Six étapes pour une opération d'e-mailing réussie
1 Sélectionner sa cible et constituer son fichier
À LIRE AUSSI
- Comment réussir une campagne d'e-mailing
- Bien gérer l'après-campagne
- Lancer une opération de marketing viral
- Comment sont collectées les adresses
- La nouvelle relation entre l'émetteur et le récepteur
- Techdata passe du fax au e-mailing
- Grande échelle et test
- Gare aux mails-bombs et au flaming !
- Comment réussir une campagne d'e-mailing
- Bien gérer l'après-campagne
- Lancer une opération de marketing viral
- Comment sont collectées les adresses
- La nouvelle relation entre l'émetteur et le récepteur
- Techdata passe du fax au e-mailing
- Grande échelle et test
Pour développer les ventes sur son site internet, France Loisirs doit recruter
de nouveaux clients adhérents. Mais, comment trouver des hommes et des femmes
ayant des intérêts pour des produits culturels et forcément plus jeunes que
ceux qui achètent en VPC ou dans les 200 magasins que compte l'enseigne ? «
Notre adhérent traditionnel est plutôt une femme de 42 ans. Notre client sur
Internet est une femme de 34 ans, CSP ++ », raconte Mathieu Guinard,
responsable des partenariats de France Loisirs. Le club de livres, qui annonce
détenir 12 % du marché du livre sur Internet, a choisi d'acquérir des prospects
en louant des adresses e-mails "opt-in" (voir glossaire) à des sites
collecteurs d'adresses (organisateurs de loterie) et à des acteurs
traditionnels, comme Consodata. Les variables socio-démographiques, qui sont
généralement les plus utilisées dans le marketing direct traditionnel, mais
aussi sur Internet, ne sont pas déterminantes pour expliquer la propension à
cliquer. Sauf cas très particuliers, comme l'a démontré une étude de France
Télécom : les habitants de la région parisienne sont ainsi à la fois les plus
gros consommateurs de pages sur Internet et ceux qui ont le taux de clics le
plus faible. Cette première étape d'acquisition de données est sans doute la
plus difficile à mener en raison de l'état d'un marché qui manque encore de
maturité et qui commence tout juste à s'organiser et à adopter des règles
précises de déontologie. Mais ce secteur va évoluer avec les arrivées, aux
côtés des collecteurs d'adresses, des fournisseurs d'accès, comme Wanadoo, mais
aussi de La Poste, et se professionnaliser. Même si certains n'hésitent pas
aujourd'hui à annoncer des bases de 50 millions d'adresses ! Les annonceurs
pourront également constituer leurs bases en utilisant tous leurs supports de
communication qu'ils diffusent traditionnellement à leurs clients et prospects.
« Il faut lister tous les points de recrutement d'une marque, précise Elise
Viguier, responsable marketing de l'agence Duke Interactive, comme les
inscriptions pour recevoir un catalogue, les cartes de fidélité... » Il faudra
veiller aussi à constituer une base cohérente en définissant son dessin
d'enregistrement (champs et formats).
2 Identifier les acteurs du e-mailing
Comme pour le marketing direct traditionnel, il existe
des loueurs propriétaires de leurs fichiers et des brokers. Ce qui différencie
les uns et les autres réside dans la manière dont ils ont récolté leurs
adresses électroniques. « Il y a la catégorie des spécialistes "libres" qui se
basent sur le volontariat des internautes. Ces derniers donnent leurs adresses
en fonction de leurs centres d'intérêt, explique Renaud Chavanne, directeur des
études de Digital Business Survey, groupe de communication spécialisée dans
l'économie de l'Internet. Les spécialistes "contraignants" lancent des
programmes d'e-mail marketing rémunérés, tandis que les "opportunistes" créent
des bases avec des jeux et des services qui obligent les internautes à recevoir
des e-mails marketing. » Les fonctions des routeurs sont multiples et leur
positionnement n'est pas toujours identique. Certains se chargent des
opérations de déduplication et de nettoyage des adresses avant de réaliser les
envois, puis gèrent le suivi de la campagne en mettant à jour la base de
l'annonceur (désabonnements, modification des profils) et en réalisent le
reporting (nombres d'e-mails envoyés, taux de bounce, taux de retour, etc.).
