Salaires marketing en 2016 : le digital poursuit son envolée
La transformation digitale des entreprises les amène à recruter de nouveaux profils à la double casquette IT et marketing. Conséquence : une inflation des rémunérations de ces candidats, qui tranche avec la rigueur ambiante dans les autres métiers du marketing. Décryptage.
La rigueur salariale est de mise. En 2015, les salaires des professionnels du marketing, dans leur grande majorité, ont stagné, voire baissé. Ainsi, un chef de produit de trois à cinq ans d'expérience dans le secteur de la grande consommation, gagnait, l'an dernier, entre 35 à 45 K€, soit autant qu'en 2014, selon l'étude de rémunération nationale menée par le cabinet de recrutement Hays. De même, un directeur marketing de cinq à huit ans d'expérience dans le secteur de la high-tech plafonne en terme de salaire, de 55 à 80 K€ par an.
Pire, pour Yassine Bentayeb, consultant senior marketing et vente chez Hays, "la présence d'un directeur marketing au sein des entreprises est moins systématique : le poste est parfois intégré dans une direction commerciale et marketing."
Certes, quelques disparités sectorielles existent. Comme toujours, le luxe et la grande consommation sont les secteurs qui offrent les conditions salariales les plus généreuses. Un directeur marketing bénéficiant d'une expérience de 5 à 8 ans y perçoit une rémunération brute annuelle de 80 à 90 K€. "Ce sont les compétences dans un domaine qui vont être recherchées", commente Yassine Bentayeb de Hays.
- Étude de rémunérations 2016 sur les métiers du digital de Robert Half :
La situation est plus morose encore du côté des métiers de la communication, "beaucoup moins prioritaires lors des recrutements", selon le porte-parole de Hays. "Les sociétés ajoutent aux fonctions d'un directeur marketing ou même d'un DRH des attributions liées à la communication. Le ROI, devenu un élément clé, est en effet plus difficile à mesurer dans des actions de communication", poursuit-il.
Le marketing digital, le Graal
Seule exception - notable il est vrai : les rémunérations des métiers du digital ont, sans surprise, connu une embellie. Une inflation qui se poursuivra en 2016, comme le démontre l'étude de rémunération du cabinet Robert Half. Un responsable marketing online bénéficiant d'une expérience entre cinq à dix ans sera rémunéré entre 65 et 80 K€, soit une augmentation de 5,1% par rapport à 2015. De même qu'un traffic manager en poste depuis trois à cinq ans percevra une rémunération de 40 à 48 K€, une évolution de 4,1%.
Deux profils de candidats se distinguent : les profils techniques, comme les "data scientists", et ceux qui vont interpréter les données : des professionnels du marketing possédant, en outre, une expertise en matière de datas. "Les entreprises de tous horizons sont en pleine transformation numérique et convoitent donc les profils capables de piloter cette mutation", analyse Christophe de Bueil, division manager chez Robert Half.
Et le phénomène n'en est qu'à ses débuts : selon le cabinet de recrutement, moins de 20% des sociétés du CAC 40 sont dotées d'un Chief Digital Officer. Celui-ci voit sa rémunération croître significativement : +15,4% en un an pour un CDO de plus de 15 ans d'expérience, révèle Robert Half, soit un salaire brut annuel en 2016 de 150 à 350 K€. "Ils sont très peu à pouvoir se targuer d'être à la fois expérimentés en marketing et experts en data, tout au plus une trentaine à Paris", précise Christophe de Bueil. La pénurie de candidats leur permet d'être gourmands...
- Étude de rémunérations 2016 de Robert Half :
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Data scientist, directeur marketing digital, responsable brand content sollicités
D'une façon générale, la double compétence IT et marketing, notamment pour les enjeux de big data et de CRM, est très demandée : Data Scientist, directeur marketing digital, Traffic Manager ou responsable brand content. "Nous sommes arrivés à une certaine maturité dans l'écosystème digital ; les entreprises internalisent aujourd'hui un certain nombre de compétences", indique Christophe de Breuil.
Par ailleurs, dans le contexte économique, les entreprises cherchent à acquérir des parts de marché à l'international. "Elles ont besoin de profils anglophones - ce qui n'est pas si évident - voire maîtrisant une troisième langue", note Yassine Bentayeb. Signe des temps difficiles, les temps de recrutement ne cessent de s'allonger. "Nos clients sont encore plus exigeants sur la qualité des profils. Quant aux candidats, ils sont également très regardants sur la santé de l'entreprise et les projets qui vont leur être confiés", conclut l'expert de Hays.
- Grille de rémunération de Robert Half :
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