Digital : une nouvelle ère pour l'industrie automobile
Revisiter son business model
La voiture intelligente et connectée bouleverse le paysage concurrentiel et les missions traditionnelles des acteurs de l'automobile. Entre l'amélioration de la sécurité routière, l'optimisation des déplacements des automobilistes, l'enrichissement de l'expérience de conduite, la profonde transformation de la physionomie des transports urbains ou encore l'amélioration de la connaissance et de la relation client... les constructeurs, les équipementiers, les loueurs mais aussi les assureurs vont devoir engager une profonde réflexion sur des modèles économiques remis en cause par le foisonnement d'innovations, l'émergence de nouveaux usages et l'arrivée de nouveaux opérateurs.
Les experts de Precepta ont alors imaginé plusieurs pistes pour chacune des catégories d'acteurs. Les équipementiers, qui ont vu leur pouvoir de négociation se renforcer sensiblement ces dernières années vis-à-vis des constructeurs, sont ainsi invités à se convertir en intégrateurs de connectivité. Réalisant intégralement des systèmes et partageant la conception des véhicules avec les constructeurs, ils ont troqué leur statut de simples fournisseurs pour celui de véritables partenaires.
Conséquence directe, les équipementiers produisaient 78% de la valeur d'un véhicule en 2010 (contre 56% en 1985). Parmi les exemples d'innovations lancées par les équipementiers mondiaux figurent la clé intelligente, le parking automatique ou encore la technologie de communication de Véhicule-à-Véhicule (V2V) et de Véhicule-à-Infrastructure (V2I). La voiture intelligente et connectée pourrait d'ailleurs bien signifier la prise de pouvoir des équipementiers en amont de la filière automobile.
Les deux grands axes stratégiques des équipementiers
Hier gestionnaires d'un parc automobile, les loueurs deviennent peu à peu des managers d'une communauté d'utilisateurs et de leurs déplacements. Les solutions de télématique embarquée leur permettent de collecter une multitude de données sur le véhicule et les déplacements des conducteurs. L'enjeu pour les loueurs réside dans la valorisation de ces informations sous la forme de nouveaux services de mobilité (autopartage, covoiturage, transports en commun, etc.) pour réduire le coût total de possession des véhicules. La transformation de leur modèle économique se heurte toutefois à la volonté des constructeurs de rester maîtres des données du véhicule.
Les assureurs pourraient de leur côté endosser le rôle d'optimiseur d'usages. En effet, la voiture intelligente et connectée, associée aux technologies de big data, introduit une rupture dans la façon de modéliser le risque. Il s'agit alors de remplacer ou d'enrichir les variables stables traditionnelles (CSP, âge, etc.) par des datas contextuelles (récoltées grâce à des capteurs). La circulation de données entre l'assureur et l'assuré rend en effet possible de nouvelles formes de tarification " comportementale ".
De plus en plus d'acteurs s'orientent ainsi vers le Pay How You Drive (PHYD ou style de conduite), à l'image de l'initiative " Allianz Conduite Connectée " d'Allianz lancée en 2014, après l'échec relatif du Pay As You Drive (PAYD). Au-delà de la refonte de produits et garanties, les assureurs doivent également saisir l'occasion pour améliorer la relation client. Ce qui passe par l'empowerment des individus, soit la restitution d'informations permettant au conducteur d'évaluer sa conduite ou son impact écologique à travers une batterie d'indicateurs.
Enfin, en raison de l'érosion de leur pouvoir de marché ces dernières années et d'une relation client souvent résumée à l'acte d'achat du véhicule par le consommateur, c'est pour les constructeurs que le défi de la voiture intelligente et connectée est le plus grand. En valorisant les données du véhicule, ils pourraient pourtant devenir des fournisseurs de services automobiles et ainsi proposer une offre commerciale adaptée au client, un certificat de garantie du kilométrage et de l'entretien lors de la revente, des applications d'info-divertissement, de la maintenance prédictive, des services géolocalisés (stations-services, parkings, etc.). En plus de générer des revenus supplémentaires, ces nouveaux services sont déterminants pour prolonger la relation client et fidéliser le conducteur.
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