L'e-pub sort de l'adolescence
Malgré les déboires de la Net économie et la morosité globale des secteurs de la communication, la publicité en ligne a su se maintenir. L'heure est à la sagesse et à la consolidation de ce marché naissant, approché de plus en plus par les annonceurs traditionnels.
Je m'abonne
«L'année zéro de l'e-pub c'est 2002 ! lance Alexandre Stopnicki, P-dg de la
régie Numériland et président de l'e-syndicat qui regroupe une cinquantaine de
régies internes et externes. L'année 2000 avait été exceptionnelle, avec
l'explosion de l'Internet et de la création de dotcoms. En 2001, nous avons
subi un excès inverse, aussi bien à cause de la chute des valeurs internet que
du contexte économique international. Cette année sera celle de la sagesse. »
Jeune support de communication, la publicité sur Internet ne dispose pas encore
aujourd'hui de mesure de marché efficace. En témoignent les chiffres
contradictoires des instituts d'études : tandis que France Pub/Irep estime que
la vente d'espaces sur Internet a chuté de 20 % en 2001 par rapport à l'année
précédente, Forrester indique que l'e-pub a enregistré en France, pour la même
période une croissance de 29 %. L'IAB France, Internet Advertising Bureau,
vient d'ailleurs de conclure un partenariat avec TNS Sécodip. « Internet est
désormais un média comme les autres, explique Guillaume Buffet, président de
l'IAB France et directeur général de l'agence Singapour. Il est indis- pensable
que l'on dispose des mêmes outils pour recueillir les données sur les
investissements publicitaires. »
Objectif qualité
Au-delà de la morosité en termes d'investissements, la publicité en ligne
commence à être prise en considération par les annonceurs. « Les annonceurs
traditionnels arrivent en force sur l'e-pub, précise Guillaume Buffet. C'est le
signe qu'Internet s'inscrit dans l'univers global des médias. » D'après le
baromètre mensuel de l'e-publicité de mars 2002 du Journal du Net et de TNS
Média Intelligence, le poids des annonceurs traditionnels se renforce, avec en
première position le secteur bancaire, suivi du secteur automobile.
Parallèlement, le nombre d'internautes augmente et, malgré une progression bien
plus lente que prévu, les connexions haut débit se développent et permettent
d'envisager des formats publicitaires plus créatifs basés, par exemple, sur la
vidéo on line. Autant de signes positifs qui devraient permettre de redorer le
blason de la publicité en ligne. Car nombreux sont encore les annonceurs
échaudés par de fausses promesses qu'Internet serait un média idéal pour
installer une marque. « Il est impossible de construire une marque seulement
sur le Web, tranche Guillaume Buffet. Il faut trouver un juste milieu entre les
médias : la télévision pour construire la marque, l'Internet pour travailler la
relation avec la marque. » Les portails à forte audience, permettent également
d'augmenter la notoriété d'une marque, mais les atouts du Web aujourd'hui
tiennent plus à ses possibilités de ciblage et de mesure en temps réel des
performances. Les campagnes thématiques, sur des ensembles de sites spécialisés
se développent. Phénomène de plus en plus remarqué les envois ciblés de
publicités par mail, en complément des stratégies d'affichage sur les sites,
prennent de l'ampleur. « J'estime que l'e-mail pèsera cette année entre 10 et
20 % du marché de l'e-pub en France, contre 3 % environ estimés en début
d'année dernière », note Alexandre Stopnicki.
Un média mixte
Les prix du marché se font le miroir des atouts du Web en
tant que média mixte, mass média pour quelques sites, et outil de ciblage
précis sur d'autres. Le CPM, coût pour mille, en très forte baisse en 2001,
s'est mieux maintenu sur les sites à forte audience ou sur les campagnes
ciblées. « Dans les régies internes, qui commercialisent l'espace de leurs
propres portails ou journaux, le CPM est aux alentours de 23 à 30 euros net,
celui des campagnes thématiques de l'ordre de 8 à 23 euros net et celui des
réseaux peu qualifiés a atteint des prix de moins de 1 à 8 euros net au lieu
des 23 à 30 euros en 2000 », précise Alexandre Stopnicki, qui se bat au sein de
l'e-syndicat pour développer des règles de professionnalisme. « Logique-ment,
le marché commence à s'assainir, explique-t-il. Les acteurs qui sont restés
sont plus raisonnables. Nous n'en sommes plus aux politiques suicidaires de
certaines régies qui bradaient au maximum leurs offres. Une bonne régie
favorise la relation avec l'annonceur et développe de vraies politiques de
campagnes. » Un effort de qualité indispensable, aussi bien pour les affichages
en bandeaux que pour les stratégies par mail afin de vraiment positionner le
Web.