Disparition d'André Rousselet
L'homme aux multiples facettes, à la fois proche de François Mitterrand et fondateur de Canal+, s'est éteint le 29 mai à l'âge de 93 ans.
Je m'abonne"L'esprit Canal est mort" résonnait déjà dans les conversations. Le 29 mai, c'est son fondateur, André Rousselet, qui disparaissait. Né le 1er octobre 1922 à Nancy, ce dernier avait évolué dans différents milieux (politique, affaires, communication) avant de participer au lancement de la première chaîne privée à péage française : Canal+.
De la politique aux médias
Magistrat de formation, André Rousselet débute sa carrière comme sous-préfet en Ariège, avant d'être repéré par l'entourage de François Mitterrand, alors ministre de l'Intérieur. Nommé chef de cabinet adjoint en 1954, il officiera entre autres comme député à l'Assemblée nationale et directeur de cabinet à l'Élysée et conservera sa relation privilégiée avec l'homme politique, dont il est l'exécuteur testamentaire.
Il se tourne vers le monde des affaires en 1958, en intégrant le constructeur automobile Simca. Alors qu'il travaille au service des relations extérieures, il propose le rachat de la compagnie de taxis G7, dont il prend la tête. Grâce notamment à la création du central-radio (qui met en relation chauffeurs et clients) et d'acquisitions (Taxis Bleus, Les Abeilles), André Rousselet met en place l'empire G7, aujourd'hui présidé par son fils Nicolas Rousselet.
Dès 1982, François Mitterrand, devenu président de la République, fait part de son souhait d'une quatrième chaîne à domination culturelle. Le projet atterrit entre les mains du groupe Havas, dont André Rousselet accède à la présidence en novembre 1982 (jusqu'en 1986). Malgré les difficultés de lancement d'une quatrième chaîne télévisée, le projet Canal 4 (nom d'origine) prend forme. Il est 8 heures le 4 novembre 1984 lorsque André Rousselet appuie sur le bouton qui permet aux 186000 abonnés fondateurs de visionner "L'As des as", premier programme à être diffusé sur la toute nouvelle chaîne. En 1994, il quitte de la présidence de Canal+, poussé vers la sortie suite à la prise de contrôle du groupe par la Compagnie générale des eaux (aujourd'hui renommée Vivendi) et la Société Générale. Une manoeuvre qu'il dénoncera dans l'article "Edouard m'a tuer" (en référence à Edouard Balladur, qu'il accuse d'être l'instigateur) publié dans Le Monde.
Par la suite, il entre au capital d'un jeune quotidien, InfoMatin, qui déposera le bilan moins de deux ans plus tard, en janvier 1996. Auparavant, André Rousselet s'était déjà essayé à la presse écrite : en 1976, il lançait l'hebdomadaire Sports Magazine, dont la parution cessera rapidement.