L'IMPRIMERIE TOUJOURS PLUS VERTE
Quand on utilise le média imprimé, la question de l'écologie est omniprésente. Taxé de polluant, le papier n'a pas bonne presse. Pourtant, les imprimeurs revisitent leurs méthodes de travail et se dotent de labels environnementaux.
Je m'abonneSerial killer, le papier? Rien n'est moins sûr... A ses détracteurs, il convient de rappeler qu'il est fabriqué uniquement à partir de bois de coupe indispensable au développement de la forêt. L'élagage permet, en effet, aux arbres de grandir. Et l'Office national des forêts (ONF) ne cesse de répéter que l'utilisation de la fibre vierge est importante pour faire vivre les bois. A l'heure où manger bio et se déplacer à vélo deviennent presque des nécessités pour être considéré par ses concitoyens, on reproche toujours au papier de ne pas être assez écologique. A la différence de la télévision et du numérique, l'imprimé est, dans la plupart des esprits, synonyme de cauchemar pour l'environnement. Pour mettre fin à cette réputation de pollueur, les imprimeurs ont appris à modifier leurs habitudes de travail. La mise en place de normes relatives au recyclage des déchets, dès les années quatre-vingts, puis l'élaboration d'un guide pour des impressions plus écologiques, pensé par la Fédération de l'imprimerie et de la communication graphique (FICG) en 1994, les ont amenés à rectifier leurs pratiques en matière de gestion des déchets et de choix des produits. Certains solvants ont définitivement été retirés des ateliers, les déchets chimiques ne sont plus déversés dans les égouts... Nassib Kazma, président de l'imprimerie Etoile Imprim (imprimerie éco-certifiée) explique: « Les imprimeurs ont investi dans du matériel consommant moins d'énergie, moins de papier et moins de produits nettoyants et chimiques ». C'est le cas, par exemple, de l'encre. Désormais composée à base d'huiles végétales, elle ne dégage pas de gaz à effet de serre. En 1998, la profession a franchi une nouvelle étape avec la création du label Imprim'Vert. Destinée à l'ensemble des professionnels, cette marque les aide à se mettre au vert. « Aujourd'hui, 2269 entreprises, soit près de 70 % des imprimeries françaises, sont labellisées Imprim'Vert »,, explique Julien Ravereau, porte-parole national de la marque Imprim'Vert et de l'Unic (Union nationale de l'imprimerie et de la communication).
CERTIFIE ECO-DURABLE
Le résultat est là: l'industrie du papier fait partie des plus réglementées en Europe et s'impose comme un secteur de pointe en matière de protection de l'environnement. Pour garantir à leurs clients que le papier utilisé provient de forêts gérées durablement, les imprimeurs doivent se doter des normes FSC (Conseil de soutien de la forêt) et PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières). L'acquisition de ces deux certifications n'est pas neutre pour les entreprises, surtout pour celles de petite taille, car cela nécessite des moyens. « La redevance annuelle fixe est identique pour tous et n'est pas proportionnelle au chiffre d'affaires », explique Morad Hafed, responsable coordination du groupe Color Print, imprimerie spécialisée dans le mailing haut de gamme.
RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME
Les imprimeurs ne se contentent pas de se mettre aux normes ; ils ont aussi fait des efforts importants pour recycler davantage de papier. Aujourd'hui, plus de la moitié des bois utilisés par l'industrie tricolore (60 %) provient de papiers et cartons récupérés et recyclés et 40 % des sous-produits de la forêt, déchets de scieries et de bois d'éclaircie nécessaire à la croissance de la forêt. En Europe, l'industrie papetière est en pôle position par rapport aux autres secteurs en matière de recyclage, avec un taux qui atteint aujourd'hui 66,6 %. Depuis 2004, la part de papier réinjecté dans le circuit de fabrication en Europe a aussi augmenté de 15,8 % pour atteindre 60,3 millions de tonnes sur les 90,5 millions de tonnes utilisées chaque année par la filière. Ces efforts ont notamment permis à la France de gagner 500 000 hectares de forêts au cours des dix dernières années. Parallèlement, les techniques de recyclage sont devenues plus respectueuses de l'environnement. Alors que dans les années quatre-vingts, le blanchiment du papier était réalisé avec du chlore, il est aujourd'hui effectué avec de l'eau et du savon, mettant fin au déversement de produits polluants dans les nappes phréatiques. Les résidus des opérations de recyclage sont incinérés ou réutilisés comme engrais pour les terres agricoles. Une plus-value environnementale qui n'enlève rien à la qualité du papier. En effet, grâce aux progrès industriels, le papier recyclé est de même qualité que son homologue issu de fibres vierges. Combinés à l'avènement du numérique, les enjeux environnementaux amènent les imprimeurs à repenser leur métier en travaillant sur la valeur ajoutée du papier: un média de communication efficace pour diffuser une information de manière ciblée. Pour Benoît Moreau (Unic), « l'imprimeur doit réinventer son métier pour personnaliser les documents et garantir une reproductivité totale, tout en respectant l'environnement ». En réalité, les imprimeries ne sont pas les seules concernées par ces mutations. Le routeur, le marketeur, le prestataire... tous doivent considérer le produit sur l'ensemble de sa durée de vie.
TECHNO
CONDITIONS D'OBTENTION DU LABEL IMPRIM'VERT
Pour obtenir le label Imprim'Vert, les imprimeurs doivent respecter un cahier des charges qui comprend une gestion de leurs déchets en conformité avec la réglementation française. Ils doivent également stocker les liquides dangereux (mise en place de bacs de rétention, de kits d'interventions d'urgence en cas de déversements, mise sous rétention globale de local de stockage) et ne pas utiliser de produits toxiques. Sensibiliser la clientèle à la protection de l'environnement, via des opérations de communication sur flyers ou sur le Web, fait aussi partie des conditions à remplir. Enfin, les imprimeurs doivent veiller au suivi de leur consommation énergétique (gaz, fuel, etc.). La marque Imprim'Vert a été créée pour encourager les entreprises à adopter les mesures nécessaires face aux enjeux énergétiques actuels.