Salaires marketing : évolution variable selon les fonctions
Baisse importante pour les CMO, légère progression pour leurs collaborateurs : dans le secteur du marketing, les salaires connaissent des évolutions contraires selon le niveau hiérarchique, comme le montre la nouvelle édition 2015-2016 du Guide des Salaires.
Je m'abonneLes chiffres sont tombés, et ils sont sans ambiguïté : "le directeur marketing a enregistré, en 2015-2016, un véritable camouflet salarial, avec une chute de 21% de sa rémunération médiane (passant de 93 200 euros à 74 040 euros cette année)", souligne le Guide des Salaires dans sa dernière édition (1).
Sa rémunération moyenne enregistre donc, sans surprise, une baisse de 13%, pour atteindre un total de 83 320 euros contre 95 500 euros l'an dernier (2).
Baisse pour les uns, hausse pour les autres
En ces périodes de crise, les rémunérations moindres des collaborateurs des CMOs ont été préservées et connaissent même une légère hausse : +2% pour les chefs de produits et + 4% pour les assistants marketing (rémunération médiane). Les écarts se resserrent donc entre le directeur marketing et ses collaborateurs. La rémunération d'un chef de produit avoisine désormais les deux tiers de celle d'un directeur marketing (+ 11 points par rapport à l'an dernier), et sa rémunération moyenne, établie à 54 120 euros contre 51 780 euros l'an dernier, progresse de 5%.
Mais, note le Guide, l'expérience, en ces temps de crise, est prise en compte et même valorisée. Au sein des directeurs marketing, les profils plus seniors connaissent une baisse limitée à 8 ou 1 % selon leur âge, tandis que les profils les plus juniors subissent une baisse de 20% de leur rémunération.
Écarts creusés pour les rémunérations variables
En 2015-2016, c'est la rémunération variable des directeurs qui subit la baisse la plus forte, - 34% en médiane. "En ces temps de disette budgétaire, le patron du marketing doit donner l'exemple en abandonnant primes et bonus. Le chef de produit ne subit pas, en revanche, la rigueur budgétaire imposée à son directeur", précise le Guide.
En effet, les chefs de produits, tout comme les assistants marketing, sont épargnés par les baisses. Les deux groupes connaissent des hausses de salaires fixes (voir ci-dessus) et variables (à deux chiffres pour les assistants) qui, à l'inverse de la population des directeurs marketing, sont d'autant plus fortes que le salarié est jeune.
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Homme-femme : l'écart se resserre... un peu
Le Guide de Salaires, qui mesure pour la 6e année consécutive les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes, remarque que la stricte égalité des sexes en termes d'effectifs "ne se traduit nullement par une égalité symétrique au niveau des rémunérations, même si l'écart s'est légèrement réduit cette année (17% contre 26% l'an dernier)". Les femmes gagnent, en moyenne, près de 10 000 euros de moins que leurs homologues masculins ! (53 121 euros contre 63 850 euros).
L'écart sur les bonus est encore plus flagrant : les femmes perçoivent un bonus de 28% inférieur à celui des hommes. Les directrices marketing s'en sortent un peu mieux puisque l'écart se réduit à 13%.
À noter, plus on descend dans l'échelle hiérarchique, plus l'échantillon se féminise (73% des assistants marketing et assistants chef de produits sont des femmes) et plus l'écart hommes-femmes de rémunération globale moyenne se réduit (-2%).
Inégalités salariales : aux États-Unis aussi
Pour lutter contre les inégalités salariales au détriment des femmes, l'association américaine AAUW a redessiné le billet de 10 dollars avec une femme et la valeur de ce qu'elle perçoit réellement, soit 7,8 dollars pour une femme caucasienne, 6,4 dollars pour une femme afro-américaine et 5,4 pour une femme latine. Source : creapills.com.
(1) Le Guide des Salaires 2015-2016, aux Éditions Législatives (ISBN : 978-2-85086-182-6), 448 pages, 966 € TTC.
Site guide-des-salaires.com.
(2) Méthodologie : l'enquête s'appuie sur un échantillon d'entreprises françaises représentatives par la taille, le secteur d'activité, la situation géographique... Les 121 fonctions cadres et non-cadres ont été sélectionnées en prenant en compte les modes d'organisation d'entreprises ou d'unités qui constituent le tissu économique et social français. Les résultats de l'enquête témoignent d'une réalité des rémunérations pratiquées dans les entreprises en 2015-2016. L'ensemble des données de rémunération est traité de manière statistique (calculs de médiane, déciles, quartiles, etc.) permettant l'analyse des rémunérations par facteur. L'analyse des données et le traitement statistique sont réalisés par un statisticien diplômé de l'ENSAE. Ce sont ces données, et elles seules, qui constituent la base de référence du Guide des Salaires, garantissant ainsi une très grande fiabilité des résultats.