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#Société Quelles sont ces nouvelles habitudes prises au quotidien, au travail ou dans nos relations sociales et qui vont rester post-confinement ?

Publié par Barbara Haddad le

Durant ce "Grand Confinement", les Français ont mis en place de nouvelles routines au quotidien, adopté massivement le télétravail et digitalisé leurs interactions sociales mais que restera-t-il de ces nouvelles habitudes une fois la liberté (partielle) retrouvée ?

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#QUOTIDIEN Médias, cuisine, sport ... enfin le moment de prendre soin de soi !

Avant le confinement, les activités de loisirs des Français étaient déjà assez sédentaires : 59% préféraient les activités "à la maison" aux activités physiques (source : Harris Interactive). 63% déclaraient alors se divertir principalement en naviguant sur Internet, sur les réseaux sociaux ou en jouant aux jeux vidéo. Le visionnage des films, séries et émissions arrivait en troisième position (49%) et seuls 12 % déclaraient finalement pratiquer une activité physique ou sportive quotidienne. Toutefois, la tendance d'un "mieux manger" était déjà présente : toujours selon Harris Interactive, 90% des Français estimaient avant la crise que la nourriture occupait une place importante dans leur vie.

Ce qui a changé pendant le confinement ?

La crise sanitaire a poussé les Français à passer plus de temps à s'occuper d'eux et de leur intérieur. Cuisiner est alors devenu pour nombre de foyers une activité majeure dans la journée : "Faire la cuisine" est cité par 29 % des Français comme l'un des loisirs principaux (source Odoxa-CGI). Les tutoriels et vidéo live sur Instagram se sont alors multipliés pour inspirer les Français dans la réalisation de nouvelles recettes et faire du pain est devenue la nouvelle activité phare du moment. Les médias s'adaptent à cette nouvelle tendance, à l'instar de la chaîne M6 qui a lancé une émission innovante, "Tous en Cuisine", animée par Cyril Lignac. Diffusée du lundi au vendredi en direct à la fois en antenne TV et sur Instagram, elle permet à chacun d'assister à un véritable cours de cuisine à domicile. Un succès : le 13 avril 2020, l'émission a réuni 2,5 millions de téléspectateurs, un record pour M6 à cette heure-ci depuis 6 ans.

Les audiences des médias internet sont également en hausse, que cela soit sur du contenu d'information ou de divertissement. Ainsi, le site de 20 minutes enregistre régulièrement des pics d'audience comme le 17 mars 2020, avec 19 millions de lecteurs sur la journée vs 5 millions habituellement. La priorité des journalistes est donc encore plus aujourd'hui à la vérification et la diffusion d'une information sure, pour éviter les fake news (source Cision). Pour accompagner les Français durant cette période particulière, 20 minutes a également contextualisé sa newsletter en lançant une verticale intitulée "Restez positifs chez vous". Envoyée tous les jours à 12h , elle met en lumière les initiatives constructives et solidaires du moment.

Les contenus vidéos attirent aussi et notamment les plateformes de streaming, à l'instar de Netflix qui a séduit près de 16 millions de nouveaux abonnés au premier trimestre 2020 (selon un communiqué) ou de Disney+ qui est disponible en France depuis le 7 avril 2020 qui annonce avoir franchi le cap symbolique des 50 millions d'abonnés dans le monde, cinq mois après son lancement aux États-Unis. Concernant la télévision, de nouveaux formats d'émissions aussi apparaissent, à l'instar de France 3 qui a lancé le samedi 18 avril 2020 "Jouons à la maison". C'est le premier jeu télévisé en visioconférence. Quatre candidats répondent pendant une demi-heure à des questions en devinant les réponses les plus citées par les Français (un échantillon de 1000 Français, représentatif de la population, a été interrogé par Harris Interactive). Il s'agit bien souvent de questions contextualisées : par exemple " Depuis le confinement, les Français déclarent en majorité faire des câlins plus ou moins souvent ?".

