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#SOCIÉTÉ Consommation, Éducation et Télémédecine : ce qui a changé et ce qui va rester !

Publié par Barbara Haddad le

Allons-nous reprendre nos vieilles habitudes dès le 11 mai 2020 ou au contraire, cette période de confinement aura-t-elle sonné une ère nouvelle, où la consommation sera enfin raisonnée, l'école digitalisée et où nous consulterons nos médecins aussi bien au cabinet que depuis notre canapé ?

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#CONSOMMATION L'achat de produits locaux s'accentue et c'est le succès du click and collect !

Avant cette crise sanitaire, le souci d'un "mieux manger" était déjà prégnant : 73% des Français considéraient qu'ils consommeraient de manière plus responsable dans les 3 ans à venir (recycler, faire maison, acheter Made in France, consommer moins mais mieux, en circuits courts, etc.). L'envie d'une consommation plus raisonnée faisait l'objet de nombreux articles de presse et de posts sur les réseaux sociaux tandis que le rapport Pinterest 100 dévoilait début 2020 certaines tendances émergentes comme : le "Mode de vie zéro déchet " (+446 % de recherches), les "Alternatives écologiques " (+172 %) , les "Vêtements d'occasion " (+38 %) ou encore le "Bricolage d'objets récup" (+2 276 %).

Ce qui a changé pendant le Grand Confinement ?

Ces dernières semaines ont inscrit dans la durée les comportements de consommation déjà initiés avant le confinement : " Les périodes de crises sont des catalyseurs et exacerbent les tendances. En l'occurrence, parmi les 15 familles de produits qui reculent le plus lors de la séquence COVID-19, 14 étaient déjà en baisse en 2019 et inversement, parmi les 15 catégories les plus dynamiques sur cette même période, 2/3 étaient déjà en croissance l'an passé", constate Emmanuel Fournet, directeur analytique chez Nielsen.

Concernant les courses alimentaires, les hypermarchés ont été en difficulté : sur le début du confinement ceux de plus de 6500 m2 ont vu leur fréquentation reculer de 24%. Un fait accru en région parisienne : seulement 6% des Français vivant à moins de 5 minutes d'un hypermarché, situés majoritairement en périphérie des villes (Source Nielsen). Les Français ont donc trouvé des alternatives en se tournant, notamment, vers les commerces de proximité : 4 responsables des achats sur 10 vont désormais chez des petits commerçants (source : étude Happydemics). Les magasins bio aussi sont privilégiés : 10% des consommateurs s'y rendent plus souvent (source : étude fidme).

La façon de faire ses courses a évolué : les consommateurs préparent plus que jamais leurs achats alimentaires pendant le confinement, ils sont 74% à avoir réalisé une liste de courses et 42% un inventaire de leur stock alimentaire (source Bonial). Plus d'1 Français sur 2 indiquent d'ailleurs vouloir réduire la fréquence à laquelle ils font leurs courses, afin de limiter le nombre de passages en magasins (source Harris Interactive). Les créneaux horaires privilégiés sont désormais entre 8h et 9h (+3%) et 13h et 14h (+2%) au détriment du créneau 17h-18h (-4%) (source : étude fidme). De fait, le panier moyen augmente, passant de 56,80 € en février à 67,12 € en mars 2020 (source : étude fidme). Les Français sont donc toujours autant intéressés par les promotions : 79% des consommateurs portent au moins autant d'attention que d'habitude aux promotions, dont 36% plus qu'avant le confinement (source Bonial).