Digital Business Globe les classe en quatre catégories : les
"mono-spécialisés", comme E-Mail Vision (voir page 82) ; les "complémentaires"
qui ont commencé par des envois de fax (Xpedite, I-Medi...), les spécialistes
de newsletters (Messagizer, Net2On...) et les spécialistes de la gestion de la
relation client sur Internet (Snarx, Aims Software...). Mais il est conseillé
de ne pas mélanger les rôles. Déduplication et routage, par exemple, sont deux
métiers différents. « Nous réalisons nos campagnes avec un seul déduplicateur
et un routeur unique, explique Mathieu Guinard. Jusqu'à il y a peu, nous
passions par des loueurs de bases pour les envois, mais cela représentait des
interlocuteurs trop nombreux et donc une perte de temps. »
3 Mettre en place les ressources humaines
Trop souvent, les
campagnes d'e-mailing sont lancées à l'aveuglette. Internet fera partie du plan
médias, parfois recommandé par la centrale d'achat d'espace, mais l'annonceur
n'aura pas mobilisé ses ressources en interne pour gérer les retours ou
s'assurer de la cohérence entre ses différents supports de communication. «
Tous les acteurs directs ou indirects doivent être impliqués car l'on entre
dans une stratégie de marketing relationnel, avec un dialogue entre
l'internaute et l'entreprise, affirme Philippe Simonetti, directeur marketing
de Cabestan, fournisseur de solutions technologiques. Il faut aussi s'assurer
que, si l'on propose un produit tangible, il soit encore en stock ! » « Une
campagne d'e-mailing a un impact sur l'organisation de l'entreprise, indique
Elise Viguier. Il faut gérer les e-mails et assurer leurs réponses, vérifier la
cohérence avec le plan marketing, gérer le service après-vente et les retours
de produits sur un site d'e-commerce, mais aussi veiller à établir une charte
éditoriale et graphique, tout en n'oubliant pas les fonctions liées à
l'informatique et les coûts financiers de l'outil d'envoi et de tracking. »
Elise Viguier estime que la conception, la mise en place et l'analyse d'une
campagne mobilisera ainsi une personne à temps plein dans l'entreprise.
4 Créer son message
Si les annonceurs doivent
obligatoirement se doter de solutions techniques ou faire appel à des
spécialistes du routage, ils peuvent créer leurs messages en interne, en
respectant des règles de base ou s'appuyer sur des agences de marketing
opérationnelles spécialisées ou non sur Internet. On privilégiera plutôt les
envois en mode multipart, permettant d'adapter automatiquement le format à la
messagerie de l'internaute, avec une création respectant les codes graphiques
de la marque. Le message doit être suffisamment clair et concis dès son
introduction car, selon le cabinet Jupiter Communication, 51 % des internautes
lisent uniquement les premières lignes et décident ou non de continuer, et
seulement 15 % d'entre eux lisent entièrement un message. « Nous rappelons
toujours en tête de l'e-mail avec qui nous nous sommes associés, explique
Mathieu Guinard. Comme, par exemple, avec Milkado qui a fourni le fichier, et
dans le but de "vous faire profiter d'une offre exceptionnelle". Le message de
désabonnement est toujours apparent dans le corps du message. Lorsque la
personne a reçu son e-mail, qu'elle a cliqué sur le lien, puis sur l'offre,
elle peut alors remplir un formulaire au troisième clic et devenir adhérente à
notre Club. Généralement, nous obtenons avec ces opérations des taux de clics
de 5 à 10 %, contre 0,6 % pour les bandeaux publicitaires. Et les taux de
transformation ont parfois atteint 20 %. »
5 Calculer le coût d'une campagne
Selon l'agence Duke, les principaux coûts
financiers d'une campagne se divisent en sept postes : création du mail,
location de la plate-forme d'envoi, hébergement des données, développement des
mails selon les formats (multipart, vidéo), encodage sur utilisation de la
vidéo, envoi dans les différents formats et enfin, analyses de la campagne. Le
coût moyen d'une campagne d'e-mailing personnalisé est d'environ 0,5 à 1,10 €
par client (source Message Media, février 2001) à comparer aux 1,5 à 3 €
(télémarketing) et 1 à 1,5 € (mailing papier). Elle est donc 50 à 80 % moins
chère qu'une campagne de marketing direct traditionnel. Mais ces chiffres ne
prennent en compte que les coûts d'envoi et doivent être affinés en fonction
des taux d'ouverture, de clics et des taux d'inscription et d'abonnement à un
site après l'opération (entre 2 et 5 % suite à un e-mail promotionnel, selon
Jupiter Communication).