L'attrait pour les podcasts s'est aussi accéléré, le studio Nouvelles Écoutes a ainsi annoncé pour le mois de mars 2020 une hausse de 22% des téléchargements par rapport à mars 2019. Pas étonnant alors que les marques lancent de nouveaux podcasts, à l'instar de Meetic qui a lancé "Amour et Confinement" pour évoquer toutes les façons de vivre le confinement, que l'on soit célibataire ou récemment en couple, ou de Leroy Merlin, qui vient de sortir "Écoute d'intérieurs", créé avec l'agence Brainsonic et animé par la journaliste Lætitia Nallet : " Nous avons voulu accompagner les Français dans ce confinement subi en leur proposant un contenu qui puisse à la fois les aider à s'évader tout en leur permettant de porter un autre regard sur leur intérieur" déclare Carine Negroni, directrice de l'éditorial chez Leroy Merlin .

Mais les Français bougent aussi et trouvent une occasion de s'évader à domicile grâce au sport. De nombreux cours de yoga, danse et fitness en live sont ainsi proposés sur les réseaux sociaux par des coachs sportifs mais aussi des marques comme Undiz ou Sézane. Décathlon a également rendu gratuit l'accès à sa plateforme de coaching sportif à distance E-Club et l'enseigne de salles de sport Basic-Fit a organisé deux journées d'entraînement en live les samedis 4 et 25 avril 2020 avec plusieurs coachs sportifs mobilisés. En complément, les recherches en ligne sur le yoga ont connu une croissance importante : +66% en mars, tout comme les volumes de recherche pour les cordes à sauter et les haltères : +70% (source : Semrush).

N'oublions pas non plus , le ménage et le bricolage : les Français y consacrent en moyenne 2h22 par jour pour le ménage et un tiers indiquent réaliser davantage de travaux d'entretien ou bricoler (source : Harris Interactive).

Enfin, le confinement aura eu pour effet d'amener encore un peu plus la culture dans les foyers avec de nombreuses initiatives menées de la part des théâtres, des musées ou encore des célébrités. Le musée du Louvre, sous le hashtag #Louvrechezvous met par exemple à disposition gratuitement une sélection de concerts filmés à l'Auditorium et propose une visite virtuelle de la Petite Galerie. Une application en réalité virtuelle permet aussi de découvrir la Joconde et les dernières recherches scientifiques concernant l'innovation artistique de Léonard de Vinci. Sur les réseaux sociaux, de nombreux artistes se mobilisent en proposant des concerts depuis chez eux ou en lisant un conte quotidien, à l'instar de Josiane Balasko sur Instagram. Sur Facebook, l'initiative #Ensembleàlamaison a été lancée dès le début du confinement pour soutenir et fédérer des contenus vidéo inédits en Live. L'artiste Jean-Louis Aubert a ouvert le bal en organisant le dimanche 15 mars un concert en Live sur sa page Facebook où il a réuni plus d'un million de spectateurs lors d'un moment généreux et sincère. Il n'a pas hésité à dialoguer avec ses fans qui lui ont laissé plus de 65 000 commentaires d'encouragement et de remerciements.

Ce qui pourrait rester après ?

Le mobile est aujourd'hui, plus que jamais, le compagnon de notre quotidien pour accéder à tous ces contenus. Ainsi, 62% des Français déclarent avoir augmenté leur temps passé devant leur écran mobile et près de 45% y passent plus de trois heures par jour (source Oppo Mobile et Ifop). Il y a donc fort à parier que les usages liés aux mobiles vont encore fortement se développer dans les mois à venir, que ce soit pour consommer de l'information, du divertissement ou réaliser des achats.

Ce que confirme Virginie Lubot, Directrice Executive Adjointe de Prisma Media Solutions :" Nous assistons à une forte croissance des audiences sur le digital de toutes nos marques media , avec 75% du trafic qui se fait désormais à partir du mobile. Par exemple, entre le 1er et le 20 avril 2020, nous constatons par rapport à la même période l'année dernière une hausse de +108% sur Femme Actuelle, + 155% sur GALA, +148 % sur Capital notamment. Sur les réseaux sociaux aussi, les interactions ont augmenté de 18%, notamment via des jeux, live, nouveaux programmes mis en place sur Instagram et Facebook comme des cours de coiffure en live et des coachings sportifs sur Voici. GALA est aujourd'hui le premier média français sur TikTok avec 677 000 abonné(e)s, 8 millions de vidéos vues et déjà plus de 7 millions de "J'aime" ! D'autre part, de nouvelles fonctionnalités ont été développées rapidement comme sur Capital qui a mis en place une fonctionnalité de débat en bas de ses articles que nous allons conserver après le confinement et Management qui a lancé un podcast " le JT du Télétravail" avec déjà 30 épisodes à date. Nous sommes convaincus que ces nouvelles tendances vont nous permettre de développer de nouveaux programmes éditoriaux afin d 'accompagner post covid les nouvelles attentes des Français".

