Six conseils pour bien bâtir un système d'information marketing
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Dimitri Dagot (Impiric Interactive)
: "Il est important de rédiger un
cahier des charges en partant des besoins fonctionnels des utilisateurs"
1 Bien définir et planifier son projet
A quoi sert
un système d'information marketing ? Première des priorités, avant de monter
son cahier des charges : définir en interne, ou à l'aide de consultants
externes sa stratégie de marketing relationnel. Passée cette étape, il faudra
bâtir un plan d'action sur trois pôles. Le pôle population pour recenser les
individus, le type de produits et de communications à intégrer au sein de la
base, le pôle campagne pour indiquer tous les types de campagnes marketing à
exécuter, leurs fréquences et quantités, le type de données à utiliser. Quant
au pôle études, il permettra de définir l'architecture technique et
fonctionnelle pour dimensionner les plates-formes à mettre en place : quels
sont les canaux de vente à connecter à la base, les types d'accès, les
réglementations liées à la location d'adresses, la volumétrie métier de la
base... ? « Il est important de rédiger un cahier des charges en partant des
besoins fonctionnels des utilisateurs », précise Dimitri Dagot, directeur
général d'Impiric Interactive. A charge au prestataire répondant de définir la
solution technique la plus adaptée aux contraintes d'exploitation de
l'entreprise. Autres éléments importants qui doivent figurer au sein du cahier
des charges : la définition des règles de gestion (priorités d'intégration des
canaux de vente, cohérence et fiabilité des données à intégrer...). Enfin, il
ne faut pas oublier de réfléchir à l'organisation à mettre en place pour
supporter son nouveau système d'information marketing. Selon la taille de
l'entreprise, l'élaboration du cahier des charges peut prendre entre 20 et 200
jours/hommes. Pour la planification du projet, la première des règles est
d'adopter une démarche itérative et de privilégier dans un premier temps la
mise en oeuvre des fonctions prioritaires de son SIM. Si l'entreprise n'a pas
d'expérience en termes de base de données marketing, le passage par une phase
pilote sur un projet clé (lancement de nouveaux produits) est incontournable.
Objectif : bien intégrer le projet dans l'entreprise et accompagner la
nécessaire conduite du changement auprès des utilisateurs. Pour une entreprise
qui dispose déjà d'un historique relationnel, c'est l'étape de reprise de
l'existant qui sera la plus difficile à mener. « La reprise des données
implique un gros travail de reformatage et de normalisation. S'en suivra la
reprise de tous les traitements pour intégrer et extraire les données de la
base. Pour terminer enfin sur la reprise de la communication avec les tierces
parties (sociétés spécialisées dans la saisie, le routage, la gestion des
envois...) », explique Laurent Dahan, consultant chez Acxiom. La disponibilité
et l'implication de l'entreprise permet par ailleurs de participer grandement à
l'accélération du projet.
2 Intégrer tous les canaux de vente au back-office
« Il est important de définir en amont, dès la
rédaction du cahier des charges, une stratégie d'intégration multicanal
impulsée par la direction générale, et ce, à fin de mettre tout le monde
d'accord sur la coordination des canaux de ventes et des services », constate
Didier Perraudin, directeur commercial de Marketic. Passée cette réflexion
organisationnelle, il faudra s'attacher à définir des règles de cohérences de
communication et de marketing (par exemple, prioriser un canal sur un
autre...).
François-Xavier Ousselin (ETO Basalt)
: "Plus les données seront
standartisées en entrée et plus leur accès en sera facilité"
Autant de règles qui donneront une meilleure visibilité au client. Il est en
effet toujours désagréable de se voir proposer un prêt bancaire à un taux
différent sur le Web ou par téléphone, et que dire des compagnies aériennes qui
ne présentent pas le même tarif selon que l'on réserve par Minitel ou via un
Numéro Indigo ! Seule la mise en place d'une structure transversale fédérant
les différents canaux de vente permet d'en favoriser l'intégration au sein d'un
système d'information unique. De même, les systèmes de marketing automation
permettent de consolider toute l'historique clientèle et les types de
communications. Le but : que le client soit reconnu une seule fois par tous les
canaux, du siège à l'agence. Pour les entreprises, le maillage inextricable de
tous ces canaux de vente à intégrer fera donc les beaux jours des éditeurs
d'outils middleware, de logiciels de marketing automation et des intégrateurs.
