De #influvoleurs à #desinfluenceurs : décryptage de ce phénomène social media

Comment le hashtag #influvoleurs, utilisé par le rappeur Booba pour qualifier Magali Berdah et les pratiques de certains influenceurs, s'est-il transformé en "phénomène de société" et en phénomène politique ? Pour répondre à cette question, Cision Insight a analysé les messages postés sur Twitter, point de départ de ce hashtag mais aussi d'un autre mot-clé qui en dit long sur la remise en question de l'influence en 2023 : #desinfluenceurs.

#Influvoleurs : de Twitter... à Bercy

Retour sur le contexte. Le hashtag #influvoleurs (ou #influvoleur), est né à l'été 2022 sur les réseaux sociaux. Le 30 juin 2022, l'expression "influvoleurs" - encore sans hashtag - commence à se répandre sur Twitter. Booba lance les hostilités avec un tweet pour inviter sa communauté à signaler les arnaques à un avocat @PKlugman. Il obtient près de 250 retweets et près de 1 500 "j'aime". Le rappeur vise directement Magali Berdah, directrice de l'agence Shauna Event, qui fait du placement d'influenceurs. La polémique intéresse rapidement les médias - en raison de la personnalité des protagonistes, note Cision, jusqu'au point d'orgue de la diffusion du magazine Complément d'Enquête sur France 2, le 11 septembre, consacré au sujet, et qui a réuni en direct 975 000 téléspectateurs. Puis, la sphère politique s'est emparée du phénomène. En a résulté une table ronde organisée à Bercy, en décembre 2022, avec les acteurs du marketing d'influence et le lancement d'une grande consultation publique, en janvier 2023. Une proposition de loi visant à encadrer l'influence est désormais attendue. Un nouveau hashtag a aussi émergé : #desinfluence, en miroir à celui de #deinfluencing lancé sur TikTok aux Etats-Unis.

#Influvoleurs : 217 000 mentions

Depuis la fin du mois de juin 2022, le hashtag #influvoleur a fait l'objet de 217 000 mentions émanant de 58 000 auteurs uniques (60 % d'hommes et 40 % de femmes). Il a généré 984 millions d'impressions pour un reach de 165 millions. Le 15 juillet, Cision note un pic important de mentions du hashtag #influvoleurs (3,6 k), date à laquelle Booba s'en prend directement à Magali Berdah et à ses pratiques dans un post associant "influvoleurs" aux hashtags #arnaquecpf et #dropshipping. Son tweet est retweeté près de 3 000 fois. Le plus haut pic de mentions - 14 000 - est atteint le 11 septembre alors que Booba annonce sur, son compte Twitter, l'émission Complément d'enquête, avec une capture d'écran du post de son journaliste, Tristan Waleckx, qui est RT près de 2 400 fois.

Le hashtag #influvoleurs devient "politique"

Le 12 novembre, entre en scène. Aurélien Taché, député du Val-d'Oise et trésorier du groupe écologiste, poste un message sur Twitter proposant une loi pour réguler l'influence, tout en dénonçant les mauvaises pratiques de Dylan Thiry (ancien candidat de téléréalité de Koh-Lanta). Son tweet est partagé plus de 3 900 fois et recueille 23,8 K "j'aime" faisant de ce dernier le plus partagé sur Twitter.

Les mots-clés associés aux #influvoleurs

Le hashtag #influvoleurs a été cité 163 K soit plus de 20 300 fois par mois depuis juillet. Après #magaliberdha (47 K), #Booba (30 K), #soutienbooba (29 K) c'est #complementdenquete qui affiche 20 000 mentions. Un beau résultat pour une émission diffusée en 2ème partie de soirée, un dimanche soir !

Un nuage de mots clés négatifs

#influvoleurs est particulièrement associé au monde du showbizz et de la téléréalité avec Booba, Magali Berdah, Hanouna, Marc Blata. La connotation est très négative avec #arnaqueCPF, arnaque, dropshipping, victime...

La naissance de la #desinfluence

Le conflit Booba/Berdah a suscité une prise de conscience des utilisateurs des réseaux sociaux - et followers des influenceurs - à surconsommer ou "mal consommer". Si la tendance de #desinfluence et #deinfluencing a émergé sur TikTok outre-Atlantique, les hashtag autour du thème de la désinfluence progressent régulièrement depuis le début de l'année sur Twitter en France. Même si on ne compte qu'un peu plus de 600 mentions elles ont généré 13 M d'impressions, preuve de l'intérêt du sujet.