Cityzen Data donne vie aux objets connectés
L'entreprise analyse des données issues de capteurs placés sur des objets pour améliorer notre quotidien et rendre la ville, intelligente. Cityzen Data est associée au " D-shirt ", un t-shirt connecté destiné aux domaines du sport, de la santé et du bien-être.
Je m'abonneDu t-shirt connecté à la ville intelligente, Cityzen Data analyse les données collectées à partir de capteurs qui équipent un nombre croissant d'objets. " Alors que le big data traditionnel consiste à faire du datamining de données clients, nous analysons des données qui viennent du monde des capteurs, de tout type de sondes ou encore de mobiles. Alors qu'une lecture d'un capteur correspond à peu de données, le volume global devient rapidement considérable du fait du nombre de capteurs et de la fréquence des remontées d'information. Cityzen Data organise ces données en " séries spatio-temporelles ". Nous remontons alors assez loin dans le temps pour détecter les signaux faibles et anticiper les évolutions dans le temps ", précise Hervé Rannou, dg de Cityzen Data.
Créée en 2013, l'entreprise a l'ambition d'investir tous les marchés via sa data management platform et la variété de ses outils :
- les " smart cities " (énergie, trafic, qualité de l'air, sécurité, éclairage public, places de parking, gaspillage...) ;
- l'industrie (monitoring et maintenance d'infrastructures, de réseaux, d'équipements...) ;
- la distribution et la chaîne agro-alimentaire ;
- la mobilité (transports publics comme privés et les usages autour du smartphone)
- les objets connectés.
Cityzen Data a passé un partenariat avec le laboratoire franco-chinois de l'université de Shanghai pour développer la recherche autour des " smart cities ". " Ils sondent les réseaux sociaux pour suivre les sujets brulants. Cette source d'information va alimenter la base spatio-temporelle de Cityzen Data. Cela va nous permettre, par exemple, d'identifier, des besoins spécifiques de transport à l'occasion d'un événement sportif ou culturel ", explique Hervé Rannou.
Cityzen Data a été créée, à l'origine, pour répondre aux besoins de Cityzen Sciences, entreprise spécialisée dans la conception, création développement de textiles connectés depuis 2008. " Nous avons compris que les données allaient prendre une importance considérable via les capteurs pour comprendre et analyser les profils de chaque personne ", raconte Hervé Rannou, qui est également VP data de Cityzen Sciences. Cette dernière a créé, en 2012, le consortium Smart Sensing pour concevoir et réaliser le D-shirt (digital shirt), un textile équipé de capteurs qui permettent d'enregistrer un ensemble de paramètres physiques, physiologiques et de localisation : fréquence cardiaque, déplacements, vitesse, accélération..., autant de données qui seront croisées par Cityzen Data pour mesurer, par exemple, un état de fatigue ou de stress, ou encore de risques physiques. Au-delà du domaine du sport, le textile intelligent a vocation à avoir des applications dans la santé pour suivre, par exemple, l'état physique de personnes âgées ou de personnes malades comme les diabétiques. Le marché du bien-être est aussi visé.
Le consortium rassemble différents savoir-faire autour de la réalisation de ce t-shirt connecté : Eolane (spécialiste de l'électronique), Payen (industriel spécialisé dans le textile à haute technologie), Telecom Bretagne (école d'ingénieurs), mais aussi le groupe Cyclelab (spécialiste du vélo). Smart Sensing a levé près de 18 millions d'euros dont 7,2 auprès de la BPI. Le défi était double pour les équipes : créer un textile connecté qui puisse à la fois être extensible et qui résiste au lavage. Son innovation a été récompensée au dernier CES de Las Vegas et Mobile World Congress.
Cityzen Sciences a d'ores et déjà passé des accords avec plusieurs clubs sportifs professionnels comme l'AS Saint-Etienne (football), l'Asvel et le pays d'Aix basket ASPTT (basket), le stade toulousain (rugby). Ces partenariats ont permis d'identifier les besoins en monitoring (suivi des performances sportives), de co-construire des algorithmes pour créer des indicateurs à forte valeur ajoutée et de développer des logiciels adaptés aux usages des coachs, des sportifs professionnels mais aussi du grand public.
Au-delà de ces prescripteurs, Cityzen Sciences vise le marché grand public via des équipementiers. Ainsi, Cyclelab, membre du consortium, commercialisera, à la fin de l'année, des équipements équipées de la technologie Smart Sensing dans ses magasins. Le prix de ce D-shirt connecté s'élèvera entre 150 et 200 euros. Le boîtier qui permettra de transférer les données analysées par Cityzen Data sur son mobile, reviendra à 150 euros au lancement du produit. Cityzen Sciences a, également, décroché un premier contrat avec un acteur mondial du sous-vêtement, et prospecte à l'international : l'entreprise est déjà en contact avec plusieurs groupes étrangers spécialisés dans le textile. Enfin, Payen, membre du consortium, est aussi en relation avec plusieurs marques. " Nous ne croyons pas que l'intégralité d'une gamme de vêtements sera, à l'avenir, connectée, mais nous pensons que le textile intelligent sera un moteur de différenciation et de croissance pour les marques, explique Hervé Rannou. Cette technologie ouvre la voie à un nouvel éventail de services proposés au consommateur, et une nouvelle forme de relation entre les marques et leurs clients ".
A plus grande échelle, Hervé Rannou est convaincu que si l'analyse des données spatio-temporelles était généralisée, nous pourrions en tirer des bénéfices insoupçonnés et, par exemple, éviter demain des crises sanitaires et de santé publique comme le scandale de la viande bovine ou le Mediator. Les séries spatio-temporelles constituent une rupture technologique dont Cityzen Data entend se faire le héraut, quitte à bousculer de grands acteurs du big data ... traditionnel.