Amérique du Nord/Europe : regards croisés
Quels types d'études sont passés du off au on line en Amérique du Nord ? Pourquoi ? Pour quel type d'études le switch s'avère-t-il plus difficile ? Qu'en est-il en Europe ?
À LIRE AUSSI
Bonnie Sherman :
L'utilisation du on line pour les tests de concept en Amérique du Nord domine
et compte pour plus d'un tiers des études on line. Le secteur de la grande
consommation a été, dans cette optique, le plus moteur, avec, pour les services
marketing, l'opportunité d'accéder plus rapidement aux résultats. De plus, les
nombreux parallel testing conduits pour les tests de concept on line vs off
line font que les normes sont désormais bien établies. Avec une pénétration
d'Internet de 70 % en Amérique du Nord, presque tous les types d'études peuvent
être conduits on line en obtenant des résultats représentatifs. Par exemple,
nos trackings publicitaires, nos études en mesure conjointe et nos tests de
publicité sont de plus en plus réalisées en ligne. En revanche, les études de
plus de 45 minutes sont difficiles à switcher, parce que les répondants sont
peu disposés à les compléter. Et les études nécessitant des échantillons
stables dans le temps ne sont pas vraiment adaptées à l'environnement on
line. Thomas Tougard : En Europe, nous avons suivi l'exemple de l'Amérique du
Nord, avec un développement croissant des tests de concept on line. Comme aux
Etats-Unis, ce développement doit passer par des programmes de tests en
parallèle que nous cofinançons avec les annonceurs. Les études CRM en ligne
bénéficient également d'une forte croissance, avec un développement
significatif des études de climat interne. Certaines études switchent
progressivement du off au on line en Europe, notamment les tests de produits,
certains marchés tests simulés, certains tests de packaging, une partie des
trackings de notoriété et d'image et certains pré et post-tests publicitaires.
On sent bien que, potentiellement, la plupart des secteurs et des méthodologies
sont aujourd'hui concernés. Les études les plus difficilement réalisables sur
le Net sont celles dont les questionnaires dépassent les 45 mn (donc certains
U&A), et celles pour lesquelles une manipulation produit ou une dégustation
produit contrôlée est nécessaire. Dans certains pays où la pénétration
d'Internet descend en dessous de 40 %, les résultats liés aux styles de vie et
aux valeurs sont également à analyser avec prudence, nos observations montrant
que certaines opinions diffèrent entre les internautes (en général plus
progressistes) et les non-internautes (plus conservateurs).
Quel est votre sentiment sur les prochaines tendances et les développements en Amérique du Nord ?
Bonnie Sherman : C'est un moment passionnant
pour l'industrie des études en ligne. L'utilisation de films ou d'applications
de très haute qualité dans les études monte en puissance, ce qui est
fondamental pour le développement de la réalité virtuelle, dans lesquelles les
répondants en ligne interagissent avec les produits dans un décor de magasin
réaliste. L'utilisation d'appareils sans fil pour collecter l'information est
un autre développement important, qui accompagne le développement du haut
débit. Nous continuerons de voir des études traditionnelles migrer vers le on
line en Amérique du Nord. Mais, de manière plus intéressante, nous verrons
aussi l'évolution de nouveaux produits d'études spécifiques au on line, qui
renforceront le pouvoir et la flexibilité du Web. Nos clients sont aussi très
concernés par le spam et les questions de confidentialité. Ce sont les
instituts qui maintiennent une haute qualité de panels qui réussiront. Enfin,
force est de constater qu'aujourd'hui, la confiance des clients américains n'a
jamais été aussi grande.
Et en Europe, comment voyez-vous ce marché dans les années à venir, et plus particulièrement en France ?
Thomas Tougard : En Europe, le constat est clair. Les premiers
annonceurs qui ont essayé les études en ligne continuent à faire appel à ce
mode de recueil, ce qui prouve le fort intérêt qu'ils peuvent y trouver à
l'usage. Reste donc à convaincre les non-essayeurs, encore nombreux à ce jour.
Ce travail de fond doit se faire par une montée en puissance des tests
parallèles, mais aussi par le développement d'offres spécifiques, qui apportent
des solutions non réalisables économiquement avec les recueils classiques :
bilan de lancement, interrogation de cibles rares, réalité virtuelle pour les
tests de packaging, permettant de fortes économies de maquette et de
logistique, etc. Une tendance que nous suivons de près actuellement : la
construction de panels propriétaires en ligne, permettant aux annonceurs de
consulter plus régulièrement que par le passé leurs cibles stratégiques.
L'écart que nous observons entre l'Amérique du Nord et l'Europe va certainement
perdurer encore quelques années, notamment à cause des fortes disparités
nationales en termes d'équipements Internet et haut débit, mais aussi
culturellement parlant. Cela nécessitera de maintenir des actions de persuasion
à l'échelle européenne mais aussi locale.