Qualifiez avec un questionnaire… qualitatif !
Vous voulez enrichir vos bases de données ? Construire le questionnaire correspondant n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Il ne suffit pas de lister toutes les questions en rapport avec le sujet étudié… D'autant que de nombreux écueils peuvent biaiser les réponses : ordre des questions, poids des mots, sont autant d'éléments à prendre en considération pour recueillir des réponses pertinentes, tant en termes de segmentation que de personnalisation…
Sur le fond, quelles questions devez-vous poser ?
À LIRE AUSSI
- Comment optimiser ses données
- Les 7 bases de valorisation des données
- Match segmentation/volume : le score gagnant
- Timide apparition de bases “SMS”
- La qualité en “métabase”
- Les entreprises justifient l'investissement dans la qualité
- Micromania : 20 ans de protectionnisme
- Meetic : plus on qualifie, moins on fidélise
- La Cnaf crée un dictionnaire d'informations
- Qualifier les données pour restreindre les volumes
Réponse : Lorsque l'on construit un questionnaire, on a souvent tendance à
ajouter des questions inutiles, “tant qu'on y est”. C'est une erreur car, plus
votre questionnaire est long, moins vous avez de chances que l'interviewé reste
motivé. Au mieux, il se déconcentre et répond à vos questions “par-dessus la
jambe”, au pire, il stoppe net sa collaboration. Commencez par lister toutes
les questions que vous avez envie de lui poser, puis passez-les au crible des
critères suivants : Cette question me permet-elle “vraiment” de répondre à mon
objectif de segmentation et de personnalisation ? Une donnée pertinente en la
matière est une information qui permet de prendre une décision marketing…
L'information que je demande est-elle disponible ? Par incompréhension,
ignorance ou oubli, vos interviewés ne seront peut-être pas capables de
répondre de façon valable à votre question. Cela est particulièrement le cas
lorsque vous abordez les estimations quantitatives. D'autant plus si
l'information est difficile à évaluer : “Combien consommez-vous de sodas en un
an ?”. Les réponses sont invalides sauf à les utiliser pour quantifier l'écart
entre le ressenti et le réel. Une étude a ainsi montré l'importante
sous-évaluation, par les Français, du montant total des impôts versés au Trésor
Public (en incluant la TVA et autres taxes diverses) ! Fais-je appel à des
faits ou des opinions ? Un jugement de valeur n'est pas un fait. A la question
“Aimez-vous lire ?”, une réponse positive ne permet pas d'évaluer réellement
l'implication de la personne dans la lecture : 1 livre par jour, par semaine,
par mois, par an ? Après tout, bien des gens aiment lire mais ne trouvent pas
le temps de le faire. "Combien de temps lisez-vous chaque jour ?" fait appel à
un fait, ensuite plus facile à analyser.
Quels sont les pièges à éviter dans la formulation et l'ordre de vos questions ?
Réponse :
L'ordre des questions a beaucoup d'importance. D'une manière générale,
commencez par les questions les plus généralistes, pour finir par les plus
implicantes, les plus personnelles. Les réponses à ces dernières sont
d'ailleurs plus faciles à obtenir si vous les posez sous la forme de tranches
(“Dans quelle tranche de revenus vous situez-vous ?”), plutôt que de réclamer
un chiffre précis (“Combien gagnez-vous ?”). Le cerveau entend peu les
négations : proscrivez-les car elles parasitent la compréhension immédiate du
sens de la réponse attendue. Ainsi, d'autres termes sont à proscrire : le
jargon : demander à vos clients ce qu'ils pensent de votre “programme de
fidélisation” ne leur parlera peut-être pas ; les mots ambivalents : une
quantité désignée par “suffisant” est incertaine ; “portable” désigne aussi
bien un ordinateur qu'un téléphone ; “simulation financière” est perçue comme
“dissimulation financière” ; les mots sensibles : utilisez des équivalents
plus neutres à “mort” (préférez “décédé”) ou “guerre” (“conflit”). Enfin,
évitez les questions dont les réponses sont trop longues, trop compliquées à
exprimer : “Que faites-vous dans l'heure qui suit votre lever ?”.
Quels arguments devez-vous utiliser pour convaincre vos destinataires de vous répondre ?
Réponse : L'introduction est
capitale, car elle crédibilise et rassure sur votre démarche. En voici un
exemple, valable aussi bien à l'oral (qualification téléphonique ou en
vis-à-vis) qu'à l'écrit (e-mailing, mailing…). “Bonjour [Monsieur, Madame], je
m'appelle [prénom, nom] et je réalise, pour [nom], une étude dont le but est de
mieux connaître [objet de l'enquête]. Nous accordons une importance toute
particulière à votre opinion, et nous aimerions vous poser quelques questions à
ce sujet. Cela ne nous prendra que quelques minutes…” Vous pouvez ajouter, pour
renforcer l'impact de ce premier paragraphe, et à condition que vous ne louiez
pas votre fichier : “Nous vous demandons de bien vouloir y collaborer en
répondant avec la plus grand précision possible. Vos réponses demeureront
strictement confidentielles.” En fin de questionnaire, pensez à remercier
chaleureusement vos interviewés de leur “collaboration” et le temps qu'ils vous
ont accordé.
Devez-vous offrir un cadeau aux enquêtés ?
Réponse : Les tests montrent qu'un trop beau cadeau influence
les réponses, car les interviewés ont alors tendance à vous apporter les
réponses qu'ils pensent vous faire plaisir… Le cadeau n'a en fait une réelle
utilité que pour les questionnaires administrés par correspondance, pour
contrecarrer l'insuffisance des retours. En business to business, le plus
intelligent est certainement la “prime papier”, qui consiste à annoncer aux
répondants que vous leur enverrez les résultats de l'étude, ce qui leur
permettra de se situer eux-mêmes par rapport à leurs homologues. Ils répondent
alors avec d'autant plus de soin. Pour les modes de passation par téléphone ou
en vis-à-vis, offrez si vous le souhaitez un cadeau, mais ne l'annoncez pas et
octroyez-le à la fin seulement de l'entretien, au moment où vous recueillez
les coordonnées personnelles de l'interviewé. Cela peut être un stylo, une
casquette, une boisson, etc. D'une manière générale, un présent neutre qui ne
prête pas à conséquence, et de faible valeur.