Jean-Eric Valli, le radio lover
Tombé dans le chaudron radiophonique il y a 40 ans par le prisme associatif, Jean-Éric Valli, patron du Groupe 1981 à Orléans, ne cesse de défendre les droits de radios locales dans le PAF depuis des décennies. La devise de la République française résume assez bien la nature de son engagement sans faille pour les indépendants. Féru de liberté, un brin insolent, il adhère très tôt aux idéaux des stations indépendantes. Il jette son dévolu sur Vibration où il tient l'antenne pendant des heures avec ses acolytes. Il a alors 18 ans, est étudiant à la fac d'Orléans et revient en France après 10 ans passés à Alger, où ses parents ont décidé de s'expatrier. « Faire de la radio, c'est comme faire de la politique, c'est entraîner un mouvement, transmettre des idées, des émotions. La radio est un média de liberté qui inspire confiance », s'enflamme-t-il. Ce sera le début d'une aventure à succès qui a fait de lui, 40 ans plus tard, un patron, un président, un lobbyiste respecté de ses pairs, médias privés et publics confondus. Il est devenu président du Groupe 1981 (167 M€ de CA en 2022) et président du GIE Les Indés Radios (130 radios indépendantes régionales, thématiques et multivilles en France). « Je suis entrepreneur depuis 40 ans et j'ai toujours peur que ma boîte coule », confie celui qui a traversé des épreuves dans sa vie professionnelle.
Savoir douter et écouter
Le groupement est le premier employeur privé de la FM. Jean-Éric Valli se bat pour prouver que ce ne sont pas toujours « les plus gros qui exploitent les plus petits ». Son moteur : créer de l'anachronisme face aux messages convenus. « Les Indés Radios illustrent ce combat. C'est la résilience du média radio face à Internet grâce à la multiplicité des acteurs et la diversité des formats », justifie le dirigeant. Frank Lanoux, ex-directeur de RMC qui l'a connu dans les années 1980 lorsqu'il était patron de RFM, salue un grand professionnel du métier. « Il n'a pas de certitudes, aime douter et c'est certainement ce savant mélange qui est la recette de sa longévité dans cet écosystème. »
Combat pour la liberté et la cohérence
Les chantiers sont nombreux pour faire reconnaître toute la place que ce média mérite dans le PAF. Entre autres, le respect des quotas de musiques francophones et de nouveaux talents imposés sur les musicales qui, selon lui, créent des distorsions dans les programmes. Les mentions légales sont également un sujet délicat, tout comme la nécessité de plafonner les recettes de Radio France. Pour avancer, il rassemble. « Je veux renforcer le collectif, faire une alliance syndicale des radios publiques et privées pour défendre des sujets d'intérêt général auprès des pouvoirs publics », ambitionne celui qui déplore le mépris des ministres de tutelle à l'égard du média qu'il défend. Constance Benqué, présidente de Lagardère News (Europe 1, Europe 2, RFM) qui se remémore des échanges francs et musclés - mais toujours respectueux -, admire sa capacité à fédérer, en défenseur acharné des intérêts du média, de sa puissance et de son efficacité. Son talent de manager lui vaut d'avoir lancé avec succès l'application Radioplayer France, qu'il préside depuis 2020. Il a su convaincre six groupes de radios de rejoindre cette plateforme (230 radios, 700 webradios et plus de 200 000 podcasts). « J'aimerais que l'on propose une diffusion sans pub, sur abonnement. On se doit d'offrir cette alternative aux auditeurs », précise Jean-Éric Valli. D'ailleurs, aux annonceurs, il tient un discours de responsabilité. « La radio tisse un lien fort avec les auditeurs et la publicité fait partie du programme, mais il ne faut pas saturer les auditeurs. La radio n'est pas un panneau publicitaire, c'est un média vivant. À eux d'être créatifs et de soigner leurs campagnes », conclut le défenseur des antennes locales.
Quelques dates clées :
- 1982 Président du Groupe 1981
- 1992 Président du groupe Les Indés Radios
- 2020 Président de Radioplayer
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