En effet, du côté des médias, ce confinement aura été un catalyseur de nouveaux formats d'émissions : en live, peut-être moins parfaits mais plus authentiques et immersifs, dans le quotidien des animateurs. Ces nouvelles écritures pourraient donc rester post-confinement pour plus de proximité et d'interactions avec le grand public, avec des contenus tournés de plus en plus au smartphone, à la frontière entre ceux réalisés actuellement en TV et ceux créés par les influenceurs sur les réseaux sociaux. Pour les médias, ces dernières semaines auront été aussi l'occasion de retrouver une certaine confiance de la part de Français, ces derniers les ayant plus consultés pour se tenir informés de l'actualité et de nouvelles habitudes ont été prises comme la lecture d'un journal quotidien.

Enfin, le confinement aura aussi permis à nombre d'entre nous de se libérer du temps et de l'utiliser à des fins de nouvelles découvertes : d'une pratique sportive, d'une activité manuelle (cuisine, DIY), ou encore pour apprendre une nouvelle langue, écouter des podcasts etc. IL est donc probable que post-confinement, ces nouveaux rituels vont rester. Peut-être de façon moins fréquente, mais comme un rendez-vous avec soi, pour ne pas s'oublier et enfin prendre soin de soi !

#TRAVAIL Du Télétravail au Flex Office : vers plus d'autonomie des collaborateurs et un nouveau rôle pour le siège social ?

Avant le confinement, le télétravail représentait environ 20 à 30 % des salariés selon les études et en moyenne 1,2 jour par semaine (source Zevillage.net) : "Pour la plupart des entreprises françaises, le télétravail était comme la promesse faite à des amis qu'un jour on irait ensemble faire un baptême de saut en parachute alors qu'on souffre du mal de l'air et qu'on a le vertige. On trouve toujours une bonne raison pour ne pas le faire tout en admettant, face à eux, que ce serait une expérience formidable", explique Xavier de Mazenod, fondateur de Zevillage.net et co-auteur du livre "Le confinement expliqué à mon Boss", co-écrit en huit jours et paru aux Éditions Kawa.

Ce qui changé pendant " le Grand Confinement" ?

Aujourd'hui près d'1 Français sur 4 est concerné par le télétravail et jusqu'à 4 Franciliens sur 10 (source Odoxa). Le télétravail s'est donc imposé comme une révolution accélérée que beaucoup attendaient mais que d'autres redoutaient. Toutefois, il s'agit de relever que les conditions de télétravail pendant cette période de confinement sont particulières : " On assiste donc à un cumul de "mauvaises" pratiques qui ne sont habituellement pas recommandées : les salariés travaillent 5 jours sur 5 en télétravail en ce moment alors que l'on recommande plutôt 1 à 3 jours car au-delà on constate des problèmes d'organisation, une dissolution du lien collectif etc. Ensuite, le télétravail est normalement construit sur le volontariat alors que cette situation exceptionnelle impose cette pratique à des salariés qui, en temps normal ne l'auraient pas souhaité. Enfin, bien souvent, il est difficile de s'isoler à la maison, le télétravail s'effectue alors aux côtés des enfants et en simultané d'autres taches comme l'enseignement à distance", constate Xavier de Mazenod.

Pour faciliter l'organisation du travail à distance, l'usage des plateformes de visioconférences s'est démocratisé, à l'instar de Zoom qui bat des records de croissance : le nombre d'utilisateurs quotidiens a été multiplié par 30 entre décembre 2019 et avril 2020 et cela continue d'augmenter : alors qu'en mars 2020, la plateforme déclarait 200 millions d'utilisateurs quotidiens, depuis avril, ce chiffre est passé à 300 millions d'utilisateurs par jour. A noter tout de même, que le télétravail en est une des principales utilisations mais pas la seule : usage pour les visioconférences en famille ou entre amis etc. Ainsi, certains salariés peuvent découvrir un nouveau plaisir à travailler depuis la maison : autonomie dans l'organisation, environnement cocooning etc.