Le nouveau défi sera de réaliser toutes ces interactions en temps réel, pour
que la donnée, quelle que soit sa source, soit reconnue et enrichie
immédiatement dans la base.
3 Evaluer le niveau de données à intégrer dans la base
« Une base de données marketing sert avant
tout à mieux connaître ses clients et à les fidéliser, il ne sert donc à rien
de détourner le système pour gérer ses prospects », souligne François-Xavier
Ousselin, directeur associé d'ETO Basalt. Au sein d'une base d'études
marketing, on ne retiendra que les données pertinentes et capitales. Le plus
difficile étant de déterminer la pertinence ou non de ces données. Ce sont
typiquement les informations permettant de faire du scoring et de la
segmentation.
Jack Mandard (Compubase)
: « la meilleure manière d'évaluer les données
à saisir dans la base, c'est d'établir des classements des informations par
degré de pertinence : importantes vitales (adresse, contact, téléphone, numéro
de Siret), vitales (typologie, classe, activités, effectif) et de laisser
tomber les autres qui ne serviront qu'à ralentir les processus d'analyses en
amont »
De même, l'historique de communication est fondamental, puisqu'il permet de
déterminer les clients existants et perdus, et de réaliser en amont des
analyses prédictives. A contrario, une base marketing socio-comportementale
devra être la plus exhaustive possible pour mener des analyses plus fines en
matière de gestion de la relation client. Pour Jack Mandard, P-dg de Compubase,
« la meilleure manière d'évaluer les données à saisir dans la base, c'est
d'établir des classements des informations par degré de pertinence :
importantes vitales (adresse, contact, téléphone, numéro de Siret), vitales
(typologie, classe, activités, effectif) et de laisser tomber les autres qui ne
serviront qu'à ralentir les processus d'analyses en amont ». A charge de
l'entreprise de bien estimer le type de données qu'elle souhaite intégrer par
rapport à sa stratégie de GRC multi ou mono canal.
4 Définir des segmentations pour optimiser sa relation client
Plus la base de
données est exhaustive, plus il est important d'utiliser de puissants outils de
segmentation pour faire du profiling et optimiser ses opérations de
fidélisation.
Alexis Sordet (Infoxia)
« La segmentation doit permettre de réaliser un nombre important de croisements
entre les données de la base, pour visualiser les types de populations ciblées
et analyser leurs comportements d'achats », explique Alexis Sordet, P-dg
d'Infoxia. D'une manière générale, les entreprises mettent de côté leurs
stratégies marketing de masse pour s'orienter vers du marketing personnalisé,
d'où l'importance de bien réaliser ces segmentations sur un nombre de critères
très importants. Car le comportement d'achat d'un client peut se baser sur un
critère, qui peut sembler sans importance
5 Faire vivre sa base de données
Ce n'est pas tant l'accès à la BDDM qui pose aujourd'hui
le plus de problèmes, mais plutôt la manière d'intégrer des données émanant de
sources et de formats différents (télédisquette, bandes, cartouches, transferts
de fichiers...). « Plus les données seront standardisées en entrée et plus leur
accès en sera facilité », explique François Xavier Ousselin. D'où l'intérêt de
l'XML - Extented Markup Langage -, un nouveau format d'échange normalisé pour
l'Internet qui permet de définir des schémas de données (DTD) et d'associer ces
schémas aux données ou à leurs représentations à l'écran via un explorateur. En
standardisant cette intégration des données, l'XML permet aussi aux
intervenants internes et externes de la base de faire plus facilement des
requêtes via le protocole SOAP (Simple Object Access Protocol) sans utiliser
des requêtes propriétaires sur SQL Server. Pour mieux répondre aux attentes des
