Benoît Bole (LINK Mobility) : "Grâce à son adoption par Apple, le RCS devrait considérablement croître en 2025"
Quelques années après le lancement du RCS dans l'Hexagone et alors qu'Apple a récemment activé ce type de messages sur ses appareils, où en est le "SMS 2.0" en France ? Benoît Bole, DG France et COO Europe de l'Ouest de LINK Mobility, nous dresse un état des lieux du RCS et présente les nouvelles opportunités pour les annonceurs.
Pourriez-vous nous présenter l'entreprise LINK Mobility ?
Benoît Bole : Link Mobility est une société fondée en 2001 qui fournit des solutions professionnelles de business messaging. Ces dernières sont uniquement destinées aux entreprises. Nous sommes leader en Europe sur ce marché, qui recouvre le SMS professionnel, les messages sur WhatsApp, le mail ou encore le RCS (Rich Communication Services). Nous travaillons avec de nombreux annonceurs comme Leroy Merlin, Boulanger, Les Galeries Lafayette mais proposons également des solutions adaptées aux TPE/PME.
Quelles sont les dynamiques du RCS et du SMS dans l'Hexagone ?
B.B. : En France, 13,7 milliards de SMS professionnels ont été envoyés en 2023. Nous en avons envoyé environ 3 milliards, soit 20 % de part de marché. Parallèlement, nous avons envoyé 20 à 25 millions de RCS en 2024 (40 % de part de marché). Même si nous sommes encore loin des standards du SMS et que cela représente seulement 1 % du trafic, c'est plus du double par rapport à 2023. Le RCS connaît donc une dynamique vraiment impressionnante.
Le RCS est, en moyenne, 2 à 3 fois plus onéreux que le SMS. Quels sont les avantages, pour une marque, d'opter pour le RCS ?
B.B. : Je pense qu'à moyen terme, nous aurons une conversion bien plus importante encore vers le RCS car ce canal permet aux annonceurs de bénéficier de tout son enrichissement comme l'ajout de vidéos, de fichiers audio, de Gif, de PDF, de logos, de carrousels... Alors que le SMS est un simple message en noir et blanc ! Et les annonceurs ont tout à gagner à investir ce canal émergent car le ROI d'une campagne RCS est jusqu'à cinq fois supérieur par rapport à celui d'une campagne SMS. Nous espérons donc encore doubler voire tripler le nombre de RCS envoyés en 2025.
D'autant plus que les iPhones intègrent peu à peu ce dispositif...
B.B. : Absolument ! Cette décision d'Apple a permis de lever l'un des principaux freins au développement du RCS : son caractère non-universel. Avant cela, le RCS était seulement compatible avec les smartphones Android. Le taux de pénétration du RCS atteignait ainsi seulement 48 % en France avant cette décision. À la fin de l'année 2025, ce dernier devrait atteindre les 85 % ! Je pense donc que, chez LINK Mobility, nous devrions porter le nombre de RCS envoyés à 50 voire 75 millions en 2025 ! C'est une ambition réaliste même si l'intégration du RCS sur les iPhones prendra évidemment un peu de temps.
Pour quelles raisons ?
B.B. : Seulement les iPhones les plus récents ayant téléchargé la mise à jour iOS 18.2 (probablement disponible dès cette semaine) pourront recevoir les RCS. De plus, à l'heure actuelle, seulement un opérateur - SFR - a intégré le dispositif du RCS sur les iPhones. Cette semaine, Bouygues Telecom et Free devraient suivre. En revanche, Orange attend que le dispositif soit parfaitement opérationnel sur les iPhones avant de se lancer. Cela devrait être le cas à partir du second trimestre de l'année 2025.
Le rendu du RCS sur les iPhones n'est donc pas encore parfait ?
B.B. : Effectivement ! L'expérience à laquelle nous sommes habitués sur Android depuis 2-3 ans n'est pas encore la même sur les téléphones Apple. Elle est, aujourd'hui, un peu dégradée. Je vais vous donner trois exemples : tout d'abord, alors que le RCS sur Android n'est pas limité en termes de caractères, celui envoyé sur Apple ne peut pas contenir plus de 80 caractères ! Cela ne représente pas plus de trois lignes ! C'est encore plus limité que pour les SMS (160 caractères maximum). Ensuite, alors que le RCS sur Android permet aux marques de bénéficier d'un branding renforcé à travers l'apparition d'un petit bouclier qui certifie l'expéditeur, celui actuellement proposé sur Apple en est dépourvu. Enfin, la troisième limitation réside dans la qualité du rendu : il peut y avoir quelques problèmes d'affichage.
Pour ces différentes raisons, certaines marques - à l'instar de L'Oréal et Cetelem (groupe BNP Paribas) - ont décidé ne pas prendre le risque d'adresser leurs consommateurs avec du contenu dégradé en suspendant, pour le moment, leurs campagnes RCS. Mais lorsque les différents bugs identifiés seront supprimés et le rendu sur iPhone optimisé, la bonne dynamique du RCS se confirmera.
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