D'autres alternatives à la visite en magasin rencontrent un grand intérêt : les solutions de drive et de livraison proposées tant par les distributeurs que les restaurants et même de plus en plus par les petits commerçants. Ainsi, entre le 16 et le 22 mars 2020, la valeur des ventes en drive a bondi de plus de 74 % par rapport à 2019 (source Nielsen) et Chronodrive a enregistré +67,77% d'ouvertures de cartes de fidélité drive entre février et mars 2020. Une récente étude d'Harris Interactive le confirme d'ailleurs : les Français sont nombreux à envisager des solutions alternatives : 48% pour le drive, 31% pour la livraison à domicile et 20% pour la livraison de plats cuisinés à domicile. Pierre Barnier, fondateur de Famileat, service de livraison à domicile de plats au format familial partage également ce constat : " Les commandes sont en forte croissance et ont même doublé sur la première semaine de confinement. Il y a nos clients fidèles, qui continuent de réserver des plats chaque semaine, mais aussi de nouveaux profils, comme des personnes âgées ou d'autres personnes en situation de mobilité réduite qui découvrent un service qui leur facilite le quotidien et enfin d'autres clients encore, plus à la marge, qui ont pour le moment mis en pause leurs commandes, sûrement car ils ont désormais plus de temps pour réaliser leurs plats fait-maison. Nous constatons également que notre clientèle n'est pas spécialement la gen Z, habituée des Uber Eats ... mais a plutôt entre 30 et 60 ans, voire plus ". Les recherches pour les livraisons de repas ont ainsi augmenté de 80% en moyenne dans le monde entier en mars 2020 (source Semrush).

Autre facteur qui explique cet engouement pour la livraison de repas déjà préparés : " Seazon, par exemple, permet non seulement de rester en sécurité chez soi sans avoir besoin de faire ses courses mais d'avoir aussi l'assurance de manger équilibré en proposant des plats frais à 86% en Nutri-Score A et B. L'alimentation-santé est un sujet qui a pris beaucoup d'importance pour les Français dans cette période de crise sanitaire", explique Patrick Asdaghi, fondateur de Seazon.

Pour les petits commerçants, c'est une nouvelle façon de vendre qui s'ouvre, laissant au consommateur le choix de passer du temps en magasin pour choisir leurs produits ou de commander en ligne pour une récupération rapide en click-and-collect : " C'est une prise de conscience sans précédent pour les petits commerçants, qui sont de plus en plus nombreux à vouloir être visible sur internet pour sauvegarder leur activité. Ce qui se présentait alors comme une menace devient une réelle opportunité. Leur offre va évoluer vers une plus grande mixité et souplesse pour plus de commodité auprès des consommateurs. Le panier moyen est d'ailleurs souvent le double en ligne qu'en magasin : environ 60 €. Pendant le confinement, le panier moyen a pu ainsi monter jusqu'à 200 €, les personnes faisant leurs courses pour la semaine, voire plus en congelant", confie Victor Gobourg, CEO d'Ollca, plateforme e-commerce dédiée aux artisans et commerçants de bouche qui recréée un centre-ville numérique en ligne.

Dans le panier des Français, se trouvent en ce moment principalement des produits de premières nécessités : du pain (+102% de ventes incrémentales), des pâtes (+80%), du papier toilette et essuie-tout avec (+70%), des céréales et biscuits (+67%) et des légumes secs et surgelés (+64%) - (source : étude fidme). Sans surprise, l'achat de chocolats pour Pâques a été victime du confinement, même si les parents ont cherché à maintenir la tradition autant que possible. À l'inverse, les fruits et légumes apparaissent en forte progression, en tête des catégories les plus prisées (source : étude ShopAdvizor).

Les consommateurs portent également un intérêt accru pour les producteurs locaux : selon Opinion Way, il y a une augmentation des recherches Google sur les moyens de manger des fruits et légumes issus de la production locale. D'ailleurs, depuis le début de la séquence COVID-19, selon l'Institut Nielsen, les produits bio sont non seulement en très forte croissance en grandes surfaces mais aussi dans les magasins bio spécialisés (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio C' Bon, Naturéo...). Dans le même temps, cependant, certaines pratiques éco-responsables pourraient bien reculer : méfiance vis-à-vis du vrac, achats des fruits et légumes plutôt sous film plastique etc.

Dans tous les cas, l'attachement aux marques semble perdurer : selon une récente étude de Territory Influence, société spécialisée en marketing d'influence, 68% des répondants ont déclaré que les marques sont toujours fortement considérées lors de leurs achats et 60% apprécient recevoir des communications de marque, surtout lorsqu'elles sont utiles en temps de confinement : recettes ( 70%), tutoriels DIY (58%) et live sportifs ( 29%).

