Le luxe de demain sera éthique ou ne sera plus
Parce que le luxe ne peut rimer avec pollution ou dégradation des valeurs de l'homme sans se porter lui-même préjudice, il peut se positionner comme tête de proue du développement durable.
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Si le luxe se vit à chaque stade de notre évolution, il est aussi la
concrétisation des désirs inconscients de l'homme. Une constante le
caractérise, la rareté. Or, aujourd'hui, c'est bien la planète elle-même et ses
éléments fondamentaux qui prennent le chemin de devenir luxe suprême. Une
déviance que beaucoup souhaiteraient ne pas voir mais que seul le développement
durable peut éviter. Puisqu'il relie la matière à l'homme, et que c'est aussi
précisément la problématique du luxe et de l'art qui sont frères. Il est à cet
égard frappant de constater le parallélisme entre valeurs du luxe et celles du
développement durable. Le luxe, à la croisée des chemins, doit donc
impérativement anticiper les grandes tendances des dix prochaines années.“Sans
développement durable, il n'y aura plus de luxe, plus d'art, car il n'y aura
plus d'homme ni de planète vivable”. Véritable passage obligé, le développement
durable joue donc le rôle d'un signal d'alarme, d'un réveil de la conscience et
restitue l'homme dans ses aspirations les plus nobles. Les industries du luxe
doivent prendre conscience que les deux notions de luxe et de développement
durable, aujourd'hui rarement juxtaposées, ne sauraient être dissociées dans
les stratégies futures.
D'autant que, dans un contexte de plus en plus
mondialisé et concurrentiel, ce secteur doit, pour maintenir le niveau de
croissance qu'il a connu ces dernières années, redéployer ses valeurs
fondamentales en les ré-adaptant aux nouveaux aspects de ce marché émergent.
Bien sûr, les dérives racoleuses de certaines marques ou les excès de certains
clients pourraient conduire à des amalgames, qui réduiraient l'industrie du
luxe à ses aspects négatifs comme le superflu, l'ostentatoire, l'artificiel,
l'inégalitaire ou la démesure. Mais cela l'éloignerait de ce qui fait son
essence : la qualité, l'idéal de perfection, le temps, la pérennité, la
création, l'expertise, la sensibilité, la rareté, la séduction… Des concurrents
étrangers, qui ne bénéficieraient pas de l'expérience, du savoir-faire et de la
notoriété des maisons françaises, pourraient bientôt être tentés de montrer du
doigt ces excès et d'utiliser de façon démagogique l'argument du développement
durable comme tactique protectionniste ou comme différenciation
discriminatoire. C'est donc dans ce climat prévisible de guerre idéologique que
le développement durable représente un renouveau, une opportunité qu'il est
indispensable de saisir.
Trois conseils pour un commerce équitable de luxe
l Anticiper, avant qu'elle ne soit imposée par la loi, l'intégration du développement durable dans les stratégies de l'industrie du luxe et la présenter comme une initiative pertinente et justifiée. l Commencer par le haut, convaincre les dirigeants et les actionnaires, puis diffuser cette vision vers le bas du système pyramidal, afin que chacun s'en préoccupe. l Concevoir cette intégration dans une approche globale du cycle de production, en favorisant à chaque étape (prélèvement matière, conception, fabrication, transport, utilisation, réutilisation et recyclage final…) la gestion réfléchie des ressources et mettre en place le commerce équitable du luxe.