Les marques se fragilisent
Séduire le consommateur pour s'assurer des parts de marché reste la priorité des marques. Pourtant, tout est toujours à remettre sur l'ouvrage. Un constat tiré de l'étude Megabrand de TNS Sofres.
Je m'abonneÀ LIRE AUSSI
Les marques vivent dans un véritable contexte de fragilisation », constate
d'emblée Chantal Lasocka, directrice générale adjointe de TNS Sofres. La
multiplication du nombre des marques (nouveaux secteurs, nouveaux acteurs,…)
compromet leur capacité à émerger dans le concert médiatique. Les extensions de
gamme risquent aussi d'affaiblir la perception qu'a le consommateur de la
marque. Le nivellement technologique homogénéise certains secteurs. Et surtout,
les consommateurs sont plus mûrs, plus experts. Conséquence : ils sont devenus
plus critiques, à l'égard des produits, mais aussi à l'égard des marques.
La prime de marque rejetée
« La capacité de conviction
des marques est en baisse », poursuit Chantal Lasocka, se basant sur les
résultats de la dernière étude Megabrand qui réactualise l'édition réalisée en
1997 qui s'intéressait à la force des grandes marques en France. Un échantillon
de 2 500 individus a évalué en mai/juin 2002 un corpus de 300 marques sur sa
probabilité de choix futurs, la force de conviction de chaque marque, la
volonté d'acquitter une prime de marque, la force d'attraction des marques et
l'opinion sur le rôle social des marques. Ainsi, en 1997, les réponses
concernant la perception du pouvoir de conviction des marques donnaient un
indice 176. En 2002, cet indice était tombé à 148. Dans le même temps, les
consommateurs acceptent moins facilement la “prime de marque”, mesurée au
travers de trois dimensions : rejet du meilleur marché, légitimité du surprix
de la grande marque, fidélité à une marque même en présence d'un supplément de
prix. En 1994, 27 % des personnes interrogées étaient d'accord avec ces trois
dimensions. En 1997, ce chiffre passait à 23,5 % pour tomber à 21,3 % en 2002.
Les moins de 35 ans veulent des preuves
En quelques
années, les exigences à l'égard d'une grande marque se sont fait plus fortes :
94 % des Français sont d'accord, en 2002, pour attendre qu'elle “démontre en
quoi elle est supérieure”, 90 % qu'elle “informe complètement le public sur ce
qu'elle fait”, 82 % qu'elle “soit une référence dans son domaine”, 79 %
qu'elle “cherche toujours à améliorer ses produits”. Parallèlement, les
consommateurs reconnaissent (à 85 %) qu'ils attachent plus d'importance aux
caractéristiques du produit qu'à la marque. Car, les grandes marques ont perdu
de la crédibilité sur certaines dimensions. Les pertes les plus fortes
concernent leur compétence, leur souci de l'environnement, leur souci des
attentes clients. « Le travail des entreprises sur les marques n'est jamais
fini, analyse Chantal Lasocka. Les marques doivent continuer à investir pour
être toujours créatives dans leurs produits, leurs services, leurs
communications. Elles doivent savoir encore mieux séduire. » D'autant que les
moins de 35 ans sont encore plus exigeants que leurs aînés : pour eux, une
grande marque doit savoir faire preuve d'originalité, les séduire, avoir de
l'humour, faire beaucoup de publicité. Mais, elle doit aussi apporter une
véritable différence de qualité. Ce n'est qu'à ces conditions qu'ils lui
feront confiance, qu'ils lui resteront fidèles et qu'ils accepteront de payer
plus cher les produits ou services qu'elle leur propose.
Les exigences vis-à-vis des grandes marques et de leur offre*
Item Variation relative 2002/1997 “Elles sont plus compétentes que les autres” - 29 % “Elles se soucient plus de l'environnement” - 25 % “Elles se soucient des attentes de leurs clients” - 14 % “En cas de problème, elles s'occupent mieux de leurs clients” - 10 % “Elle répare ses erreurs, même si c'est coûteux pour elle” - 9 % Source : Megabrand 2002 - TNS Sofres * Les pertes les plus fortes.