Pour les achats non-alimentaires et notamment ceux de loisirs, la tendance d'une consommation plus porteuse de sens se confirme : après trois semaines de confinement, plus d'1/3 des Français déclarent avoir augmenté leur consommation de produits " Made in France " et ont l'intention de continuer à en consommer davantage après la crise (source : CSA). C'est aussi un pas de plus dans l'engouement pour le DIY : 20% des Français déclarent avoir profité du confinement pour fabriquer leurs propres produits d'hygiène, et 23% avoir fait des travaux de couture ou de création de bijoux (source Harris Interactive).

Ici aussi, la façon de faire ses courses évolue. En ligne, les consommateurs découvrent les files d'attente virtuelle (chez Mondial Tissus, Carrefour ...) ou encore le nombre de commandes limité par jour (Oxybul, éveil et jeux) afin de pouvoir respecter les délais de commande. En magasin, le drive est le nouveau service pour rassurer les clients : Intersport l'a par exemple mis en place avec la prise des commandes en ligne et le retrait se fait sur le parking des magasins, tout comme les enseignes Kiabi avec le service "Click and Drive en 48h" ou encore Leroy Merlin. Enfin, avec Décathlon qui s'invite chez Franprix, la tendance du shop-in-shop revêt une nouvelle utilité : cinq produits sportifs (tapis de sol, haltères, élastiques, cordes à sauter et roue abdominale) sont proposés dans 70 magasins Franprix en Ile-de-France avec des prix compris entre 5 et 17 euros. Un partenariat qui pourrait bien s'étendre au-delà du confinement s'il rencontre du succès auprès des clients de l'enseigne.

Dans le secteur de la beauté, la stratégie de privilégier les achats en ligne prévaut également : chez Birchbox, l'activité est en forte croissance depuis le début du confinement et sur le mois d'avril 2020, le trafic a été multiplié par deux, tout comme le taux de conversion. " Au total ce sont plus d'un million de visiteurs unique qui se sont rendus en avril 2020 sur le site birchbox.fr et les ventes de produits d'hygiène ont augmenté de 50%. Il y a, à la fois de nouvelles clientes mais aussi beaucoup de nouvelles marques qui demandent à être référencées dans la box et sur l'eshop. Dans cette période où le moral peut parfois être en berne, La Box Birchbox apparaît comme une petite dose de bonheur mensuelle à prix très accessible ", nous confie Quentin Reygrobellet, directeur général de Birchbox France.

De façon générale, selon l'Institut CSA, les marques qui apparaissent le plus utiles aux yeux des consommateurs sont La Poste et Amazon et les marques qui manquent le plus : Leroy Merlin, La Poste, Mc Donald's (qui a engendré des files d'attente de plusieurs heures à la réouverture récente des drives) ou encore la Fnac et Air France.

Enfin pour le secteur du tourisme, l'activité est beaucoup plus difficile : les recherches web en matière d'hôtels sont en chute libre ce trimestre (-4% en février 2020 puis -15% en mars 2020) - (source Semrush). Selon l'Institut CSA, 47% des Français envisagent néanmoins de partir en vacances en France cet été entre juin et septembre et parmi ceux qui ne partiront pas, 39% y renoncent de peur que les conditions sanitaires ne soient pas suffisantes.

Ce qui pourrait rester après ?

Près d'un Français sur deux (48%) reprendrait rapidement ses habitudes de consommation post-confinement selon Happydemics. Pour autant, chez certains, le confinement aura été l'occasion de mettre en place de nouveaux réflexes au quotidien et qui vont perdurer : l'organisation des courses devrait ainsi se pérenniser après le confinement pour 34% des Français (source : étude fidme) et certains comptent continuer à effectuer des achats chez les petits commerçants (24%), d'acheter des produits locaux et bios (21%).

Le contexte semblant néanmoins pousser encore pendant quelques temps à la distanciation sociale, ceci laisse penser que l'engouement pour les services de drive et de livraison à domicile va perdurer afin d'éviter les heures d'attente en magasin et d'être exposé au virus.

