Le secteur de l'influence se structure dans une fédération professionnelle : l'Umicc
En pleine polémique sur les "influvoleurs" et alors que le gouvernement a ouvert une consultation publique pour réguler le secteur de l'influence, agences et créateurs de contenu ont annoncé le 18 janvier la création de l'Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu (Umicc).
Je m'abonneQui aurait pu penser que la guerre menée depuis mai 2022 par Booba à l'encontre de la "papesse de l'influence" Magali Berdah (Shauna Events), et de ceux que le rappeur accuse d'être des "influvoleurs", aurait de telles déflagrations sur le secteur de l'influence ? S'il semblait désormais nécessaire de donner un bon coup de pied dans la fourmilière, la première percussion est venue du gouvernement : début janvier 2023 (le 8, précisément), le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de France, Bruno Lemaire, a ouvert une consultation publique sur le métier de l'influence et de la création de contenu. Histoire "d'en éclairer le contour et d'en poser le cadre", explique le site dédié au recueil des avis des Français dont les contributions pourraient nourrir les propositions du ministre d'ici mars 2023. Le 18 janvier 2023, les acteurs du secteur de l'influence contre-attaquent. Bien décidés à redorer par eux-mêmes le blason de l'influence, et à faire tomber les caricatures, ils annoncent la création de l'Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu (Umicc), une fédération professionnelle regroupant les acteurs du secteur de l'influence (agences d'influence, agences de créateurs de contenu, créateurs de contenu, notamment).
Sa mission ? "Promouvoir une image positive du secteur et des créateurs de contenus auprès du public et dans les médias, proposer les évolutions et réformes nécessaires aux pouvoirs publics afin que le secteur de l'influence bénéficie d'un environnement adapté à son développement ET faciliter le travail quotidien des créateurs de contenu en les aidant à connaître leurs droits et leurs devoirs", explique l'Umicc sur un site Web tout juste créé.
L'Union de 7 agences du marketing d'influence
Fondée par 7 agences référentes du marketing d'influence (Bump, Follow, Influence4You, Point d'Orgue, Reech, Smile Conseil et Spoutnik), l'Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu dit vouloir agir pour une "influence plus responsable afin de protéger les consommateurs". Unies, celles qui rassemblent à elles seules plus d'une centaine de créateurs de contenu comptant entre 100 000 et 18 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux YouTube, Instagram, TikTok et Snapchat, et 100 000 micro-créateurs de contenu, pourraient bien faire la différence.
Et puisque l'union fait la force, l'Umicc ouvre sur son site www.umicc.fr la possibilité d'adhérer à sa fédération, sous conditions de respecter une charte de bonnes pratiques - la fédération se réserve le droit de radier les membres qui ne respecteraient pas les règles, comme l'établissement d'une résidence fiscale en France pour les agences (et dans l'Union européenne pour les créateurs de contenu). Bye-bye les influenceurs de Dubaï et le dropshipping (vendre plus cher un produit à bas coût)... À date, selon Influence4You, 30 acteurs ont déjà fait une demande d'adhésion à la suite de la première réunion organisée par l'Umicc le 10 janvier dernier. L'adhésion donnera lieu à l'obtention d'un "label agence".
Un bureau intérimaire de l'Umicc a été constitué. Carine Fernandez, fondatrice et CEO de Point d'Orgue en prend la présidence. Stéphane Bouillet, co-fondateur d'Influence4You est secrétaire général ; Rubben Chiche, co-fondateur de Foll-ow Agency, trésorier, et Galo Diallo, fondateur de Smile Conseil, vice-président.
La création d'un "label créateurs"
L'Umicc annonce également un partenariat avec l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), qui oeuvre pour une influence responsable. En résulte la création d'un "label créateurs", dont l'obtention par des influenceurs / créateurs de contenu est conditionnée par l'adhésion à l'Umicc et par le passage du Certificat de l'influence responsable de l'ARPP - en septembre 2022, 150 créateurs de contenu l'avaient obtenu.
Pour faire évoluer le secteur de l'influence, l'Umicc qui portera d'une seule voix la parole des acteurs de l'influence auprès du gouvernement a déjà mis au jour 10 propositions, dont la définition juridique de ce qu'est un créateur de contenu, l'indication "simple, claire, unique et sans équivoque" de toute prise de parole rémunérée (ce qui est déjà censé être le cas) ou, encore, l'interdiction des envois de produits par les marques et leurs agences aux créateurs de contenu qui n'ont pas explicitement accepté de les recevoir via demande ad-hoc préalable.
Lire aussi : Quel est le rapport des Français aux influenceurs ?