Magazine de marque : la démarche à suivre
1 Un magazine de marque : pour quoi faire ?
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A en
croire les professionnels du secteur, nombreux sont encore les annonceurs à ne
pas savoir avec précision ce qu'ils attendent d'un magazine de marque. Du but
recherché et de la cible visée découleront pourtant toute la stratégie
appliquée au support exploité et donc toute la spécificité de la relation
entretenue entre la marque et son lecteur-consommateur. Première étape donc :
se fixer des objectifs clairs. A ce titre, et selon l'étude d'Eurostaf sur les
consumer magazines parue en novembre 2001, trois principaux types de magazines
de marque peu-vent être identifiés : le magazine d'image, le magazine
relationnel et le magazine transactionnel, correspondant chacun à des objectifs
de recrutement, de fidélisation et de transformation. Selon que l'on décidera
de s'adresser à des prospects, à l'ensemble de ses clients ou à ses clients les
plus prolixes, la forme du magazine pourra varier du tout au tout. Par exemple,
« plus on s'adressera aux prospects, plus la marque devra être absente,
c'est-à-dire plus l'information devra primer, illustre Edouard Rencker, P-dg de
l'agence Séquoia. Parce que, pour construire une relation avec un individu qui
n'éprouve a priori pas d'attirance pour vous, il faudra fortement attiser son
intérêt. En revanche, plus vous vous adresserez à vos clients, plus la marque
pourra prendre la parole. » Ceci sans jamais oublier un élément clé : le
bénéfice lecteur. « Le consumer ne doit pas prendre sa cible comme un client,
mais avant tout comme un lecteur, rappelle Eric Bentot, directeur de Tagaro !.
Evidemment, derrière, on sait très bien que c'est un client ou un client
potentiel, mais si on ne satisfait pas d'abord son appétit de lecture, alors
l'objectif sera manqué ! » D'où l'importance capitale d'identifier et d'étudier
très étroitement la cible auprès de laquelle on désire communiquer : quelle
est-elle ? Quels sont ses besoins ? Ses attentes vis-à-vis de la marque et de
l'univers de la marque ? Ceci sans oublier une question essentielle : combien
seront concernés par le magazine. Est-ce que ce chiffre sera plutôt de l'ordre
de 10 000, de 100 000 ou d'un million ?
2 Adopter des ambitions à la hauteur de ses moyens
D'un extrême à un autre, le budget
disponible décidera très souvent à la fois de la largeur du lectorat impliqué,
mais également de la fréquence de parution et de la pagination. Le mode de
diffusion étant, quant à lui, déterminé dès le départ par la nature même de
l'entreprise éditrice, les seules pouvant véritablement se permettre de mettre
à disposition leur consumer sur le lieu de vente étant les distributeurs, tels
L'esprit Shopi (31,2 millions d'exemplaires) ou encore Vivre Champion (24
millions d'exemplaires) pour les plus importants (source : "Le custom
publishing en France", Carat Presse, octobre 2001). La perspective du kiosque
restant, quant à elle, assez fortement illusoire. Les autres devront donc se
plier à la distribution par envoi postal. Un mode qui se révèle
particulièrement onéreux, pouvant même parfois atteindre jusqu'à 70 % du budget
total consacré à un consumer ! A 0,30 euro l'affranchissement unitaire pour des
envois pouvant se chiffrer par centaine de milliers, le calcul est rapidement
fait ! Seconde étape essentielle donc : évaluer sérieusement le budget annuel
pouvant être alloué au développement et à l'exploitation du magazine de marque.
En sachant que le financement interne ne constitue bien évidemment pas l'unique
solution envisageable. Des moyens additionnels peuvent venir compléter le
modèle économique adopté, telle que l'ouverture des pages du support à la
publicité. Tous ne peuvent cependant y prétendre. « Si la partie consacrée à la
marque est plus importante que celle consacrée au rédactionnel, pour moi, c'est
non », déclare catégoriquement Luciano Bosio, directeur général adjoint de
Carat Expert. Même réponse si le nom de la marque apparaît directement dans le
titre du magazine. L'alchimie est complexe. Le principal attrait pour les
annonceurs tiers : la cible visée par le consumer bien évidemment, ainsi que le
coût très compétitif du coût par contact. Quant à la question du payant ? Parmi
les professionnels, le débat est encore vif. Concurrence directe avec la presse
kiosque, détournement de la nature même du magazine de marque qui doit être
avant tout envisagé comme un service additionnel de la marque à ses
consommateur... Une chose est certaine : il ne s'agit pas d'un moyen de couvrir
les frais engrangés par le magazine de marque. « La valeur faciale est surtout
symbolique. Ce n'est pas ça qui va apporter sa rentabilité au titre », confie
Karine Sentenac, responsable développement chez Textuel, en charge du magazine
payant Epok . Sur les 500 000 exemplaires diffusés, seuls une centaine de
milliers seraient effectivement achetés par des lecteurs, le reste étant
gracieusement mis à la disposition, en magasin, des adhérents de la Fnac. «
C'est toujours valorisant pour le client d'avoir un prix sur la couverture,
même si le magazine est offert. Le payant permet de se rapprocher des codes de
la presse, pour donner de la valeur au titre. C'est surtout par souci de
crédibilité », ajoute Karine Sentenac. Encore faut-il être en mesure de pouvoir
justifier d'un prix, aussi symbolique soit-il, de par la qualité même du
magazine. Les budgets alloués, selon l'envergure du projet, peuvent donc être
très variés, s'échelonnant de quelques centaines de milliers à quelques
millions d'euros.
