La GRC... en attente de maturité
La gestion de la relation client, ou GRC, demeure encore une notion floue pour les entreprises. Elles en perçoivent les enjeux, mais ont des difficultés à les appliquer. Pour placer le client au centre de son système d'information, l'intégration des données autour d'une base unique est primordiale. Résultats attendus : meilleur taux de transformation prospect-client, meilleure fidélisation, cycles de ventes plus courts...
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«La gestion de la relation client est devenue le projet prioritaire dans le
monde des services et des entreprises », observe Jean-Louis Previdi,
vice-Président au Meta Group. Dans le passé, le principal levier de croissance
des entreprises reposait principalement sur la conquête de nouveaux clients,
quitte à pratiquer une politique de terre brûlée. Les entreprises avaient
tendance à se focaliser sur leurs produits et leurs coûts, qu'elles essayaient
de réduire au maximum, mais ne s'investissaient pas assez dans la connaissance
et la fidélisation de leurs clients. Mondialisation des marchés, explosion de
la nouvelle économie, environnement fortement concurrentiel exacerbé par le
développement d'Internet, les entreprises sont aujourd'hui confrontées à un
nouveau défi : garder leurs clients et réduire leurs prix de vente. « Seules
les entreprises qui auront su établir une relation de proximité avec leurs
clients, sur la base d'un service amélioré rapide et personnalisé, sauront se
différencier sur ces marchés concurrentiels », souligne Antoine Lemarchand,
cofondateur de PlaneteClient, portail web spécialisé dans la GRC. Les
analystes s'accordent à dire qu'il est au moins cinq fois plus coûteux de
gagner un nouveau client que de fidéliser un client existant. Que dire alors de
la reconquête d'un client perdu ? D'où l'intérêt, sinon l'urgence, de mettre en
oeuvre un système de gestion de la relation client. « La gestion de la relation
client répond aujourd'hui à une démarche plus défensive qu'offensive. Même une
entreprise qui, comme EDF, n'a pas pour le moment de concurrence directe, a
compris que cette approche était fondamentale pour se préparer à l'ouverture du
marché du gaz en France et préserver son image de marque », témoigne Stéphane
Amarsy, directeur de Kob@net.
Décalage entre la théorie et la pratique
Si l'enquête réalisée par la société de services Cap
Gemini et l'organisme d'études IDC révèle que plus de 65 % des entreprises
européennes et américaines sondées se déclarent sensibilisées aux enjeux de la
GRC, Call & Co et la Sofres dressent un état des lieux plus mitigé. Premier
constat : la gestion de la relation client demeure encore une notion floue et
restreinte à la satisfaction du client. Une étude qui met également en exergue
le décalage existant entre le discours théorique des prestataires, les
solutions techniques et la réalité des entreprises. « La GRC est un marché qui
est encore très focalisé sur des aspects techniques au détriment des aspects
fonctionnels et organisationnels », souligne Stéphane Amarsy. La GRC revêt
aujourd'hui des aspects très divers, depuis l'équipement des commerciaux
itinérants jusqu'à l'automatisation des campagnes marketing, en passant par les
centres d'appels et de support après-vente. « Mais c'est avant tout une
méthodologie de gestion qui découle d'un nouveau management de plus en plus
orienté clients », précise, de son côté, Olivier Polette, chef de projet GRC
chez Osis, cabinet de conseil et intégrateur spécialisé dans les systèmes
d'information des entreprises. Conscientes que ces aspects humains et
organisationnels sont fondamentaux pour assurer la réussite de leur démarche
GRC, il n'en demeure pas moins que de nombreuses entreprises ne savent toujours
pas qui est responsable de leur service client.
Des clients mieux informés et volatiles
Dans un environnement marqué par la grande
précarité de la clientèle alors que des budgets colossaux sont consacrés chaque
année à susciter la notoriété d'une marque ou d'un produit, de plus en plus
d'entreprises constatent que la clé de la rentabilité et de la réussite à long
terme passe par la fidélisation de leurs clients. Prenons l'exemple de France
Télécom, qui a détenu pendant des années le monopole sur les
télécommunications. Concurrence oblige sur le mobile, puis dans le domaine du
filaire, ce n'est que très récemment que l'opérateur est passé d'une stratégie
orientée produit à une stratégie orientée client : service ouvert 24h/24,
nouvelles politiques tarifaires, pro-activité dans la recherche de la
satisfaction client. Si de nombreuses enseignes pouvaient hier se prévaloir
d'une clientèle fidèle, ce n'est certes plus le cas actuellement. La banque de
proximité n'est plus celle située au coin de la rue, mais à un clic de souris
du bureau ou du domicile. Dès lors, le profil et le comportement des
consommateurs changent. Ces derniers sont de plus en plus informés et
exigeants. Ils veulent obtenir instantanément des services et des produits
personnalisés. Sinon, ils vont voir ailleurs. « Le temps des grands programmes
promotionnels est révolu, souligne Pierre de Perthuis, président de the Sales
Machine Group (groupe Euro RSCG). Aujourd'hui, les nouvelles stratégies de
fidélisation sont plus sophistiquées. Elles reposent sur un schéma relationnel
structuré autour de la connaissance du client, du dialogue que l'on peut
instaurer avec lui et de l'image de marque que l'on peut lui apporter. » Pour
mieux fidéliser, il faut également personnaliser le service apporté par la mise
en place de stratégie de marketing one-to-one. Notion qui existait déjà à
l'heure du mailing et des centres d'appels téléphoniques, mais qu'Internet et
les solutions de profiling (valorisation client) ont permis d'optimiser, à
l'instar des sites de commerce électroniques et d'achats groupés, qui offrent
des pages d'information personnalisés au goût du client. « Toutes ces
informations que l'entreprise va récupérer sur son client, vont lui permettre
de gérer un marketing relationnel personnalisé. Mais le revers de la médaille,
c'est que cet excès de personnalisation ne laisse plus beaucoup de place à
l'achat impulsif », estime Antoine Lemarchand.
