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Conso responsable : la crise accélère la prise de conscience mais freine le passage à l'acte

Publié par Clément Fages le

La pandémie et les confinements ont bouleversé les habitudes des Français. 66% d'entre eux ont découvert qu'ils pouvaient limiter leur consommation, et 73% mieux consommer, notamment en matière d'alimentaire selon le 2e baromètre Max Havelaar France sur la transition alimentaire.

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73% des consommateurs souhaitent consommer de manière plus responsable

Restreints dans leur consommation en 2020, les Français ont pu profiter des confinements pour la réévaluer selon Max Havelaar France, qui, dans le cadre de la seconde édition de son Baromètre de la Transition Alimentaire, a sondé leur opinion avec OpinionWay à l'occasion du reconfinement. 73% des sondés ont envie, dans ce contexte de crise sanitaire, de consommer davantage responsable. Pour 62% d'entre eux, la pendémie a été l'occasion d'une remise en question sur des pratiques comme l'arrêt des emballages, l'achat local ou équitable. Les deux tiers ont aussi découvert qu'ils pouvaient limiter leur consommation, ou l'améliorer pour 33% des sondés, qui veulent augmenter leurs dépenses alimentaires notamment. Aussi, 78% sont favorables à une consommation 100% locale, soit un quart de plus qu'au premier confinement.

Néanmoins, la crise a mis à mal ces bonnes intentions, la crainte du virus ou de la perte de pouvoir d'achat poussant le consommateur à choisir des produits moins vertueux, plus emballés, moins chers. 33% des sondés ont par exemple le sentiment d'avoir augmenté leur consommation de produits jetables. L'alimentaire reste néanmoins le poste n°1 d'achat responsable pour 79% des sondés, et est moins bousculé par la crise que les catégories suivantes : soit au moins deux fois plus que les catégories suivantes qui perdent 8 à 9 points : l'hygiène-beauté (42%, - 9 points), les produits d'entretien (36%, -8 points), l'habillement (27%, -9 points).

Le Made in France et les produits locaux sont privilégiés

En matière d'achat responsable, c'est la préférence pour la production régionale, et a fortiori française qui ressort comme premier reflexe chez les sondés. Respectivement 75 et 81% d'entre eux achètent ainsi au moins une fois par mois un produit local ou national, quand respectivement 44 et 55% des sondés le font sur un rythme hebdomadaire.

Les achats de produits bio et limitant les emballages apparaissent ensuite comme les autres réflexes responsables les plus courants, tandis que l'achat équitable n'est pas majoritaire, bien qu'en progression. Au global, 91% des sondés achètent au moins une fois par mois un produit responsable. 68% le font sur un rythme hebdomadaire.

Les Français vont plus au marché, et moins à l'hyper

Le recours à des circuits de distribution plus responsables et l'autre pendant de ces évolutions : depuis le début de la crise, la fréquentation des marchés est en hausse de 8 points, celle des enseignes bio de 4 points et le passage direct par le producteur augmente de 7 points. Au total, 74% des sondés utilisent ces canaux, un chiffre en hausse de 8 points cette année. Les Français interrogés évoquent en premier lieu la qualité des produits (44%) puis la proximité 34% et la diversité des produits responsables proposés est mentionnée par 31%. Néanmoins, la crise, la crainte du virus et d'une baisse du pouvoir d'achat pousse de nombreux consommateurs vers les enseignes classiques, jugées plus proches, plus pratiques, et surtout moins onéreuses. 80% des sondés y ont recours, soit une baisse de 3 points cette année. L'argument du prix est évoqué par 54% des clients de hard-discounters.

Le baromètre donne également un éclairage sur la pratique du vrac : approuvée par 80% des sondés, qui évoquent un moyen de lutter contre le suremballage (85%) et le gaspillage alimentaire (79%), elle a été néanmoins abandonnée ou limitée par 39% des sondés du fait de la crise. Deux tiers des sondés estiment néanmoins que l'offre est encore trop restreinte en la matière.

Le prix reste le frein numéro 1 aux achats responsables

Tout comme l'absence de vrac empêche la diffusion de ce mode de consommation responsable, l'absence d'alternative responsable à certains produits est le deuxième frein identifié par le baromètre. Le prix étant encore le premier, notamment dans un contexte de crainte pour le pouvoir d'achat (+3 points). On notera que les consommateurs sont de moins en moins méfiants et ont de plus en plus de facilité à trouver les produits responsables, notamment grâce au développement de gammes ou de labels identifiés, mais aussi grâce à des applications comme Yuka ou l'Appli des Consommateurs. Aussi, certains sondés estiment que leur consommation est déjà assez responsable par ailleurs : la diminution de la consommation de viande, le recours de plus en plus systématique au tri ou encore l'arrêt, volontaire ou forcé, du voyage en avion sont jugés suffisants. 68% des sondés estiment qu'adopter une consommation 100% responsable demande trop d'efforts.

Les consommateurs se considèrent enfin comme le premier moteur de changement

Principaux moteurs du changement, le gros bouleversement mis en avant par ce baromètre est la mobilisation des consommateurs eux-mêmes ! 35% d'entre eux se jugent les mieux placés pour mener ces transformations, un chiffre en hausse de 9 points par rapport au précédent baromètre.

Producteurs et surtout distributeurs sont aiussi attendus au tournant pour faciliter l'accès à une consommation plus responsable chez respectivement 29 (+5 points) et 28% (+4 points) des Français sondés. Les entreprises du secteur alimentaire sont ainsi encouragées à poursuivre les initiatives responsables mises en place pendant la crise.

En parallèle, les pouvoirs publics, déjà bien occupés par la crise sanitaire, sont moins attendus sur ces sujets (20%, - 1 point).

La juste rémunération des producteurs est l'attente n°1 des consommateurs

En matière d'engagements responsables, les consommateurs attendent des filières une meilleure rémunération des producteurs (51%) devant la baisse de l'utilisation de produits nuisibles comme les additifs (41%) et la réduction des emballages (39%). La baisse des prix n'arrive qu'en 5e position (31%), et le respect des droits humains, qu'en 9e position (25%)...

Pour aller plus loin :

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