain de cause en ce qui concerne la séparation des fonctions de directeur général et de président. Malgré cette décision pour le moins radicale, les fonds d'investissements défavorables à l'ancien PDG restent hostiles à son maintien à la présidence de l'entreprise. C'est pourquoi ce mercredi ils ont appelé le conseil d'administration à revenir sur sa décision. " Nous incitons vivement le conseil à revoir sa position " ont-ils écrit dans une lettre adressée au conseil.
Emmanuel Faber bénéficie toutefois d'un peu d'appui. Les syndicats ont en effet exprimé leur soutien à celui qui n'est désormais plus que le directeur de Danone. Depuis quelques jours, le groupe a rebondi de plus de 8%, de quoi rassurer les investisseurs.
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