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La boîte à outils de la Gestion du temps
Chapitre III : Booster sa productivité
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- Publié le 30 nov. 2017
La boîte à outils de la Gestion du temps
8 chapitres / 70 fichesLes trois fils de l'érudit
Il était une fois un homme qui avait passé la première moitié de sa vie à étudier et la seconde à transmettre son immense savoir à ses fils. Il rêvait pour eux des distinctions qu'il n'avait pas pris le temps de rechercher pour lui-même. Les deux aînés aimaient l'étude autant que lui, mais le benjamin était d'une autre nature. Sa mère n'ayant vécu que peu de jours après sa naissance, il avait passé ses plus jeunes années en nourrice dans la famille d'un charpentier, et s'était lié d'amitié avec son frère de lait. Revenu étudier chez son père à l'âge de raison, il s'échappait dès qu'il pouvait pour jouer avec son ami sous la surveillance de l'artisan. L'érudit se désespérait de le voir gâcher ainsi son intelligence à des occupations futiles.
Il se consola le jour où son fils aîné fut admis au service du prince.
- Fais honneur à mon enseignement, lui dit-il le matin de son départ. Accomplis quelque grand dessein pour que le prince te distingue !
Il se passa un an avant que l'érudit ne se résolût à s'enquérir lui-même de son fils dont il était sans nouvelles. Il fut surpris de le trouver occupé à faire des comptes.
- Comment mon fils, toi qui es si savant, tu es employé à faire des calculs qu'un enfant de dix ans saurait faire ? N'as-tu pas quelque grand dessein à accomplir ?
- Mon père, j'ai l'idée d'un procédé qui permettrait à un seul homme de faire le travail de dix lors de la récolte du blé. Les économies réalisées feraient la fortune du prince.
- Très bien, mon fils, très bien, se réjouit l'érudit. Quand le prince va-t-il te décharger de ces comptes pour que tu te consacres à ce grand projet ?
- Je ne lui en ai pas encore parlé, père. Mon invention n'est pas au point et je manque de temps pour m'y consacrer.
L'érudit rentra chez lui déçu.
Quand son second fils entra au service du prince, il lui donna un conseil.
- Lorsque tu auras quelque brillante idée, va voir le prince sans tarder pour qu'il te distingue !
Il attendit encore un an avant de rendre visite à ses fils. L'aîné faisait toujours des comptes sans que son projet eût avancé. Son frère puîné rédigeait des courriers administratifs.
- Mon fils, pourquoi rédiges-tu ces lettres d'une simplicité enfantine quand tu pourrais faire valoir tes connaissances auprès du prince ?
- Les idées me manquent, mon père. Lorsque je pense à en avoir, mon esprit reste fermé et je ne puis écrire une seule ligne qui vaille la peine.
L'érudit s'en retourna chez lui dépité.
Ce fut enfin au tour du benjamin de rentrer au service du prince.
- Mon fils, fais chaque jour du mieux que tu peux, lui dit son père. Et envoie-moi de temps en temps de vos nouvelles, car tes frères ne m'écrivent pas.
Au bout d'un an, n'ayant encore reçu aucune lettre, l'érudit se rendit une nouvelle fois au palais. Il demanda à voir son troisième fils pour lui reprocher sa paresse. Il fut reçu avec une déférence inaccoutumée et conduit sur le chantier où son fils dirigeait de grands travaux.
- C'est un système hydraulique pour irriguer les cultures en terrasse. Le prince peut ainsi étendre la production de son domaine sur la montagne, expliqua-t-il.
- Comment as-tu fait, mon fils, pour te distinguer quand tes frères sont restés dans l'ombre ? demanda le père étonné de la tournure des événements.
- Je n'ai pas cherché à me distinguer, mon père.
- Quel prodige t'a permis, alors, de réussir là où tes frères ont échoué ?
Le troisième fils de l'érudit réfléchit. Il repensa à son enfance lorsqu'avec son frère de lait il construisait des cabanes. Il revit les planches écroulées de leurs premiers essais et leur enthousiasme à recommencer leur ouvrage. Il se souvint du regard bienveillant du charpentier qui semblait leur dire par-delà leurs échecs " vous réussirez ".
- La confiance, répondit-il.