3 Pré-testeret post-tester
L'investissement n'est pas négligeable. C'est pourquoi il a besoin d'être
sérieusement mesuré en amont. « Avant de lancer tout appel d'offres, il faut
effectuer un audit préalable !, conseille fortement Franck Simoni, directeur
général de Verbe. Un consumer magazine, par nature, ce n'est pas quelque chose
que l'on arrête au bout de six mois. C'est une décision très engageante dans le
temps. La réflexion de départ doit donc être très sérieusement pesée. N'y allez
surtout pas tant que vous n'avez pas monté un dossier et réalisé toutes les
études nécessaires. Beaucoup de consumers disparaissent au bout d'un ou deux
ans pour la simple raison qu'ils ont été mal conçus au départ. » La phase
préparatoire se révèle donc vitale et peut s'avérer plus ou moins longue selon
la complexité du problème posé. A titre d'illustration, pour un magazine de
marque "significatif", cette période peut aller de trois à six mois, pour un
coût variant de 50 000 à 150 000 euros ! L'agence Textuel conseille même de se
laisser ensuite au moins deux mois pour réaliser un numéro zéro. Tout aussi
important, les post-tests ! Afin de vérifier que le magazine de marque
correspond bien à ce que le lecteur attendait. Mais inutile de le faire dès le
premier numéro. Il faut laisser le temps au titre de s'installer auprès des
consommateurs. Les professionnels conseillent donc de ne réaliser les premières
études d'impact qu'au bout d'un an. De nombreux instituts d'études disposent de
spécialisation en la matière - les agences d'édition ne pouvant être juge et
partie -, tels Ipsos, la Cofremca, l'Ifop ou encore Novacom pour ne citer
qu'eux. L'annonceur pourra demander conseil à son agence d'édition, le critère
de sélection le plus sûr étant très certainement les références de la société
en presse kiosque. Mais il existe également d'autres moyens, relativement
simples, afin d'évaluer l'accueil de son magazine par ses clients : Numéro
Vert, courrier des lecteurs, site internet... « Il s'agit d'outils très utiles
pour prendre le pouls de son lecto- rat sans forcément rentrer dans des
mécaniques d'études extrêmement lourdes », observe Karine Sentenac.
4 Penser cohérence
Un fait d'autant plus crucial que le
magazine de marque se suffit rarement à lui-même. « Ce n'est qu'un des éléments
de construction d'identité de la marque, relève Eric Bentot. Un magazine seul
ne permet pas de vendre. Il faut pour cela qu'il intègre des outils de
reroutage vers une force de vente directe. » Avec un mot d'ordre clé : penser
cohérence, tout aussi bien dans la réalisation du magazine de marque que dans
son exploitation. « La première pierre à l'édifice, c'est effectivement de bien
créer son consumer, de bien le positionner, bien le diffuser, reprend Corinne
Cherqui, responsable éditoriale chez Angie. Mais il faut également savoir le
faire vivre avec tous les autres outils de la marque ! Il ne faut absolument
pas le considérer comme un outil isolé, mais, au contraire, l'associer à tout
ce qui se passe autour, aussi bien niveau de la promotion, que de la publicité,
du site internet, des mailings, des opérations événementielles... Il faut qu'il
y ait des liens avec ces différents éléments et que cela forme un tout
cohérent. Le consumer fait partie intégrante du mix communication. » Il ne
faut donc pas hésiter à le faire évoluer régulièrement avec les consommateurs
et la marque elle-même, sans pour autant procéder à chaque fois à des
bouleversements radicaux. « Une formule vit très bien pendant deux ou trois
ans, poursuit Karine Sentenac. Après, il faut se reposer des questions pour
savoir si le moment est venu de relifter le magazine, réaménager des rubriques,
sans pour autant tout casser. Pour pérenniser une formule dans le temps, il
faut tout de même garder la filiation de départ. Il ne s'agit donc pas de faire
des révolutions sur le titre, mais de procéder à des réajustements progressifs.
» Ceci sans jamais perdre de vue l'élément clé : l'avis du
lecteur-consommateur.
Cinq idées fausses et écueils à éviter
Se tromper de positionnement. Croire que l'on va parvenir à rentabiliser automatiquement son magazine de marque grâce à la publicité. « Si l'on arrive ne serait-ce qu'à couvrir les frais de fabrication grâce à la publicité, c'est déjà très bien », estime Karine Sentenac (Textuel). Croire que les magazines de marque qui marchent le mieux sont forcément ceux qui tirent à des millions d'exemplaires. « Un des magazines les plus sophistiqués du marché, "Maison en Vie" de Leroy Merlin (édité par Textuel, ndlr) ne tire qu'à 250 000 exemplaires, mais des exemplaires ciblés ! », observe Franck Simoni (Verbe). Ne pas maîtriser son fichier clients. « Nous nous sommes déjà retrouvés avec 80 % de doublons avec certaines entreprises ! », confie Eric Bentot (Tagaro !). Prendre le magazine de marque pour un fourre-tout. « Il ne faut pas prendre le consommateur pour ce qu'il n'est pas en essayant d'habiller un catalogue avec un peu d'infos », assure Eric Bentot.