Concernant les prochains achats, l'incertitude est encore présente aussi dans nombre d'esprits, les Franc?ais envisagent donc de baisser de 28% leur budget mensuel d'habillement dans les 30 jours suivant la fin du confinement.(source: Sondage Fastmag réalisé par OpinionWay). Et, selon In-store Media, 7 Français sur 10 pensent annuler, réduire ou décaler leurs vacances cet été. "Ces premiers chiffres confirment nos intuitions : rester en France, revoir ses vacances à la baisse, contrôler son budget sans pour autant renoncer à des achats plaisir", déclare Romain Dublanche, directeur général d'in-Store Media.

"Finalement, on est en train de vivre en accéléré la transformation du consommateur de demain et de ses comportements. Si la crise des gilets jaunes ou les grèves ont déjà initié cette tendance, le confinement vient définitivement la confirmer. Les achats dématérialisés vont s'ancrer plus que jamais dans les habitudes de consommation des Français. L'e-commerce, les plateformes de type SVOD ou de fitness connaissent une explosion sans précédent. Et mêmes les consommateurs réfractaires à l'e-commerce ou à des services à distance ont pour beaucoup été " obligés " de tester des canaux d'achats dématérialisés et il est fort probable que ces comportements perdurent. D'ailleurs les marques qui maitrisent aussi bien l'e-commerce que la livraison, avec notamment la possibilité de gérer le fameux dernier kilomètre, et l'omnicanalité, sont celles qui tireront le mieux leur épingle du jeu. Des secteurs entiers bénéficient du plus de temps à soi avec le confinement, cest le cas notamment du bricolage, de la cosmétique-beauté mais aussi les équipements sportifs : des domaines d'activité qui se sont fortement ancrés dans le quotidien des consommateurs et qu'on imagine mal perdre de leur intérêt dans les semaines et mois qui viennent", conclut Pascal Malotti, Business developpement et strategy director de Valtech.

#EDUCATION Une complémentarité entre enseignement présentiel et distanciel à la rentrée 2020-21 ?

L'arrivée du numérique dans le système scolaire a bousculé l'école dans son organisation, ses certitudes et a soulevé aussi de nombreuses inquiétudes, notamment quant aux inégalités qu'il peut générer : entre les écoles plus ou moins bien équipées, entre les élèves aussi qui ont plus ou moins facilement accès à un ordinateur ou internet à la maison ... Aussi la France ne figurait-elle pas, avant le confinement, parmi les pays les plus avancés dans la transformation digitale du modèle éducatif.

Ce qui changé pendant " le Grand Confinement" ?

Des millions d'élèves et d'enseignants ont basculé du jour au lendemain dans l'enseignement à distance, avec des facilités différentes selon chacun à s'approprier les outils numériques et assurer une continuité du programme scolaire. Ainsi, le CNED a gagné plus de 17 000 abonnés à ses cours en ligne depuis le 17 mars 2020 et l'utilisation des plateformes de visioconférences s'est accrue.

" Ce qui change avec l'enseignement distanciel est que le sachant n'est plus positionné au centre d'une salle de cours, mais face à son ordinateur et discute avec ses élèves, eux aussi assis devant leur écran sur leur bureau, leur lit ou leur canapé, casque vissé sur la tête. Il y a donc un premier enjeu pour les professeurs : celui de garder l'attention de leur auditoire", constate Frédéric Sitterlé, Directeur Général de l'école HETIC, spécialisée dans les formations aux métiers d'internet, du web et du multimédia.

L'enjeu pour les enseignants est alors de faire preuve de créativité pour garder l'attention de leurs étudiants mais aussi les motiver à travailler seul à la maison sans se décourager. Certains ont adapté les cours en fonction du niveau des élèves, d'autres ont contextualisé les leçons pour les rendre plus ludiques ou ont même profité du temps disponible pour faire participer des intervenants extérieurs. " Le niveau d'exigence reste le même mais les méthodes pédagogiques s'adaptent, notamment en distribuant le travail au fur et à mesure ou en rythmant différemment les temps de pause ", poursuit Frédéric Sitterlé.