clients, la mise à jour régulière de la base est aussi un passage obligé. La
fréquence des mises à jour dépendra de la volumétrie de la base, mais aussi de
la périodicité de collecte des données. Alors que le département marketing se
chargera de la mise à jour fonctionnelle des données, l'informatique s'occupera
de la mise à jour physique et structurelle. Faut-il encore que ces deux
départements travaillent ensemble en totale synergie ! De même, les entreprises
qui disposent de mégabases de données pourront faire appel à des sociétés
d'hébergement comme Acxiom et AID pour les aider à restructurer, normaliser et
nettoyer leurs données. « Il est important de pouvoir renseigner sa base en
temps réel pour optimiser les opérations de segmentations et de scoring »,
assure Laurent Dahan. Grâce à son service de CDI (Customer Data Integration),
les clients peuvent accéder en temps réel à son système Infobase pour écrémer
les mauvaises données de leurs bases (doublons de saisies, NPAI...) et
optimiser ainsi leurs opérations de mailing. D'autres prestataires comme
ConsoList et Compubase proposent, moyennant un abonnement, de remettre à jour
les bases de données à partir de leurs propres bases, sur simple validation
téléphonique ou par Internet.
6 Donner un sens aux données
Si la BDDM est le capital client essentiel de toute
entreprise, aussi renseignée soit-elle, elle ne servira à rien, si l'on a pas
recours en aval à des outils d'analyses puissants, de statistiques, de
comptages, ou de data mining. Les outils de comptages dynamiques (SAS, Full
Index...) permettent de réaliser des études comportementales en prenant compte
tous les critères d'une base (jusqu'à 6 500 critères par table). Et de croiser
dynamiquement n'importe quels types de critères. Plus complexes et aussi plus
chers, les outils de data mining ont pour objectif de trouver une loi
explicative, un modèle qui puisse donner un sens à ces données (par exemple
pourquoi une Ferrari se vendra mieux dans le XVIe que dans le 93). Les outils
d'analyses prédictives vont plus loin, ils permettent sur plusieurs variables,
de calculer les segmentations choisies sur les données à venir. « A partir de
50 variables, ces outils permettent de dégager quelques critères de pertinences
et poser que les trois ou quatre questions fondamentales à la connaissance d'un
client sur le Web ou par téléphone », affirme François-Xavier Ousselin. D'un
coût élevé (jusqu'à 600 000 F), ces outils permettent de trouver une
justification mathématique à des comportements d'achats. « Si une entreprise ne
souhaite pour fidéliser ses clients que de les récompenser à leurs dates
d'anniversaires, elle n'aura pas besoin de data mining », précise
Francois-Xavier Ousselin.
7 Attention au budget
Le
coût d'un système d'information marketing dépend de plusieurs critères et
notamment de son déploiement à l'échelle d'un pays ou multisite à
l'international. Ce sont les outils logiciels qui greffent le plus le budget. «
De même, les outils de gestion de campagne marketing peuvent varier de 100 KF à
plusieurs millions », souligne Laurent Dahan. Le volume de la base et son
niveau d'activités en import/export de données joueront aussi un rôle important
dans l'évaluation du budget global. Plus cette volumétrie sera lourde, plus
elle impliquera des traitements et des ressources en administration et
sauvegarde. « Les projets de développement de SIM oscillent entre 200 000 F
pour une base moyenne greffée à des outils de reporting, jusqu'à dix millions
de francs pour de gros projets internationaux impliquant la mise en oeuvre de
mégabases de données et d'outils de data mining », précise Laurent Dahan. Quant
aux coûts de maintenance de la base, ils seront fonction des besoins en temps
de réponse, du nombre d'utilisateurs et de la volumétrie de données.