Mais, des difficultés aussi apparaissent chez d'autres salariés car, si habituellement le télétravail est souvent synonyme d'une plus grande efficacité des collaborateurs grâce à un environnement et une organisation maitrisés, ce confinement occasionne une charge mentale plus importante due aux multiples rôles à endosser, qui devient alors contre-productive. Ainsi, 48% des Français déclarent avoir des difficultés avec le télétravail en confinement (source QAPA, plateforme de recrutement en intérim) et 44% des salariés se sentent en situation de "détresse psychologique" (source Opinion Way). Nombreux sont donc les salariés à ce sentir sur-sollicités et le risque est d'arriver à un surmenage : "Le vrai problème du télétravailleur, c'est la difficulté de s'arrêter de travailler, voire une tendance à la culpabilisation du fait de ne pas être au bureau, qui l'amène à en faire trop. Le challenge des managers n'est alors plus celui de faire travailler leurs équipes à distance, mais de les faire vivre, en recréant par exemple les moments informels qui soudent une équipe de façon virtuelle via les réseaux sociaux ou les vidéoconférences et tchats", recommande Xavier de Mazenod. D'où l'importance de mettre en place certaines règles d'hygiène numérique : horaires de travail, droit à la déconnexion numérique le soir et le week-end etc.

D'autres salariés encore, avec les semaines qui passent, ressentent de plus en plus l'isolement comme un poids : ce qui manque alors le plus aux Français c'est l'émulation collective qui émane d'un espace de travail dynamique (43%) et la possibilité d'échanger facilement avec ses collègues (35%) - (Source : Étude Deskéo, solution immobilière pour les entreprises).

Du côté des managers, les pratiques ont aussi évolué : " Les managers sont devenus des "télémanagers" qui n'ont pas pu, à distance, continuer leurs rituels habituels comme les réunions du matin, l'encouragement des équipes par une petite tape sur l'épaule etc. Ils n'ont désormais plus accès non plus à toutes les attitudes non verbales de leurs équipes : comment savoir alors si chaque personne va bien, féliciter les uns, accompagner les autres dans leurs difficultés ? Ils ont donc du lâcher-prise et faciliter l'autonomie de leurs collaborateurs. Sur les réseaux sociaux comme Linkedin sont aussi apparues des communautés collaboratives pour se soutenir entre managers et échanger les bonnes pratiques", explique Alexia de Bernardy, fondatrice de la WeBox.

Ce qui pourrait rester après ?

Deux courants de pensée sont observables : "Le premier, celui d'une confusion probable entre télétravail et confinement : ce qui poussera certains salariés à ne plus souhaiter travailler à la maison, face à un ras-le-bol d'avoir été confiné pendant des semaines. Autre confusion possible, cette fois-ci du côté des entreprises, celle que les télétravailleurs sont moins performants alors que s'il y a actuellement une baisse de la qualité du travail c'est qu'elle est probablement due aujourd'hui à une charge mentale trop importante", prédit Xavier de Mazenod.

Pour d'autres salariés et entreprises, la tendance sera inverse, avec un confinement qui aura eu pour effet une démocratisation accélérée du télétravail. On pourra alors espérer que dans ses sociétés, un plus grand nombre de salariés aura accès au télétravail et sur un nombre de jours plus important (1 à 3 par semaine). Ainsi, 62% des Français voudront faire plus de télétravail après le confinement y voyant là comme avantages celui de gagner le temps habituellement passé dans les transports en commun et celui de pouvoir travailler dans le calme et se concentrer plus facilement. Toutefois, près d'1 Français sur 2 (45%) redoute que leur employeur s'y oppose par culture du présentéisme (43%) ou manque de confiance (17%) - (source Deskeo).

Conséquence, pour faire davantage de home office, 77% des femmes et plus de 82% des hommes sont prêts à ne plus avoir un poste de travail attitré au bureau : " Une organisation en "flex-desk" (ou sans bureau fixe) qui permettrait aux entreprises de réduire la surface de leurs espaces de travail et potentiellement de s'installer dans un quartier plus central et mieux desservi. Du côté du mobilier une évolution aussi est probable, avec des équipements plus confortables qui rappelleront l'atmosphère cocooning du domicile ", pense Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo.