Autre évolution, celle de l'utilisation plus fréquente par les étudiants des applications de soutien scolaire : par exemple, eduPad, éditeur de l'application éducative ITooch qui couvre les programmes scolaires officiels du CP à la 3ème, a vu le nombre de téléchargements de ses applications multiplié par trois depuis le début du confinement et la durée moyenne des sessions a également été multipliée par deux. eduPad a d'ailleurs choisi de mettre gratuitement à disposition des écoles l'intégralité de son catalogue d'applications sous Android pendant la durée de la crise pour faciliter le travail des enseignants.

" Même constat chez Nomad Education, application mobile qui couvre le soutien scolaire de la primaire au lycée : l'audience a doublé depuis le début du confinement. On observe surtout une modification des usages : explosion du nombre de connexions et du temps d'utilisation de l'application. Il y a aussi des utilisations plus fréquentes par les élèves de primaire et leurs parents pour suivre le programme ", déclare Clémence Illien, directrice marketing et communication de Nomad Education.

Ce qui pourrait rester après ?

" Ces nouveaux usages ont permis de mettre en lumière les avantages de l'apprentissage à travers le digital, auprès des jeunes, des parents mais aussi des professeurs et du Ministère. Cela va permettre à l'avenir à l'école et aux entreprises privées notamment des Ed Tech de travailler beaucoup plus main dans la main dans l'intérêt des élèves ", espère Clémence Illien.

Frédéric Sitterlé voit, quant à lui, l'opportunité d'une plus grande mixité dans la façon de transmettre les connaissances, avec une alternance de cours magistraux en ligne et d'ateliers présentiels plus pratiques ou à l'inverse de la mise à disposition de ressources en ligne en compléments des cours délivrés en classe. " Cela ouvre l'opportunité de proposer aux étudiants des modalités d'apprentissage plus personnalisées et ludiques, grâce notamment à la gamification", explique-t-il.

Reste aux enseignants, à trouver après le 11 mai 2020, un nouveau rythme, pour accompagner à la fois les élèves qui seront en classe et ceux qui vont rester à la maison ?

#SANTE Une solidarité envers les soignants et la télémédecine au service des patients

En septembre 2018, l'Assurance maladie lançait son système de téléconsultations et un an après, le bilan était de 60 000 téléconsultations réalisées en France. En janvier 2019, ce fut au tour de Doctolib de lancer son service de téléconsultations, avec pour bilan en fin d'année dernière, 150 000 consultations vidéo, réalisées par 3500 praticiens mais aucune en hôpital. L'usage de la téléconsultation restait donc balbutiant par rapport aux 350 millions de rendez-vous médicaux pris chaque année.

Ce qui changé pendant " le Grand Confinement" ?

Sur le front depuis le début du confinement, les soignants sont applaudis tous les soirs à 20h et leurs métiers ont été revalorisés. Un grand mouvement de solidarité s'est organisé pour les soutenir que ce soit de la part de la population, des marques ou des institutions.

De nombreuses entreprises dont LVMH, PSA ou encore Auchan ont fait don de milliers de masques aux hôpitaux ou, comme Esteban Paris Parfum et Léa Nature de gel hydroalcoolique. La filière du textile s'est aussi mobilisée pour confectionner des surblouses à destination des soignants tandis que le secteur alimentaire livre des repas dans les établissements médicaux. Seazon, par exemple, a déjà livré plus de 42 000 plats gratuitement à des hôpitaux en Ile-de-France pour palier à la fermeture des offres de restauration via l'initiative #SeasonCare : " Dès le début de la crise sanitaire, il y a eu une incroyable mobilisation de toute l'équipe pour venir en aide aux soignants avec les moyens que nous avions. Nous avons réussi à mettre en place très rapidement une organisation logistique avec nos partenaires Chronofresh et Delifresh qui nous permet de livrer gratuitement chaque semaine des milliers de plats aux hôpitaux pour venir en aide aux soignants sur leurs lieux de travail. Au total, déjà plus de 42 000 plats ont été offerts. Pour les aider aussi à mieux manger chez eux sans perdre de temps, nous avons créé une offre spéciale pour eux : -25% de réduction sur toutes leurs commandes. Nous avons reçu beaucoup de messages de remerciements, qui nous font chaud au coeur dans cette période difficile pour tous" , déclare Patrick Asdaghi , fondateur de Seazon.

