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One Market : le consommateur français à la loupe

Audipresse et Ipsos décodent les dernières tendances de consommation des Français dans 12 secteurs majeurs. À la clé, une boussole et une foule d'insights destinées aux éditeurs et annonceurs.

Publié par Maud Vincent le | Mis à jour le
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One Market : le consommateur français à la loupe

Lancée par Audipresse et réalisée par Ipsos, One Market offre aux annonceurs et éditeurs une analyse approfondie des comportements de consommation des Français en général et des consommateurs médias en particulier.

Douze marchés à la loupe

L'étude est d'envergure : 12 secteurs et segments de marché et plus de 1300 marques et produits sont scrutés. Au-delà d'une cartographie des principaux marchés, l'enquête fournit une évaluation précise des comportements et des modes de consommation.

Nicolas Cour, directeur général d'Audipresse, a tenu à souligner la robustesse et la rigueur de la méthodologie choisie : "Outre de reposer sur une approche "single source" en se fondant sur les données de l'étude One d'audience de référence de la presse en France, One Market s'appuie sur un questionnaire CAWI de 160 minutes et sur un échantillon One de plus de 10 000 interviews."

L'âge du "faire"

A l'issue de cette plongée sociologique dans les habitudes et opinions des Français, les experts d'Ipsos font le constat d'un consommateur ayant acté d'un passé révolu et qui, conscient de la profonde transformation de la société qui s'opère, veut agir par lui-même tout en "fabriquant" avec ses pairs de nouvelles solutions. Pour 85% des sondés, il faut changer l'organisation et le fonctionnement de la société, relève l'étude. Les changements à l'oeuvre se cristallisent de même que les comportements des consommateurs qui font preuve d'un nouveau pragmatisme : "On entre dans l'âge du "faire" et celui des "collaboratives commons" pour un rapport facilité à la consommation", délivre en substance Françoise Hernaez-Fourrier, directrice du planning stratégique d'Ipsos. Par ailleurs, confronté à un environnement perçu comme difficile et de plus en plus anonyme, les Français sont dans une quête hédoniste et recherchent l''motion et l'authenticité comme le partage tout en affirmant leur propre identité.

La matrice mise au point par Ipsos (cf schéma ci-dessous) incarne cette double tendance : d'un côté "Me Culture" (consommation vécue comme une émotion) qui incarne l'individualisme, la recherche de plaisir, de détente et de pause, de l'autre "Do it Culture" (consommation vécue comme une action) qui traduit le besoin d'agir et de réaliser.

" Me Culture " et " Do it Culture ", les deux " drivers " de la consommation :




"Me Culture"

24% des Français se revendiquent égo-consuméristes mais, dans le même temps, 67 % se déclarent sociables. Le selfie, phénomène de société, est un bon signifiant de cette tendance : instantané de soi-même, il n'a de sens que parce qu'il est social, c'est-à-dire vu et partagé.

À la fois tourné vers lui-même et à la recherche d'émotions intenses, le consommateur cherche à s'affirmer sur un mode énergique et positif (73 % prennent des initiatives et 89 % attendent que les marques les soutiennent).

Enseignement à tirer : les marques se positionnent comme des médiateurs qui mettent en scène l'individu de manière spectaculaire. En transférant le pouvoir aux consommateurs sur un registre ludique, la marque répond à leur attente d'être maître et acteur de leur vie.

Exemple : La campagne "Les pleins pouvoirs" d'Orange s'inscrit dans cette veine.

Par ailleurs, les consommateurs se montrent hédonistes : "se faire plaisir dans la vie" fait partie du top 5 de leurs envies. Malgré les difficultés engendrées par la mutation économique et sociale, 62% envisagent la vie avec optimisme et 62% veulent avant tout profiter de la vie et s'amuser.

Enseignement à tirer : les consommateurs attendent des marques qu'elles les dynamisent, qu'elles leur donnent la pêche et qu'elles mettent des couleurs dans leur vie.

Exemples : Tonique et acidulée, la campagne pour la nouvelle Fiat 500 intitulée "Nouvelle collection 500, Bonheur-à-porter" en juin dernier ou bien encore le spot créatif empreint de bonne humeur d'Eric Bompard, spécialiste de la maille cachemire, baptisée "Good Morning Colors" illustrent cette tendance.

Retour de balancier du culte de la performance et de la recherche à tout prix de la singularité, une autre tendance s'affirme : être cool ! Pour 84% des sondés, la vie personnelle est plus importante que la vie professionnelle et seuls 7% placent l'ambition et la réussite dans leurs priorités.

Enseignement à tirer : les individus attendent des marques qu'elles les aident à ménager des temps de pause.

Exemple : L'opération "La Glande Utile" mise en place par Energizer va dans ce sens.

Finie la recherche de la perfection, les individus réclament le droit à l'imperfection et à la normalité. Ainsi, seulement 4% déclarent la séduction comme une priorité et veulent se différencier des autres, l'important étant de se sentir bien dans son corps (34%) et d'avoir une bonne hygiène de vie (40%). La coopération et la participation prennent largement le pas sur la compétition. La simplicité est une valeur clé pour 92%.

Enseignement à tirer : les marques doivent valoriser l'authenticité, le naturel. À rebours de la sophistication et de la compétition, elles doivent valoriser le bien-être et non la performance, encourager la participation et la collaboration.