6 Connaître les aspects juridiques et déontologiques
Depuis juin 2001, une directive européenne interdit
l'utilisation des données personnelles d'un internaute sans l'accord préalable
de ce dernier. Et mieux vaut respecter des règles strictes pour pérenniser ses
actions marketing. Une étude américaine aurait calculé qu'au rythme actuel, le
nombre de spams passerait de 40 par personne et par an, en 1999, à 1 600 en
2005. Tous les acteurs sont concernés. Plusieurs associations et syndicats ont
déjà instauré leurs codes de déontologie. La Fedel (Fédération du
divertissement en ligne) impose des contraintes et des garanties sur les
sorties de fichiers (pour les dédupliquer, externaliser l'hébergement ou céder
des données). « Nous n'empêchons pas la sortie des fichiers car les annonceurs
font de plus en plus appel à des tiers de confiance pour les dédupliquer ou les
faire héberger, raconte Ouriel Ohayon, responsable de la Fedel et responsable
marketing de Ludopia Interactive. En revanche, nous imposons de le faire avec
des partenaires sérieux, garantissant la sécurisation des données, donnant des
garanties au niveau de la réutilisation. Les clauses sont stipulées dans nos
contrats et assorties de clauses pénales pouvant aller jusqu'à un million de
francs de dommages et intérêts. Dans le cas de cession de données, nous
recommandons de ne le faire qu'avec l'autorisation expresse de l'internaute. »
Cette dernière recommandation est également incluse dans le récent code de
déontologie du Syndicat National de la Communication Directe (SNCD), qui
qualifie de "collecte déloyale" une cession de fichier sans information
préalable de l'internaute. Ce code, établi en décembre dernier pour faire face
au vide réglementaire en matière d'e-mailing et selon le souhait des autorités
publiques, nationales et européennes, veut contribuer à favoriser le marché du
e-mailing. « La sensibilité du traitement des données à caractère personnel et
l'effet spam ont entraîné jusqu'alors une certaine frilosité des annonceurs à
utiliser l'e-mailing comme le véritable média de communication commerciale
qu'il peut devenir », a expliqué Chantal Sellier, présidente du SNCD, lors de
sa présentation. Concernant la collecte directe, seules les techniques d'opt-in
et d'opt-out strictement encadrées par des principes de transparence et par les
formalités d'usage (déclaration à la Cnil, demande d'autorisation, protection
des données sensibles, protection des mineurs) sont recommandées par le
Syndicat. Qui préconise également que les internautes soient "acteurs", lors de
la collecte de leurs coordonnées, sur la possibilité de recevoir ou non des
sollicitations par e-mail. « Cette alternative, ajoutée au corps du formulaire,
pourra se faire soit par une formule opt-out, soit par une formule opt-in, à
condition que celle-ci soit claire, compréhensible, transparente, et fasse
référence aux mentions légales », a également précisé Fabienne
Giesbert-Granovsky, présidente de la Section Déontologie du SNCD. Les
annonceurs et courtiers doivent, avant toute utilisation des données
personnelles, vérifier la légalité et la loyauté de leur collecte. Enfin, les
prestataires (SSII ou routeurs) s'engagent à fournir au responsable du
traitement toutes les demandes de désinscription, les adresses pour lesquelles
le message n'a pu être délivré, les changements de centres d'intérêt, les
réponses spontanées, les demandes d'accès, de modification ou de suppression.
Autre précision utile : les e-mails ne doivent pas dépasser 30 Ko, et l'envoi
de pièces jointes est déconseillé afin de limiter la propagation des virus. Ce
code de déontologie est téléchargeable sur le site www.sncd.org.