Pas de fidélisation sans une base de données unifiée et partagée
La gestion de la
relation client peut être un tremplin phénoménal pour optimiser la fidélisation
de ses clients. Souvent les entreprises commencent à s'y intéresser
lorsqu'elles se rendent compte de l'abondance des données qu'elles possèdent et
de la difficulté à les exploiter. L'optimisation de la connaissance client
passera donc nécessairement par la création d'une base de données unifiée et
partagée par les différents métiers concernés par la relation client
(commerciaux, marketing, vente, SAV). « L'entreprise doit apprendre à gérer,
organiser et intégrer de nouveaux flux d'informations en provenance de
différents canaux d'interactions : centres d'appels, centre de contacts,
Internet, forces de vente... », explique Philippe Mahieux, directeur général de
la division Business Intelligence de D interactive. Mais, pour pouvoir analyser
l'ensemble de ces données, encore faut-il pouvoir au préalable les structurer.
« D'où l'importance des outils ETT - Extraction, Transport et de Transformation
de données - qui permettent de se concentrer sur le sens marketing des données
et de gérer toute la chaîne de transformation de l'information avant qu'elle ne
soit intégrée dans la base », poursuit-il. En revanche, si les outils et les
bases de données sont mal exploités, le résultat peut s'avérer catastrophique.
Qui n'a jamais connu cette situation de recevoir de sa banque un produit
d'épargne qui ne lui était pas destiné ou une offre promotionnelle sur une
tondeuse, alors que vous habitez en appartement ? Les solutions de data mining
permettent ainsi à partir des données historiques de l'entreprise de scorer les
clients en fonctions de leurs profils, de leurs affinités par produit, de leur
propension d'achat, pour leur faire des propositions commerciales adaptées. «
Les vépécistes ont compris, les premiers, la quintessence qu'ils pouvaient
tirer de leurs bases de données marketing. Car ils ont appris très tôt à gérer
et structurer des bases alimentées par différents canaux d'interactions »,
souligne Philippe Mahieux. Reste que pour qu'un fichier client puisse être
exploité par l'ensemble des services et applications de l'entreprise, il faut
encore résoudre le problème d'échanges d'informations entre des systèmes
hétérogènes de gestion de la relation client. C'est ce que se promet de
réaliser le consortium CPEX, Customer Profil Exchange. Créé par les grands
pontes de la relation client (Siebel, Oracle, IBM...), son objectif est
d'ériger une norme pour favoriser l'échange de profils entre des applications
back-office, front-office et Internet. Et de proposer une vue panoramique du
client, non plus seulement à l'intérieur de l'entreprise, mais pour tous les
échanges interentreprises.
Le Parc Astérix s'oriente pas à pas vers la relation client
Lorsqu'il y a un an et demi, le Parc Astérix décide d'opter pour la gestion de la relation client, c'est avant tout pour optimiser ses campagnes marketing, la gestion des ventes de prestations auprès des collectivités et comités d'entreprises et son service de réservation. C'est la direction marketing du groupe qui a initié ce projet, mais toutes les directions concernées ventes, réservation, administration se sont fortement impliquées. Dès le départ, le groupe a décidé d'opter pour une démarche itérative et de progresser pas à pas vers l'optimisation de la relation client. « Notre objectif de départ était de décloisonner les services, via la mise en oeuvre d'un nouveau système d'information client alimenté par le système de réservation, des ventes et par nos commerciaux sur le terrain, témoigne Evelyne Villame, directrice marketing du Parc Astérix. Dans un second temps, nous nous attacherons à optimiser les analyses des campagnes marketing, pour réajuster ses campagnes en fonction de nos clients. Puis, nous nous orienterons vers du marketing one-to-one, avec l'intégration au sein de notre système, d'études de satisfaction réalisées pour chacun de nos clients. »