Les bons coups de com de Daan Tech pour vendre son petit lave-vaisselle Bob
La start-up Daan Tech a connu de nombreux déboires pour produire en France son mini lave-vaisselle Bob. Aujourd'hui, six ans après son lancement, ses ventes ont enfin décollé grâce à une stratégie marketing aux petits oignons.
Je m'abonnePlus jamais ! Damian Py, co-fondateur avec Antoine Fichet de Bob, un lave-vaisselle miniature crée en 2016, est catégorique. " Je ne travaillerai plus avec des sous-traitants pour la production. Je préfère garder la maitrise industrielle et gérer la fabrication en interne. Cela va plus vite, cela coute moins cher et c'est beaucoup plus simple ". L'entrepreneur, ingénieur de formation, sait de quoi il parle. Il lui a fallu cinq ans pour lancer Bob sur le marché. En 2018, après dix-huit mois de R&D et une cinquantaine de prototypes, il confie la fabrication de sa première série à S20 Industries, un fabricant d'électroménager de La Roche-sur-Yon. " Le site a fermé au bout de trois mois. Nous n'avions plus de toit et un carnet de 6000 pré-commandes suite à une campagne de financement lancée sur notre site internet. Nous avons du attendre que l'entreprise soit liquidée pour continuer de travailler ". Le bec dans l'eau, il décide de monter sa propre usine, et trouve grâce à une annonce sur le Bon Coin un ancien atelier textile de 3000 m2 à Cugand en Vendée. Après plusieurs de mois de travaux et des financements de Bpifrance et de la région Pays de la Loire, la production (re)démarre à l'été 2020. " " Dès que nous avons pu produire, tout s'est accéléré. Nous avons rattrapé notre retard avec une cadence de 3000 produits assemblées par mois sur la fin 2020 " explique Damian Py, heureux d'avoir pu honorer les commandes passées deux ans plus tôt par ses premiers clients ambassadeurs.
Trois cibles de prédilection
Depuis, la startup a bien grandi. Elle a vendu 35 000 produits en 2021, pour un chiffre d'affaires d'environ 10 millions d'euros, et est devenue rentable en vendant à la fois en ligne, sur son propre site internet (55 %) et chez quelques distributeurs de renom comme Darty ou Boulanger (30 %). Elle entend maintenant conquérir massivement ses trois cibles de prédilection : les étudiants, les jeunes et les retraités, en couples ou en solos, particulièrement séduits par le design de Bob, sa petite taille et son côté écolo (moins de 3 litres d'eau consommés par cycle.) " Nous avons crée une version moins chère et minimaliste, à 289 euros, que nous proposons exclusivement en vente directe, avec la possibilité de payer en plusieurs fois ". Idéal pour les étudiants que l'entreprise arrose sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram où elle compte une communauté de 50 000 followers, et plus récemment sur TikTok, avec des vidéos amusantes. " Le but désormais, c'est de nous faire connaître pour vendre le plus possible de Bob auprès des 35/55 ans et des entreprises, en B to B " insiste le fondateur qui n'a pas hésité à créer le buzz en participant en janvier dernier à l'émission de M6, " Qui veut être mon associé ". " On y est allé pour avoir de la visibilité, en sachant pertinemment que nous ne pourrions pas lever les montants que nous attendions (ndlr : entre 5 et 10 millions d'euros). Nous avons été surpris du deal de 1,5 million d'euros qui nous a été proposé. Nous l'avons refusé mais nous avons profité d'une incroyable vitrine médiatique pour mettre en valeur notre produit ". Culotté mais furieusement efficace ! L'entrepreneur est depuis en pourparlers avec des gros investisseurs pour une levée de fonds " très conséquente " dont il ne peut encore rien dire.
L'argument Made in France à l'international
Car, Damian Py ne le cache pas. Après tant d'années de galère et ce début de succès, il a de grosses ambitions pour Bob, particulièrement à l'international. La startup, déjà présente en Chine, en Corée, au Japon et à Taiwan, mise sur l'argument Made in France pour séduire la clientèle asiatique. " Les produits français sont associés au luxe, à l'art de vivre à la française, ils plaisent ", souligne l'ancien stagiaire de Bpifrance qui, en ce début d'année 2022, assure déjà réaliser 50 % des ventes à l'étranger. Ce chiffre devrait encore décoller dans les mois à venir avec l'arrivée de Bob aux Etats-Unis. Pour poser ses pions sur l'échiquier américain, Daan Tech a participé au dernier CES " Consumer Electronic Show " de Las Vegas début 2022. " Dans ce pays où tout est XXL, nous ciblons les habitants des grandes villes, où les appartements sont petits et chers. Nous y ferons de la vente directe, via la filiale que nous sommes en train d'implanter ". Avec l'idée d'étendre aussi le marché au secteur des camping-car, très développé et dynamique Outre-Atlantique. Pour chaque pays ou continent visé, l'entreprise applique la même stratégie. Elle s'octroie systématiquement les services d'attachés de presse locaux mais toujours francophones. " C'est plus simple et plus efficace. Quand on est arrivé à Las Vegas, les journalistes américains nous connaissaient déjà grâce à une trentaine d'articles ou émissions qui avaient parlé de nous en amont de l'évènement. Cela nous a facilité l'accès au marché ". Dans la foulée du CES, une centaine de pré-commandes a ainsi été lancée.
Nouvelle ligne de produits
Désormais installée dans le paysage industriel, et reconnue comme l'une des dernières marques françaises à fabriquer des lave-vaisselles, Daan Tech va s'attaquer à la diversification produits. Avec toujours la même promesse de miniaturisation et d'innovation. " Nous allons lancer un grille-pain-four, une sorte de mini Thermonix, qui permettra de tout faire, du déjeuner au diner ". La commercialisation est prévue en 2023 mais d'ici là, l'entreprise doit augmenter ses lignes de production et trouver de la place. " Notre site du Cugand va vite devenir trop petit, nous pouvons encore tenir un an mais après nous devrons nous agrandir ou déménager " explique Damian Py, qui réfléchit également au lancement d'un mini lave-vaisselle pour 2025. " Faire du hardware, c'est long, compliqué et très capitalistique. Il faut conceptualiser, tester, produire... Idéalement, pour fabriquer notre futur lave-vaisselle, il faudrait que nous devenions fabricant de moteur électrique ". Un autre métier et un nouveau défi à relever pour la startup tricolore.
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