Ce que confirme Alexia de Bernardy : " Le siège social des entreprises pourrait bien, dans les mois à venir, se transformer en "camp de base", où les équipes se retrouveront moins souvent mais pour des temps de partage de meilleure qualité : réunion d'équipe pour faire avancer les projets, célébrations d'évènements professionnels et personnels etc. L'immobilier aussi va évoluer pour ressembler de plus en plus à celui que l'on peut trouver dans des espaces de co-working, pour s'adapter aux nouveaux usages et faire du lieu de travail un cadre motivant".

Enfin, conclut-elle : "Le confinement ayant amené à une plus grande autonomie et responsabilité des salariés dans l'organisation de leur travail, il est fort probable qu'ils soient en attente d'un management plus souple post-confinement, avec une plus grande liberté d'action et d'organisation dans leurs différentes missions".

#VIE SOCIALE : quel sera l'équilibre entre rapprochement virtuel et distanciation physique ?

Avec le confinement, une nouvelle vie à distance s'est mise en place : télétravail, télémédecine etc. mais aussi rendez-vous virtuels avec sa famille, ses amis, ses collègues pour discuter, partager un apéro ou un repas à distance. Comment alors garder le lien avec ses proches pour prendre des nouvelles mais aussi partager des expériences à distance ?

Ce qui a changé pendant " le Grand Confinement" ?

Selon Harris Interactive, nombreux sont les Français qui souhaitent prendre davantage de nouvelles de leurs proches durant le confinement et 1 Français sur 2 estime que cette période va accentuer et raffermir leurs relations (49%). De nouveaux rituels ont été installés: plus de 80% des Français ont déjà téléphoné ou écrit à leur proche mais aussi plus d'un tiers ont envisagé d'organiser des apéritifs ou repas à distance via vidéoconférence. Ceci explique alors aussi l'explosion de l'utilisation de la Zoom par exemple mais aussi des messageries instantanées : Les appels sur Messenger ou Whatsapp ont plus que doublé par rapport à la même période l'année dernière et des applications comme Houseparty, créée en 2016, sont propulsées en tête des applications mobiles utilisées.

Mais le confinement a aussi généré d'importantes inégalités chez les Français et pour certains un important isolement social, notamment chez les personnes vivant seules, les familles monoparentales ou encore les personnes âgées. Les réseaux sociaux apparaissent alors comme un moyen de maintenir du lien : ils sont utilisés pour échanger avec ses amis (53%), ses proches (50%) ou se distraire (52%) (source : Institut CSA pour Linkedin France). Selon la même étude, une majorité de Français (55%) auraient d'ailleurs du mal à vivre le confinement sans les réseaux sociaux. Les réseaux professionnels, eux, permettent principalement de garder le lien aussi avec ses contacts professionnels (33%) et de rester informé sur l'activité de son entreprise ou d'un secteur (25%).

Outre le maintien du lien social, les réseaux sociaux revêtent une autre fonction majeure, celle de distraire ! Les Français passent désormais plus de temps à regarder des émissions en live, des sketchs, des concerts etc. : plus d'1 Français sur 2 (52%) déclare se rendre sur les réseaux sociaux pour y chercher de la distraction ou du rire (source Institut CSA). Sur TikTok, le divertissement est aussi à l'honneur : parodies humoristiques, danse ... et de plus en plus de vidéos postées impliquent tous les membres de la famille confinés ensemble. Le staff médical c'est aussi approprié la plateforme sociale, que ce soit pour faire passer des messages de sensibilisation ou s'accorder un moment de détente et faire redescendre la pression. Enfin, les célébrités également se sont mises massivement à créer désormais du contenu, pour le plus grand plaisir des utilisateurs qui ont l'impression de rentrer dans l'intimité de leur star préférée. La diversité des contenus est donc encore plus prégnante sur TikTok.

Le constat est sans appel : les vidéos et live attirent, peut-être parce qu'ils donnent l'impression de vivre des moments en communauté. Michael Stora, psychologue, psychanalyste et spécialiste des mondes numériques a ainsi déclaré dans un communiqué pour Snapchat : " Le contact visuel semble prendre de l'ampleur et vient sûrement révéler que considérer l'autre par la vue, est un mécanisme pour lutter contre l'absence du corps de l'autre. Palier à la séparation passe par un contact moins " froid " que l'écrit. La voix et le regard vont combler l'absence du toucher ".

