MWC 2014 : les foyers, théâtre d'une guerre silencieuse entre mobiles, tablettes et télévisions
Dans une présentation très attendue lors du Mobile World Congress 2014, les dirigeants de Cisco, Viacom ou encore Shazam ont livré leur vision de la concurrence des devices au sein des foyers, et des potentialités qu'elle recèle.
Les technologies liées à la mobilité des consommateurs révolutionnent les usages. Dans la rue, dans les transports en commun, en voiture, les enjeux sont bien connus. Mais il existe un territoire où les devices mobiles, smartphones et tablettes en tête, se livrent une véritable guerre silencieuse mais non moins capitale : à la maison.
Qu'il s'agisse de contenu (vidéo, texte, audio), de jeux ou de réseaux sociaux, les consommateurs les utilisent d'ores et déjà dans leur salon sur un smartphone ou une tablette, mais l'enjeu est de parvenir à créer des passerelles transversales entre les différents devices en intégrant dans la réflexion, la télévision et dans une moindre mesure, l'ordinateur.
Pour John Chambers, CEO de la société spécialisée dans les infrastructures réseaux Cisco Systems, le postulat de base est clair :"il s'agit d'apporter le bon contenu, au bon moment, à la bonne personne sur le bon device. En clair, il faut parvenir à interconnecter les personnes avec les process et les données générées". Un challenge de taille puisqu'il estime par ailleurs qu'en 2020, il y aura dans le monde plus de 500 milliards d'appareils connectés, tout types de devices confondus.
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Ces évolutions entrainent par ailleurs des changements forts dans la manière dont les individus consomment les contenus disponibles sur chacun de ces devices. "En Europe, nous estimons que 90% de la génération Y regardent un programme télévisé en direct chaque mois, contre 50% qui regardent la télévision sur le Web", note Bob Bakish, CEO de Viacom International media Networks, propriétaire notamment de MTV, Paramount Channel, Nickelodeon, etc. Par ailleurs, 40% d'entre eux interagissent avec la télévision via les réseaux sociaux. Chez les 9-14 ans, 28% possèdent déjà un smartphone et 14% disposent de leur propre tablette. Aux Etats-Unis, en 2013, 23% du traffic de la chaine MTV provenait du mobile".
La multiplication des écrans au sein du foyer ne doit donc pas être sous-estimée. Un média vivant est un média qui saura proposer et adapter son contenu selon qu'il s'agit du second écran ou du troisième écran de la maison, avec des passerelles entre les deux, tout en intégrant les réseaux sociaux à leur stratégie. "Sur l'application éducative destinée aux enfants "MyNick Junior", l'utilisateur a la possibilité de mettre en pause un programme à tout moment, et de le reprendre dans un autre lieu comme la voiture longtemps après". Quant à la monétisation de l'audience, le CEO de Viacom croit davantage aux applications payantes, voir reposant sur un modèle freemium, avec une partie du contenu gratuit mais un accès payant pour l'intégralité du contenu.
Moins de 20 applications par mobinaute
Dans cet affrontement que se livrent les différents écrans de la maison, un en particulier règne encore en maitre. Duquel s'agit-il? La télévision. Et c'est relativement normal, la télévision est un média regardé depuis plusieurs décennies maintenant. Concurrencée par la tablette et le smartphone, elle perd néanmoins de sa capacité à concentrer toute l'attention de l'individu qui la regarde. "88% des américains utilisent leur mobile en regardant la télé", s'amuse Rich Riley, CEO de la fameuse application Shazam. "Shazam est mobile bien avant que le mobile soit devenu cool".
Une situation dont il a su pleinement tirer parti pour se hisser à la dixième place du top 20 des applications les plus utilisés par les mobinautes - Shazam possèderait 420 millions d'utilisateurs". Un peloton de tête très convoité par les éditeurs d'applications : "car la réalité, c'est qu'en dépit de la multitude d'applications qui existent, les mobinautes n'utilisent vraiment qu'une petite vingtaine d'applications", explique-t-il.
Pour y parvenir, Shazam a entamé une métamorphose accélérée pour passer d'application de reconnaissance de musique, à un véritable vecteur d'engagement envers les médias, à travers la télévision et le mobile Ainsi, en multipliant les partenariats avec les marques, Shazam est devenu incontournable pour les téléspectateurs.
Voter pour un candidat préféré dans l'émission X-Factor, obtenir du contenu additionnel sur le dernier véhicule de la marque Jaguar, en "shazamant la publicité", voir l'interview d'un acteur sur mobile en "shazamant" la bande-annonce du film dans lequel il joue, ou encore acheter des billets pour le prochain concert d'un artiste "shazamé" à la radio, tout ou presque est imaginable quant aux possibilités de Shazam. Et cela n'est pas tout, puisque tout ce qui est "shazamé" est collecté, enregistré, analysé, et potentiellement retargetable, pour continuer de nourrir jusqu'à plus faim en contenu, l'utilisateur final.
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