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#Société Quelles sont ces nouvelles habitudes prises au quotidien, au travail ou dans nos relations sociales et qui vont rester post-confinement ?

Publié par Barbara Haddad le

Durant ce "Grand Confinement", les Français ont mis en place de nouvelles routines au quotidien, adopté massivement le télétravail et digitalisé leurs interactions sociales mais que restera-t-il de ces nouvelles habitudes une fois la liberté (partielle) retrouvée ?

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#TRAVAIL Du Télétravail au Flex Office : vers plus d'autonomie des collaborateurs et un nouveau rôle pour le siège social ?

Avant le confinement, le télétravail représentait environ 20 à 30 % des salariés selon les études et en moyenne 1,2 jour par semaine (source Zevillage.net) : "Pour la plupart des entreprises françaises, le télétravail était comme la promesse faite à des amis qu'un jour on irait ensemble faire un baptême de saut en parachute alors qu'on souffre du mal de l'air et qu'on a le vertige. On trouve toujours une bonne raison pour ne pas le faire tout en admettant, face à eux, que ce serait une expérience formidable", explique Xavier de Mazenod, fondateur de Zevillage.net et co-auteur du livre "Le confinement expliqué à mon Boss", co-écrit en huit jours et paru aux Éditions Kawa.

Ce qui changé pendant " le Grand Confinement" ?

Aujourd'hui près d'1 Français sur 4 est concerné par le télétravail et jusqu'à 4 Franciliens sur 10 (source Odoxa). Le télétravail s'est donc imposé comme une révolution accélérée que beaucoup attendaient mais que d'autres redoutaient. Toutefois, il s'agit de relever que les conditions de télétravail pendant cette période de confinement sont particulières : " On assiste donc à un cumul de "mauvaises" pratiques qui ne sont habituellement pas recommandées : les salariés travaillent 5 jours sur 5 en télétravail en ce moment alors que l'on recommande plutôt 1 à 3 jours car au-delà on constate des problèmes d'organisation, une dissolution du lien collectif etc. Ensuite, le télétravail est normalement construit sur le volontariat alors que cette situation exceptionnelle impose cette pratique à des salariés qui, en temps normal ne l'auraient pas souhaité. Enfin, bien souvent, il est difficile de s'isoler à la maison, le télétravail s'effectue alors aux côtés des enfants et en simultané d'autres taches comme l'enseignement à distance", constate Xavier de Mazenod.

Pour faciliter l'organisation du travail à distance, l'usage des plateformes de visioconférences s'est démocratisé, à l'instar de Zoom qui bat des records de croissance : le nombre d'utilisateurs quotidiens a été multiplié par 30 entre décembre 2019 et avril 2020 et cela continue d'augmenter : alors qu'en mars 2020, la plateforme déclarait 200 millions d'utilisateurs quotidiens, depuis avril, ce chiffre est passé à 300 millions d'utilisateurs par jour. A noter tout de même, que le télétravail en est une des principales utilisations mais pas la seule : usage pour les visioconférences en famille ou entre amis etc. Ainsi, certains salariés peuvent découvrir un nouveau plaisir à travailler depuis la maison : autonomie dans l'organisation, environnement cocooning etc.

Mais, des difficultés aussi apparaissent chez d'autres salariés car, si habituellement le télétravail est souvent synonyme d'une plus grande efficacité des collaborateurs grâce à un environnement et une organisation maitrisés, ce confinement occasionne une charge mentale plus importante due aux multiples rôles à endosser, qui devient alors contre-productive. Ainsi, 48% des Français déclarent avoir des difficultés avec le télétravail en confinement (source QAPA, plateforme de recrutement en intérim) et 44% des salariés se sentent en situation de "détresse psychologique" (source Opinion Way). Nombreux sont donc les salariés à ce sentir sur-sollicités et le risque est d'arriver à un surmenage : "Le vrai problème du télétravailleur, c'est la difficulté de s'arrêter de travailler, voire une tendance à la culpabilisation du fait de ne pas être au bureau, qui l'amène à en faire trop. Le challenge des managers n'est alors plus celui de faire travailler leurs équipes à distance, mais de les faire vivre, en recréant par exemple les moments informels qui soudent une équipe de façon virtuelle via les réseaux sociaux ou les vidéoconférences et tchats", recommande Xavier de Mazenod. D'où l'importance de mettre en place certaines règles d'hygiène numérique : horaires de travail, droit à la déconnexion numérique le soir et le week-end etc.