Les réseaux sociaux accompagnent aussi les Français dans leurs nouvelles activités DIY, ainsi la plateforme sociale Pinterest enregistre des records d'audience et d'engagement : en France, les recherches ont augmenté de 157 % par rapport à l'année précédente sur les dernières semaines et au niveau international le visionnage d'épingles vidéos est aussi en hausse : +220% vs 2019. Parmi les thèmes majeurs les plus présents on retrouve : "dîner facile" (+59%), "Pizza maison garniture" (+132%) et "recettes de pain maison faciles" (+136%) pour la cuisine ou encore "couper ses cheveux soi-même" (+71%), "soin cheveux maison" (+49%), "Gommage corps maison" (+85%), "aménagement de jardin devant la maison" (+97%), "tenues pour l'été" (+89%) pour les préoccupations beauté et mode (Source Pinterest données internes au niveau Monde entre Avril 2019 et Avril 2020). "Ce pic d'audience et d'engagement confirme la valeur ajoutée de Pinterest pour les utilisateurs. En cette période de confinement, nous sommes particulièrement heureux de les voir se tourner si nombreux vers la plateforme. Pinterest leur apporte des solutions au quotidien en matière de cuisine, télétravail, travail scolaire, bien-être ... mais également de l'inspiration pour leurs projets de vie à plus long terme comme les voyages, célébrations, projets immobiliers qui reprennent significativement depuis quelques jours sur Pinterest", déclare Adrien Boyer, Country Manager de Pinterest France, Southern Europe & Benelux. Pinterest vient d'ailleurs de lancer l'onglet "Aujourd'hui" en France pour accompagner les utilisateurs à faire face au confinement : une nouvelle source d'inspiration qui présente chaque jour une sélection de thèmes choisis et les meilleures épingles du moment.

Dans un registre plus fun, des boîtes de nuit virtuelles et payantes ont même fait leur apparition sur Zoom, pouvant accueillir jusqu'à 1.000 personnes. Et du côté des applications de rencontre, de multiples innovations ont été initiées pour continuer à accompagner les célibataires dans leur quête de l'âme soeur : Tinder a ouvert gratuitement sa fonctionnalité Passeport, l'application Once a ajouté une fonction de rencontre par live-vidéo etc.

Enfin, pour lutter contre l'isolement, la tendance est aussi à un grand élan de solidarité communautaire. Sur Facebook par exemple, une semaine après le confinement, 500 000 Français étaient déjà inscrits dans plus de 1000 groupes d'entraide. Le réseau social a aussi lancé une nouvelle fonctionnalité nommée "Community Help" qui recense les informations clés issues du gouvernement et de la presse mais qui permet aussi de pouvoir demander ou proposer de l'aide de façon géolocalisée et de participer à des collectes de fonds. Avec cette fonctionnalité, les utilisateurs de Facebook en France peuvent livrer des courses à des voisins âgés, se porter volontaire pour distribuer de la nourriture via des banques alimentaires, ou encore faire des dons à des associations de terrain.

L'enseigne Chronodrive a aussi lancé le service Yper, la livraison collaborative : c'est un voisin ou une personne de proximité qui part chercher au drive ses courses de proximité. On peut enfin citer la récente mobilisation des enseignes Carrefour, Intermarché et Monoprix au travers de l'initiative " Masquesolidaire.fr" lancée par l'écrivain Alexandre Jardin, pour que les magasins puissent servir d'intermédiaire entre couturières et le grand public et que ces derniers viennent récupérer gratuitement des masques en caisse.

Ce qui pourrait rester après ?

Le déconfinement s'annonce progressif, avec la recommandation de garder une certaine distanciation sociale encore pendant un temps. Les interrogations sont donc nombreuses : serait-ce la fin de la "bise" pour se saluer ? Une certaine "crainte de l'autre" ne va-t-elle pas se développer dans la rue, en famille etc. ?

Toujours est-il que les appels vidéos s'étant fortement développés, il est probable que cet usage reste post-confinement, d'autant plus si cela a nécessité un équipement spécifique à l'instar de Portal, l'assistant vidéo de Facebook.

Toutefois, les écrans ont aussi pris beaucoup de places dans nos vies ces dernières semaines, tant chez les adultes que chez les enfants, ce qui peut pousser chacun à une réflexion quant à la place que l'on souhaite laisser au numérique et à la technologie dans son quotidien.

Enfin, espérons que ce grand élan de solidarité perdurera post-confinement et sera le début de nouvelles pratiques : courses collaboratives, soutien entre voisins etc.

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