Exemples : Le projet "beauties" de Dove qui invite les femmes, via le selfie, à améliorer leur estime d'elles-mêmes en les encourageant à s'accepter avec leurs différences est exemplaire de cette tendance.

La campagne Gap International exploite de son côté le "normcore".

Le succès de la campagne d'Intermarché sur "les fruits moches" s'appuie sur cette volonté de retour à l'imperfection et au naturel.

La qualité au service de la simplicité est un positionnement fort chez des marques agroalimentaires comme Innocent ou Michel et Augustin.


"Do it Culture"

A l'ère des "makers", de la multiplication des fablabs, de la démocratisation de l'impression 3D, le consommateur rentre dans l'âge du "faire". En conséquence de quoi, il attend des marques qu'elles soient concrètes, pragmatiques. Sa confiance envers elles ne tient plus tant au discours que celles-ci développent mais aux preuves qu'elles fournissent. L'attention aux pairs et la volatilité par rapports aux marques est d'ailleurs un fait marquant de l'étude : 63% font très attention aux commentaires des autres utilisateurs et plus de 50 % des clients déclarent ne pas hésiter à changer de banque (53%) ou d'opérateur téléphonique s'ils trouvent mieux.

Les consommateurs plébiscitent une transparence instantanée. La montée en puissance des labels de traçabilité s'inscrit dans cette mouvance.

Enseignement à tirer : les marques sont invitées à jouer la carte du dialogue et de l'information par la preuve, qu'elle soit certifiée par des institutions (labels alimentaires) ou par leurs pairs.

Exemple : La campagne de Fleury Michon sur le surimi #VenezVérifier n'a pas été pensée comme une publicité vantant les mérites du produit mais comme une enquête menée par des blogueurs et des consommateurs.

A l'ère digitale qui contraint l'espace-temps et sociale qui fait de la famille urbaine et dont les deux membres travaillent une norme, le gain de temps est le premier terrain sur lequel les individus attendent des marques qu'elles les soutiennent : 73% des consommateurs se disent organisés, 56% déclarent que l'achat sur internet est un vrai confort tandis que 87% accordent une importance à la proximité du lieu d'achat. De fait, les consommateurs se disent prêts à intégrer le meilleur du digital dès lors que ça leur fait gagner du temps : 1 Français sur 3 fait au moins une fois par mois un achat sur Internet avec livraison à domicile.

Enseignement à tirer : les marques doivent faciliter la vie de leurs clients et leur permettre de consommer de la manière la plus rapide et simple possible. La création de nouveaux services est clé. C'est bien sûr tout l'univers du retail et les stratégies omnicanales qui sont visées.

Exemples : Le déploiement du ibeacon, balise électronique permettant la reconnaissance du client en magasin comme l'a mis en place l'enseigne Macy's aux États-Unis et le développement d'application mobile de géolocalisation indoor comme Les Galeries Lafayette à Paris, ou bien encore le paiement sans contact (intégré au nouvel iPhone6) procèdent de cette démarche. A l'instar également d'ING Direct et de sa campagne autour de "Switching Service" qui simplifie le changement de banque ou bien de Mc Donalds et de son service de commande à distance. La campagne publicitaire de Leclerc pour promouvoir le drive joue pleinement sur la détente et le plaisir que procure le gain de temps.

Les consommateurs apprécient aussi particulièrement les marques bienveillantes qui savent se montrer attentionnées et proches de leurs préoccupations.

Enseignement à tirer : les marques doivent réfléchir au-delà de leur périmètre habituel et dépasser la fonction produit pour proposer de plus en plus de services à valeur ajoutée.

Exemples : L'initiative de Nivea qui a lancé un bracelet connecté pour protéger son enfant à la plage est exemplaire de cette tendance. Andros a, pour sa part, proposé à ses clients une séance de remise en forme suivie d'un petit-déjeuner.

Bien qu'hyperconnectés, les individus sont en recherche de lien social et d'expérience ancrée dans le réel comme si la puissance du digital allait de pair avec la nécessité d'un renforcement de l'humain. Consacrer du temps à sa famille et avoir des amis sur qui on peut compter font partie des premières priorités des Français, note One Market.

Exemple : La campagne de Coca Cola "Social Media Guard" s'appuie complètement sur cet insight pour valoriser l'importance des liens sociaux et prôner une "digital detox".

Enfin, conclut One Market, les consommateurs se montrent friands de co-créations et fervents de pratiques collaboratives. Ils veulent de plus en plus être associés à la marque. 62 % considèrent qu'ils ont une influence forte dans la consommation de leur entourage.

Enseignement à tirer : les marques sont invitées à intégrer le consommateur dans l'ensemble du cycle de vie de leur produit ou service ainsi que les pratiques collaboratives propres à l'économie circulaire (recyclage, récup') et digitale (fablab et impression 3D).

Exemples : Les Galeries Lafayette adoptent cette posture en créant "le vide dressing de grandes marques". Transavia.com, via un partenariat avec eBay, propose aux consommateurs de convertir leurs objets inutilisés en billets d'avion. Intermarché a organisé le premier "Family Troc Day" qui a permis aux parents d'échanger sans dépenser objets et jouets pour enfants.

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