D'autres salariés encore, avec les semaines qui passent, ressentent de plus en plus l'isolement comme un poids : ce qui manque alors le plus aux Français c'est l'émulation collective qui émane d'un espace de travail dynamique (43%) et la possibilité d'échanger facilement avec ses collègues (35%) - (Source : Étude Deskéo, solution immobilière pour les entreprises).

Du côté des managers, les pratiques ont aussi évolué : " Les managers sont devenus des "télémanagers" qui n'ont pas pu, à distance, continuer leurs rituels habituels comme les réunions du matin, l'encouragement des équipes par une petite tape sur l'épaule etc. Ils n'ont désormais plus accès non plus à toutes les attitudes non verbales de leurs équipes : comment savoir alors si chaque personne va bien, féliciter les uns, accompagner les autres dans leurs difficultés ? Ils ont donc du lâcher-prise et faciliter l'autonomie de leurs collaborateurs. Sur les réseaux sociaux comme Linkedin sont aussi apparues des communautés collaboratives pour se soutenir entre managers et échanger les bonnes pratiques", explique Alexia de Bernardy, fondatrice de la WeBox.

Ce qui pourrait rester après ?

Deux courants de pensée sont observables : "Le premier, celui d'une confusion probable entre télétravail et confinement : ce qui poussera certains salariés à ne plus souhaiter travailler à la maison, face à un ras-le-bol d'avoir été confiné pendant des semaines. Autre confusion possible, cette fois-ci du côté des entreprises, celle que les télétravailleurs sont moins performants alors que s'il y a actuellement une baisse de la qualité du travail c'est qu'elle est probablement due aujourd'hui à une charge mentale trop importante", prédit Xavier de Mazenod.

Pour d'autres salariés et entreprises, la tendance sera inverse, avec un confinement qui aura eu pour effet une démocratisation accélérée du télétravail. On pourra alors espérer que dans ses sociétés, un plus grand nombre de salariés aura accès au télétravail et sur un nombre de jours plus important (1 à 3 par semaine). Ainsi, 62% des Français voudront faire plus de télétravail après le confinement y voyant là comme avantages celui de gagner le temps habituellement passé dans les transports en commun et celui de pouvoir travailler dans le calme et se concentrer plus facilement. Toutefois, près d'1 Français sur 2 (45%) redoute que leur employeur s'y oppose par culture du présentéisme (43%) ou manque de confiance (17%) - (source Deskeo).

Conséquence, pour faire davantage de home office, 77% des femmes et plus de 82% des hommes sont prêts à ne plus avoir un poste de travail attitré au bureau : " Une organisation en "flex-desk" (ou sans bureau fixe) qui permettrait aux entreprises de réduire la surface de leurs espaces de travail et potentiellement de s'installer dans un quartier plus central et mieux desservi. Du côté du mobilier une évolution aussi est probable, avec des équipements plus confortables qui rappelleront l'atmosphère cocooning du domicile ", pense Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo.

Ce que confirme Alexia de Bernardy : " Le siège social des entreprises pourrait bien, dans les mois à venir, se transformer en "camp de base", où les équipes se retrouveront moins souvent mais pour des temps de partage de meilleure qualité : réunion d'équipe pour faire avancer les projets, célébrations d'évènements professionnels et personnels etc. L'immobilier aussi va évoluer pour ressembler de plus en plus à celui que l'on peut trouver dans des espaces de co-working, pour s'adapter aux nouveaux usages et faire du lieu de travail un cadre motivant".

Enfin, conclut-elle : "Le confinement ayant amené à une plus grande autonomie et responsabilité des salariés dans l'organisation de leur travail, il est fort probable qu'ils soient en attente d'un management plus souple post-confinement, avec une plus grande liberté d'action et d'organisation dans leurs différentes missions".

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