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Harcèlement en agence de communication : où en est-on ?

L'Association des Agences-Conseils en Communication (AACC) et le collectif Les Lionnes dévoilent les résultats de la 2e consultation du baromètre du harcèlement sexiste, sexuel et moral dans l'industrie publicitaire. Le nombre de victimes connaît un léger recul.

Publié par Floriane Salgues le - mis à jour à
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Harcèlement en agence de communication : où en est-on ?

Quatre ans après les révélations #Meetoo dans la publicité et l'éviction du président de l'AACC, Laurent Habib, en 2020, l'Association des Agences-Conseils en Communication (AACC) et le collectif Les Lionnes dressent un nouveau bilan du niveau de harcèlement sexiste, sexuel et moral dans l'industrie publicitaire. Ce deuxième baromètre réalisé avec OpinionWay auprès de plus de 1150 répondants travaillant dans la communication ou y ayant travaillé au cours des trois dernières années révèle que le climat en agence s'améliore. "La tendance est positive sur la majorité des indicateurs de cette consultation", notent l'AACC et Les Lionnes. 58 % des personnes ayant répondu au questionnaire et travaillant toujours dans le secteur, jugent ainsi que le climat y est "serein" (+ 5 points) : elles n'étaient "que" 53 % à ressentir cette sérénité lors de la première édition du baromètre, en 2021.

Harcèlement : un léger recul du nombre de victimes

Le nombre de victimes de harcèlement connaît globalement un léger recul de 5 points par rapport à 2021 au sein des agences de communication. La bonne nouvelle : le harcèlement sexuel d'ambiance, lié à un environnement professionnel intimidant, hostile et humiliant en raison de comportements et de propos à connotation sexuelle, diminue assez nettement (18 %, - 6 points). En revanche, les formes de harcèlement plus directes et ciblées restent relativement stables : 36 % des répondants déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement moral (- 2 points), un chiffre qui grimpe à 40 % auprès des femmes (- 2 points) contre 30 % chez les hommes (chiffre stable).

Une parole qui se libère ?

Depuis 2021, l'AACC et Les Lionnes observent une évolution des attitudes et des comportements face au harcèlement au sein des agences. Les personnes interrogées sont moins tolérantes à l'égard de faits de harcèlement et les témoins et victimes semblent oser davantage en parler. Ainsi, 28 % des témoins et 30 % des victimes déclarent avoir signalé les faits de harcèlement (en hausse respectivement de + 6 et + 8 points). La peur est le premier frein au signalement des faits (selon 78 % des répondants). En 2021, 47 % des personnes ayant été témoins de faits de harcèlement ne les avaient ainsi pas signalés en raison de la peur d'être pénalisé dans leur travail (26 %) et de la crainte de possibles répercussions sur la personne victime (24 %). En 2023, 1 répondant sur 2 n'a pas dénoncé des agissements subis, car 54 % craignent d'être pénalisés dans leur travail, 44 % de ne pas être pris au sérieux ou d'être à nouveau harcelé (20 %).

Les répondants soulignent néanmoins les efforts en matière de prévention de leurs agences : 54 % déclarent que leur agence a mis en place un plan de lutte contre le harcèlement (+ 12 points) et 65 %, qu'elle les a informés/sensibilisés aux risques de harcèlement (+ 8 points). Mais les attentes sont encore fortes, notamment en matière de protection des employés qui dénoncent des faits de harcèlement (54 %). Comme l'explique dans un communiqué Julie Régis, présidente de l'association Les Lionnes, "si l'on constate des progrès dans le "dire", il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans le "faire". Depuis la dernière mesure, les agences de communication se sont emparées du sujet, le harcèlement n'est plus tabou, mais il ne faut pas s'arrêter là. Encore trop de violences ne sont pas signalées et quand elles le sont, la perception est qu'elles ne font l'objet d'aucune mesure concrète. C'est en s'emparant plus et mieux des outils existants et des sanctions applicables qu'on arrivera à éradiquer la peur dans nos agences pour rendre notre industrie exemplaire".

