Peut-on sauver l'e-mail?
L'e-mail risque-t-il de disparaître plus tôt que prévu? Alors que nous nous apprêtons à enterrer - un peu vite? - le courrier papier, son homologue électronique montre des signes de faiblesse. Un coup de griffe vient de lui être donné par ceux-là mêmes - les informaticiens - qui l'ont porté aux nues. Mi-février, Thierry Breton, le p-dg d'Atos Origin, a annoncé qu'en 2014 les e-mails ne seraient plus de mise pour communiquer au sein de son entreprise. L'ancien ministre des Finances a pris cette décision après lecture d'un rapport interne. Chaque semaine, les 80 000 salariés de la SSII française consacrent, en moyenne, entre cinq et vingt heures à lire, répondre et archiver leurs e-mails. Seuls 10 à 20 % de leurs 200 courriels quotidiens se révèlent vraiment utiles.
DOMINIQUE FEVRE, REDACTRICE EN CHEF
L'annonce de Thierry Breton a pour but d'inciter ses équipes à utiliser les autres outils de communication disponibles sur le Net: réseaux sociaux, sites de microblogging et vidéoconférences. Evidemment, on ne peut s'empêcher de penser qu'avec cette politique, le patron d'Atos prêche pour sa paroisse et veut donner l'exemple en utilisant en interne les solutions que son entreprise commercialise en externe. Il n'empêche que cette annonce fait réfléchir... D'autant que le bureau d'études Comscore publie un rapport sur le courrier électronique. L'an dernier, son utilisation a baissé de 8 %. Elle chute de 59 % chez les 12-17 ans, qui préfèrent - et de loin - communiquer via les bons vieux textos, les réseaux sociaux et messageries instantanées du Web. Perte de temps, source de stress et de piratage en entreprise, l'e-mail ne semble donc pas en odeur de sainteté chez les particuliers non plus. A force de recevoir, sans les avoir demandés, des courriers en provenance d'émetteurs qu'ils ne connaissent pas, à force de voir chaque jour des dizaines de spams polluer leur boîte électronique, à force d'être hameçonnés sans le savoir, à force... la tentation de renoncer à l'e-mail va aller en grandissant. Une raison d'espérer? La voie du salut est à chercher du côté des professionnels du marketing direct. C'est à eux de veiller à la protection des internautes. Il n'est jamais trop tard pour bien faire...