Dans le secteur du tourisme, des hôtels accueillent désormais les soignants pour leur éviter de longs trajets domicile-travail ou l'inquiétude de contaminer leur famille et Airbnb, a lancé l'initiative "Appart Solidaire" en partenariat avec le Gouvernement. Il s'agit d'une plateforme en ligne qui met en relation le personnel soignant et les travailleurs sociaux avec des hôtes proposant gratuitement un logement autour d'un gratuitement autour d'un hôpital, d'un EHPAD ou d'un centre d'hébergement d'urgence. Airbnb ne prélève aucun frais de transaction pour ces séjours et dédommagera à hauteur de 50 euros les frais de ménage des hôtes volontaires ayant reçu des personnels soignants. Un mois après la mise en place de cette initiative, ce sont déjà près de 9 000 logements qui ont été mis à disposition gratuitement et près de 2 000 personnels soignants et travailleurs sociaux qui ont pu en bénéficier partout en France (35 000 nuitées ont été réservées par les personnels soignants à date). L'opération sera prolongée au mois de mai pour soutenir dans la durée les personnels engagés dans la lutte contre le Coronavirus : " En permettant aux membres de notre communauté de leur offrir un hébergement gratuit, nous espérons pouvoir contribuer à soutenir encore plus de personnels soignants et travailleurs sociaux qui sont aujourd'hui en première ligne pour nous protéger et sauver des vies", revendique Emmmanuel Marill, Directeur Général d'Airbnb France.

Dans le même temps, les Français ont déserté les cabinets médicaux, et une grande majorité des rendez-vous non indispensables ont été annulés, tant par les patients que par les praticiens. Aussi, pour continuer de se soigner des maux du quotidien la téléconsultation a massivement été adoptée tant du côté des patients que des médecins. Elle permet d'avoir rapidement un rendez-vous avec un médecin généraliste ou spécialiste puis, une fois la consultation à distance passée, de recevoir l'ordonnance par email Plusieurs plateformes sont disponibles à l'instar de Doctolib, Medaviz ou encore de Qare.fr qui a multiplié ses téléconsultations par six depuis le début du confinement.

Doctolib récence ainsi 2,5 millions de consultations vidéo depuis le début du confinement. "En à peine quelques semaines, la consultation vidéo est devenue un réflexe pour un grand nombre de professionnels de santé, en ville comme à l'hôpital. La crise sanitaire que nous traversons a encouragé le recours à ce mode de consultation pour les avantages qu'il présente en termes d'accessibilité, de simplicité et de sécurité dans la période de confinement. Dans les prochaines semaines et les prochains mois, la consultation vidéo fera partie intégrante du quotidien des cabinets et des hôpitaux et viendra compléter utilement les consultations physiques dans la prise en charge des patients", explique Stanislas Niox-Chateau, cofondateur et président de Doctolib. Ce sont ainsi 800 000 nouveaux patients qui ont effectué une première consultation vidéo depuis le début de l'épidémie. Les utilisateurs de la téléconsultation font partie de toutes les générations : 13,5% ont entre 0 et 17 ans, 25% entre 25 et 34 ans, 21% entre 35 et 44 ans et 28% plus de 55 ans, mais il y a une concentration régionale : 39% des rendez-vous ont été pris par des patients habitant en Ile-de-France et 11% en Auvergne-Rhônes-Alpes. Du côté des médecins, ils sont désormais plus de 30 000 professionnels de santé libéraux et 1200 praticiens hôpitaux à proposer la téléconsultation sur Doctolib, même si, 70% des praticiens utilisateurs de la consultation vidéo sont des médecins généralistes. "Les patients réagissent bien à cette nouvelle pratique, ce qui leur paraît important, c'est que leur médecin puisse continuer à les suivre", explique le Docteur Xavier Lemercier, médecin généraliste à Vouneuil-sur-Vienne (Vienne).