Une demande de passage de la parole aux actes

Les répondants du baromètre exigent de leur entreprise qu'elle s'engage, vraiment, dans la lutte contre le harcèlement. 45 % souhaitent ainsi une mise à pied systématique des employés mis en cause, ainsi que la mise en place d'outils de signalement et de surveillance (39 %). Si 82 % des interrogés (+ 13 points) savent que les managers ont été formés pour prévenir et agir en cas de harcèlement au sein de leur agence, ils regrettent un manque de visibilité sur les actions mises en place à la suite de signalements : 70 % des répondants n'ont vu aucune action à la suite des signalements et pour 34 %, aucune mesure n'a été mise en place après la dénonciation d'agissements. 36 % ne savent pas si le signalement a été suivi d'une action. La jeune génération doit également être davantage formée : 53 % des 18-24 ans ont eu, dans leur agence, un temps de sensibilisation aux risques de harcèlement versus 70 % des 50 ans et plus.

"Depuis 2021, la prise de conscience sur les faits de harcèlement dans les agences de communication s'est renforcée. Les agences sont aujourd'hui mieux structurées pour répondre aux attentes des collaborateurs. L'amélioration du climat en agence qui ressort du baromètre invite à poursuivre les efforts en matière de prévention et de suivi des faits de harcèlements", commente David Leclabart, coprésident de l'AACC, dans le même communiqué. Bertille Toledano, coprésidente de l'AACC, complète : "Le baromètre doit être utilisé comme un outil pour permettre aux agences d'engager un dialogue constructif avec leurs clients sur la thématique du harcèlement moral. En effet, cet enjeu ne s'arrête pas aux portes des agences de communication. C'est tout notre écosystème, y compris les annonceurs, qui doit participer à la discussion sur l'amélioration des conditions de travail des collaborateurs".

Pour l'AACC comme pour Les Lionnes il s'agit toujours "d'agir sur les trois piliers essentiels de lutte contre les harcèlements : l'information et la sensibilisation de tous les salariés, la formation des managers et la promotion de l'égalité femmes-hommes avec plus de femmes aux postes de direction".

L'égalité femmes-hommes semble s'améliorer

Le baromètre explore donc également le sujet de l'égalité femmes-hommes au travail. D'après l'édition 2023, la prise de conscience sur l'égalité femmes-hommes en agence a progressé depuis 2021. 83 % des répondants estiment ainsi que le sujet de l'égalité et de la parité entre les hommes et les femmes est désormais traité de manière importante ou prioritaire au sein de leur agence (+ 9 points). En matière de rémunération, des évolutions positives importantes sont notées. Les répondants sont aujourd'hui sensiblement plus nombreux qu'en 2021 à considérer que les femmes et les hommes sont rémunérés de façon égale au sein de leur agence : 39 %, + 7 points. Ils sont également de moins en moins nombreux à considérer que les hommes sont favorisés par rapport aux femmes pour l'accès aux postes à responsabilité (29 %, - 7 points) et l'évolution de carrière (27 %, -5 points). Cependant, de manière générale, les femmes sont plus réservées sur les avancées depuis deux ans. En effet, le sentiment que l'égalité de rémunération n'est pas appliquée concerne avant tout les femmes qui sont 26 % à partager ce constat contre 12 % des hommes.

Méthodologie : Les résultats sont issus d'une consultation, et non d'un sondage. Une consultation n'est pas représentative de l'ensemble de la population considérée, ainsi la part de femmes ayant répondu à la consultation (70 % contre 30 % d'hommes) n'a que peu évolué par rapport à la première vague de la consultation (-1 point). Elle demeure en revanche toujours légèrement supérieure à la proportion observée en agences de communication (58 % de femmes dans les agences membres de l'AACC contre 42 % d'hommes). La consultation a été menée en ligne du 3 mars au 24 avril 2023 auprès de personnes travaillant actuellement en agence de publicité ou de communication ou ayant quitté leur agence au cours de ces trois dernières années. 1 158 personnes ont répondu à cette consultation.

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