Les éditeurs de presse inquiets de la directive ePrivacy
Une trentaine de médias en Europe ont publié une lettre ouverte au Parlement européen pour protester contre les restrictions à la collecte de données générées par la directive ePrivacy.
La directive ePrivacy édictée en janvier en complément du règlement général sur la protection des données (RGPD) - dont l'application est prévue en mai 2018 - inquiète les éditeurs de presse. Une trentaine de médias (dont, en France, les groupes Bayard/La Croix, Figaro, L'Équipe, Le Monde, Les Échos/Le Parisien, ainsi que L'Humanité et Libération) ont publié le 29 mai 2017 une lettre ouverte au Parlement européen et au Conseil de l'Union, afin de protester contre les restrictions à la collecte de données générées par la directive de la Commission européenne.
Ainsi, avec le projet ePrivacy, l'internaute ne devrait plus décider qu'une seule fois de l'acceptation, ou non, des cookies sur les sites qu'il visitera par la suite, quand aujourd'hui, le choix est fait site par site. Une mesure qui selon, les éditeurs de presse, s'éloigne du nouveau règlement européen sur la protection des données, qui "obligera chaque site Web à s'assurer que les internautes comprennent comment les données relatives à leur navigation sont recueillies". Et renforcera l'asymétrie du rapport de force entre éditeurs et portails numériques mondiaux, à l'instar de Google, Apple, Microsoft et Mozilla, premières interfaces sur lesquelles se connectent les internautes pour naviguer - et qui récolteront donc le consentement.
La fin des publicités ciblées ?
"ePrivacy prive les éditeurs de presse de la capacité d'informer chacun des lecteurs sur les raisons pour lesquelles leur consentement est sollicité, d'expliquer les avantages de contenus journalistiques et marketing personnalisés, et de rappeler l'importance de l'abonnement et de la publicité dans le modèle économique d'une presse de qualité", expliquent les signataires dans leur lettre ouverte.
La mesure e-Privacy déposséderait ainsi les éditeurs de presse de la possibilité de proposer des publicités ciblées à leurs lecteurs... au bénéfice des géants Google et de Facebook, principales plateformes d'investissement publicitaire pour les marques. Un utilisateur de Mozilla, refusant d'être "cookifié" à des fins publicitaires par le navigateur, ne pourra donc plus être ciblé par d'autres sites, notamment des médias, et ce, même s'il a auparavant accepté les conditions générales d'utilisation présentées par ceux-ci.
"Par ailleurs, en l'état, ePrivacy entraînera une concentration des données des citoyens numériques européens aux mains de quelques entreprises mondiales, poursuit le texte, renforcera les positions de dominantes de ces dernières, et donc, la vulnérabilité des internautes, tout en instaurant un environnement digital d'une complexité encore accrue pour la presse."
Lire la Lettre ouverte au Parlement européen et au conseil de l'Union, ici :
Pour aller plus loin, voir en vidéo les conseils pour se préparer au RGPD
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