Comment la blockchain va-t-elle permettre cette traçabilité complète ?
> La blockchain en quelques mots
La blockchain n'est pas une technologie qui va remplacer les logiciels métiers (WMS, TMS). Elle va permettre de rendre visibles les informations clés détenues par ces logiciels aux autres acteurs de la chaîne. Elle compose une couche supérieure qui réalise le partage sécurisé de l'information. Il faut visualiser un registre, sur lequel sont inscrits les évènements liés à la marchandise. Chaque acteur détient une copie du registre qui est mis à jour simultanément et en temps réel. Ce dernier est ouvert en lecture et/ou en écriture, selon les politiques de droit définies au préalable. Il a la particularité d'être infalsifiable, partagé et sécurisé grâce à la combinaison de plusieurs procédés cryptographiques.
Internet a été la première révolution numérique, la blockchain sera la deuxième.
Comment ça marche ? Une transaction se fait directement entre les participants concernés. Une fois signée électroniquement par toutes les parties concernées, elle est validée par le système grâce au processus de consensus distribué. Ce terme barbare désigne la validation, l'enregistrement et la sécurisation de la transaction. Par exemple, dans le cadre de la livraison d'une marchandise, deux acteurs signent successivement la transaction : celui qui transmet la marchandise et celui qui la reçoit. Les deux parties s'accordent sur la bonne réalisation de la prestation. Cela concrétise le transfert de responsabilité.
Dans la blockchain, un processus valide que l'historique justifie la possession de la marchandise par le livreur à l'instant t et que le destinataire avait les droits pour la réceptionner. Une fois cette validation réalisée, l'enregistrement et la sécurisation de la transaction se font par un système technique basé sur la cryptographie et les mathématiques.
Le système n'a pas besoin d'acteur central pour fonctionner. La confiance est portée par la technologie elle-même et non un tiers de confiance. C'est en ce point que réside la rupture avec les solutions existantes.
> Une technologie éprouvée
Depuis 2008, la technologie blockchain est éprouvée dans le commerce de la monnaie électronique bitcoin. Sur cette blockchain, pas de banque. Les bitcoins sont échangés directement entre les participants et les mécanismes cryptographiques garantissent la sécurité et la fiabilité des échanges. En 2014, plus de 560 000 transactions ont été réalisées pour un montant atteignant 159 millions de dollars. Bitcoin est le 8e moyen de paiement mondial derrière Visa et PayPal et plus de 100 000 commerçants l'acceptent comme moyen de paiement (dont Dell, Wikipédia et Expédia).
Quels bénéfices tirer de la blockchain ?
Grâce à la blockchain, les acteurs deviennent proactifs et amélioreront leur performance. Une marque améliorera significativement l'expérience d'achat de ses consommateurs. Un distributeur obtiendra de la visibilité sur tous les acteurs en amont de la chaîne et disposera ainsi d'une meilleure connaissance de la qualité des produits qu'il vend. Pour un logisticien, la blockchain va permettre de répondre à 100% aux exigences de traçabilité imposées par ses donneurs d'ordre. Enfin, le consommateur final verra sa confiance envers la marque renforcée grâce aux informations produits mises à sa disposition. Cette liste des bénéfices n'est pas exhaustive, chaque acteur va dégager d'autres bénéfices qui seront propres à son rôle dans la chaîne.
> 2018, l'année des expérimentations
Comme il était impossible d'imaginer tout le potentiel d'Internet à sa création, il est difficile de concevoir toutes les portes qu'ouvrira la blockchain. Chaque jour, de nouveaux cas d'usages sont identifiés. La problématique réside désormais dans leur viabilité et dans la définition des solutions pertinentes qui s'y adosseront.
Cette technologie va permettre de franchir un cap dans la performance logistique, dès lors que l'ensemble des acteurs d'une chaîne se seront fédérés autour d'une solution basée sur la blockchain. Elle est un moyen de résoudre des problématiques trop complexes pour être adressées par les solutions du marché, ou par un seul acteur.
Cependant, il n'existe pas de solution logicielle préconçue pour tirer parti de la blockchain. Chaque écosystème doit mettre en oeuvre une solution basée sur cette technologie qui aura été spécifiquement étudiée et développée pour son besoin. Les acteurs doivent pour cela être accompagnés par des experts (ESN, start-up) ayant cette compétence blockchain.