En parallèle, un intérêt accru s'est développé pour des applications mobiles qui apportent un soutien spécifique aux patients. C'est le cas notamment de l'application Feeleat,spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire (TCA). Créée par Morgane Soulier, une ancienne d'Orange, l'application propose un accompagnement au quotidien grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle mais aussi une continuité dans la relation patient et professionnel de santé : "Feeleat permet à chaque personne de tenir un journal de bord de ce qu'il ou elle mange chaque jour en y associant les symptômes corporels, les émotions ressenties et le contexte dans lequel le repas est pris. Ensuite, l'application peut, grâce à l'IA déduire des corrélations entre des difficultés et un moment de la journée particulier, un aliment spécifique etc. Le patient peut aussi partager ses informations avec les professionnels de santé qui le suivent (nutritionniste, psychiatre etc.)", explique Morgane Soulier avant de préciser : "Avec le confinement, les troubles alimentaires peuvent s'accentuer car les personnes s'ennuient, ou ont accès plus facilement à leurs placards tandis que dans le même temps les consultations physiques ne sont parfois plus possibles. C'est pourquoi nous avons lancé l'interface Feeleat Med afin que les professionnels de santé puissent garder le contact avec leurs patients et que l'ensemble de l'équipe thérapeutique est accès dans un seul et même endroit aux données alimentaires du patient sans que celui-ci n'ait répété plusieurs fois des situations parfois gênantes".

Autre exemple, celui de l'application MonSherpa développée Fanny Jacq, directrice Santé Mentale de Qare et spécialisée en psychiatrie. " Il s'agit d'un outil compagnon qui propose une centaine d'exercices spécifique pour aider tout un chacun à traverser des épisodes d'angoisse, de dépression etc. L'accès est totalement gratuit. Nous avons ainsi constaté une hausse de + 250% de téléchargements sur mars 2020".

Enfin, d'autres initiatives de soutien bénévoles ont vu le jour, à l'instar de "SOS Confinement", une plateforme d'écoute téléphonique gratuite (0 800 19 00 00) lancée par le SAMU Social International et l'Association Les Transmetteurs pour apporter une écoute et des conseils aux populations les plus vulnérables qui se sentent isolées et angoissées pendant cette période de confinement. Ce sont ainsi plus de 300 bénévoles, acteurs sociaux, et médecins qui ont été recrutés pour répondre au téléphone, 7 jours sur 7 et de 9h à 21h. La plateforme agit en complément des services d'urgence comme le 15. À ce jour une centaine de personnes sont opérationnelles après avoir suivi une formation. Ce projet de plateforme a été rendu possible par un double mécénat - financier et de compétence - de Salesforce et de Deloitte.

Ce qui pourrait rester après ?

" Le besoin d'un soutien psychologique va sûrement s'étendre sur des mois, voire une année entière après ce Grande Confinement, car certains ont vécu des épisodes très douloureux : deuil, sortie de réanimation mais aussi agoraphobie naissante, mauvaise gestion de la colère et frustration etc... Il est donc probable que les téléconsultations se poursuivent fortement sur ces spécialités", prévoit Fanny Jacq avant d'ajouter "Du côté des professionnels, ce confinement aura aussi permis d'accélérer l'adoption des outils numériques, notamment chez les psychiatres pour qui le numérique paraissait encore trop souvent comme un outil complexe. Ils ont ainsi pu voir l'opportunité qu'offrent les outils numériques en complément des consultations traditionnelles : ajouter un rapide téléconsultation entre deux rendez-vous physiques pour ajuster un traitement, ne pas rompre un suivi de thérapie en cas d'arrêt maladie du patient etc. On peut donc espérer une mixité de rendez-vous physiques et à distance à l'avenir ou au moins d'un petit message de prise de nouvelles rapidement entre deux rendez-vous".

Enfin, la téléconsultation après avoir soulevé une grande méfiance tant du côté de l'État que du grand public, semble désormais être rentré dans les moeurs, il parait donc difficile que l'usage disparaisse complètement. Doctolib a ainsi interrogé plusieurs patients les 21 et 22 avril 2020 : pour 80% des répondants, l'intention était de poursuivre la consultation vidéo après l'épidémie, car ils pensent que cela leur permettra de leur éviter de se déplacer (38,5%), d'obtenir un rendez-vous plus rapidement (20%) et de pouvoir consulter leur médecin d'où ils veulent (22%).

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