Sept marques seulement seront encore là dans 100 ans…
Quand la rédaction de Marketing Magazine m'a demandé d'imaginer les marques présentes, non pas dans dix ans mais dans cent ans, c'est-à-dire en 2105 (dans cinq générations), je me suis mis en quête d'une boule de cristal et puis… le rationnel a pris le dessus et avec lui la méthode chère aux universitaires et aux consultants-experts.
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Quelles marques, pourquoi et comment, avaient aussi
fortement “impressionné et structuré” les cerveaux pour vendre cent ans plus
tard des produits bien souvent éloignés du savoir-faire originel ? La réponse
est unique : toutes ces marques racontent une “histoire au caractère impératif,
interpellatoire, surgie directement de la contingence” (R. Barthes,
Mythologies). Elles nous ont sauvé et nous sauvent encore de fléaux qui nous
dépassent et ne peuvent être traités par notre seule volonté ou notre seule
intelligence. Toutes ces marques ont apporté des solutions magiques dans une
lutte “à la vie, à la mort” contre des barbaries perçues comme fondamentales.
La marque mythique, celle qui passe allègrement les générations, invente un
nouveau langage et donne un nom à une fonction jusque-là impensable : vaincre
la laideur, vaincre la solitude, vaincre la lenteur, vaincre la maladie,
vaincre la pauvreté, vaincre l'insécurité, vaincre la mort… Là, il y a une place pour les marques, maintenant ou
dans cent ans, car les distributeurs dans la “quotidienneté” de la consommation
ne peuvent en même temps représenter le flux de tous les jours et la lutte pour
ou contre l'exceptionnel ! Mais, dans cent ans, la lutte sera encore plus
serrée et la bataille de titans commencée de nos jours sera à son comble. Une
seule marque mondiale couvrira un territoire mental et se sera emparée d'un de
nos mythes fondateurs. Tous les experts en sont persuadés. Même si renaîtront,
sans doute sans cesse, quelques marques locales, fruits de l'imagination
d'entrepreneurs créatifs pour “jouer les alternatives”. Comme on le voit,
aucunes marques agro-alimentaires, aucunes marques de soft drinks ne
survivront. D'autres logiques “anti-fat” imposeront d'autres marques venues
d'ailleurs. Exit Nestlé et Danone en 2105… Les experts n'ont pu s'entendre sur
un nom de marque d'alcool où les goûts locaux semblent l'emporter même s'il est
vraisemblable que Hennessy ou Moët resteront des symboles d'un temps où les
amitiés se conjuguaient autour d'un verre entre amis. Bonne nouvelle, les
marques seront toujours là dans cent ans ! Finalement, en 2105, le monde de la
consommation sera plus simple qu'en 2005. La complexité est, peut-être, le
plus grand échec des marques qui étaient censées “nous” simplifier la vie et
qui, à force de segmentation et de sur-segmentation, crispent les consommateurs
et les font se réfugier vers les “no name”. Heureusement, en 2105, les
marketeurs seront redevenus sages ! Des mythes
et des marques Vaincre la misère : La Croix-Rouge. Devant la montée de l'exigence humanitaire, les jeunes experts sont sûrs de la pérennité de cette “vieille dame” qui, malgré quelques scandales, continue d'être présente sur tous les fronts. Les catastrophes sont nombreuses et les peuples le supportent de plus en plus mal. Les ONG ont de beaux jours devant elles et l'une d'entre elles s'imposera devant le maquis et la confusion. Vaincre la laideur : L'oréal.
Par sa compétence technique et sa recherche, la marque leader mondial sera le champion de la beauté devant tous ses concurrents,
qui se seront détruits à rechercher trop
la spécificité, et devant la plupart
des marques inconnues aujourd'hui,
pour maintenir la beauté des femmes
et des hommes du XXIIe siècle. Vaincre l'angoisse : Pampers.
Selon les experts, la marque développera encore son approche technique et pratique de l'enfance et sera présente sur tous les aspects qui touchent à l'enfance et au besoin de régressif. Elle sera le “coach” anti-angoisse des jeunes mamans et des pères de plus en plus nombreux à élever seuls leur enfant. Vaincre l'espace : Airbus.
Aucune marque automobile ne passera le siècle. Seuls l'avion, l'hélicoptère et la fusée seront à disposition et Airbus se présentera à la fois comme “fabricant d'avions, d'autos, de bateaux” et pourvoyeurs de solutions de transports à l'échelle mondiale. Vaincre la vieillesse : Quicksilver. Symbole de la glisse, la marque a su passer la théorie générationnelle de marques de mode pour s'affirmer comme le moteur d'une nouvelle approche, durable, technique et “up to date” en termes esthétique. Il est vrai que la marque en est à sa deuxième génération d'aficionados toujours aussi “addicts”. Vaincre le temps : Microsoft.
La bataille d'experts a fait rage autour de cette marque. Certains voyaient Google, d'autres Apple. Mais la puissance financière de la marque de Bill Gates devrait lui permettre de capter à son compte la “convergence numérique” et de racheter ou de développer les “bonnes idées”
en temps voulu. Vaincre l'anonymat : Chanel.
De toutes les marques de luxe, seule Chanel aujourd'hui présente pourra s'affirmer comme le symbole de l'excellence. Plus de quatre-vingt-dix ans après sa création, le parfum N° 5 resterait le plus vendu au monde. Un mythe qui perdure ! D'autres marques d'Orient, d'Extrême-Orient, d'Afrique prendront le relais
de “nos” marques européennes
et particulièrement françaises.
Une idée aussi, interroger “mes” étudiants du Master Pro, “Marketing et
Stratégies de Marques” du Celsa (Paris4. Sorbonne). Je “gagnais” déjà une
génération. Ces jeunes spécialistes du “branding”, étudiants de 3e cycle ont
été plein de lucidité et ont rejoint pas mal de mes hypothèses. Une petite
minorité a défendu une “théorie évolutionniste” ; il y a plus de dix millions
de marques en usages en 2005 ; il y en aura autant dans un siècle et le temps
étant considéré comme le premier capital d'une marque, plus d'un million des
marques d'aujourd'hui seront là demain ! Cette hypothèse se défend, car si rien
ne change, on ne voit pas pourquoi l'avance marketing et les caisses pleines
fondraient comme neige au soleil. Des solutions dans une lutte “à la vie, à la
mort”
Une
bataille de titans
à son comble
D'autres
logiques, d'autres marques venues d'ailleurs