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e-G8 : pas de révolution pour les cybermarchands

Le forum destiné à nourrir la réflexion des dirigeants du G8 sur l'avenir d'Internet, a rassemblé pas moins de 1 500 personnes au Jardin des Tuileries (Paris), les 24 et 25 mai derniers.

Publié par François Deschamps le
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e-G8 : pas de révolution pour les cybermarchands

Les acteurs de l’e-commerce, et plus généralement de l’Internet, seraient-ils les nouveaux grands explorateurs du XXIe siècle ? À en croire Nicolas Sarkozy, cela ne fait aucun doute. Initiateur du e-G8 Forum, dont il a assuré l’ouverture le 24 mai dernier, il a comparé les professionnels du secteur à Christophe Colomb, Galilée, Isaac Newton et même Thomas Edison ! « Internet est une révolution globale qui n'appartient à personne. Une révolution qui s'est faite sans violence, née sur les campus universitaires et non pas sur les champs de bataille. » Consensuel face à un auditoire composé de plus de 1 500 personnes, moteurs de recherche, professionnels de la publicité, e-commerçants, infrastructures, constructeurs, logiciels, télécommunications… il n’a en revanche pas ménagé ses efforts pour diffuser son message : Internet, son dynamisme et son économie numérique sont une partie importante de l’équation. L’autre part, sur laquelle il a particulièrement insisté, c’est l’importance de la régulation de cet univers. Il pointe ici sa volonté de créer un « Internet civilisé, avec un minimum de valeurs… car toute révolution a besoin d’être structurée, consolidée ». Dans ce discours, il marque sa volonté de construire des structures autour d’Internet. Dans les faits en revanche, prise de risques minimale puisqu’il n’apporte aucun élément concret, aucune solution pouvant nourrir son projet. « Je suis incapable de vous dire comment, concrètement, accompagner dans leur croissance les acteurs de l’économie numérique », a-t-il ironisé. Car il compte sur le e-G8 et le Conseil national du numérique pour lui apporter du grain à moudre. En revanche, reprenant les annonces faites quelques mois plus tôt par Éric Besson, ministre en charge de l'Économie numérique, il a rappelé que près de 4,5 milliards d’euros d’investissement étaient prévus, à terme, pour financer les infrastructures françaises liées au développement d’Internet.

Davantage d’implication
Fidèle à la ligne de conduite de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, est allée un peu plus loin, déclarant à l’adresse des professionnels du secteur : « nous [les gouvernements] ne devons pas nous abstenir d’intervenir sur le monde de l’Internet, car nous aussi faisons partie de vos clients, à travers les services publics ». Elle plaide donc en faveur de la mise en place d’un cadre commun avec les pays du G8, comprenant des règles communes, car selon elle, il existe des problématiques qui concernent tout le monde, comme l’emploi. Et pour cause, en 2010, le secteur de l'e-commerce en France comptait 60 000 emplois, dont 34 000 emplois directs et 26 000 emplois indirects. Ce nombre a par ailleurs progressé de 9 % entre 2009 et 2010.

Les droits d’auteur créent le débat
Si les échanges sont restés plutôt calmes tout au long de la journée, ils se sont intensifiés en fin d’après-midi sur un thème précis : “Économie de la création et des droits de la propriété intellectuelle”. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, s’est d’abord réjoui d’un apaisement des passions autour de la question, avant de rapidement s’apercevoir qu’en réalité, il n’en est rien. Rappelant les bienfaits de la création de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) dans le cadre de la protection des droits d’auteur, donc de la création artistique, il a rapidement dû faire face à des critiques provenant à la fois du public et d’un intervenant présent à ses côtés : John Perry Barlow, cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation, resté célèbre pour la rédaction de la Déclaration d'indépendance du cyberespace, publiée en 1996. « Pour la première fois dans l’histoire de l’Homme, il lui est donné le droit de s’exprimer et de satisfaire sa curiosité. C’est un héritage qu’il ne faut pas tuer en faveur de certaines institutions qui sont peut-être déjà obsolètes », a-t-il asséné. Partisans de la gratuité sur Internet contre défenseurs des modèles payants, au final c’est Jim Gianopulos, p-dg de la 20th Century Fox, qui a tranché : « Lorsque les processus de recherche d’accords entre professionnels échouent, ce sont les gouvernements qui doivent intervenir ».

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