CSA sort un cahier de "Dix chiffres-clés pour mieux comprendre les Français"
Mosaïques de points de vue de plusieurs experts de l'institut : du "trou noir sociologique" à "l'être plutôt que l'avoir" en passant par "la défiance", "les nouvelles formes de solidarité"...
"Dix contributions pour vous aider à mieux comprendre nos concitoyens en ce début d'année 2012, à l'aube d'échéances électorales décisives" : c'est ces termes de Charlotte Tortora (directrice du planning stratégique de CSA) et Bernard Sananès (président) présentent dans leur édito cette initiative. L'institut vient en effet d'éditer le "Cahier CSA 2012" sous-titré "10 chiffres clés pour mieux comprendre les Français", distribué en priorité aux clients de CSA.
10 chiffres issus d'études CSA commentés par des experts de l'institut. Quelques extraits :
33 % seulement des Français se disent optimistes pour l'avenir de la société : "le trou noir sociologique". Commentaires de Bernard Cathelat (CCA) : "Cette montée du pessimisme collectif est une tendance structurelle de notre société bien enracinée. On peut lire dans ce courant socioculturel une dynamique de désespérance sociale qui explique le niveau de désimplification des enjeux collectifs, de désolidarisation collective, d'étiolement des militantismes : c'est là que les bouffées de révolte des "indignés", encore minoritaires mais vives, trouvent leur source".
66 % des Français considèrent que la crise du secteur bancaire menace directement leurs économies : "la défiance, un risque systématique". Jérôme Sainte-Marie et Henri Boulan (direction générale de CSA), rappellent "le risque de propagation de la défiance du politique et du national vers le micro-économique et l'interpersonnel, phénomène proche d'une crise systémique qui menacerait la fluidité des échanges".
65 % des Français préféreraient un projet avec des résultats modestes mais immédiats plutôt que spectaculaires et qui prendraient du temps" : "de l'environnement... à mon environnement". Diane Hion (grande conso) et Laurence Bedeau (corporate) analysent ce "changement d'échelle et de lieu" : "Nous passons d'un discours sur 'la planète, les générations futures, demain' à 'mon quartier, moi, maintenant'. Les Anglo-Saxons résument le concept de développement durable en un triptyque "profit-planet-people", autrement dit permettre aux acteurs de l'économie d'être rentables, tout en préservant la nature et en tenant compte des enjeux humains".
36 % des Français sont membres d'une association : "les nouvelles formes de solidarité". Olivier Ginolin (quali) et Jean-Bernard Lainé (banque et services) expliquent cette tendance à une solidarité active malgré la crise et les facteurs anxiogènes. "Devant les défis socio-économiques, les Français investissent plus encore que par le passé le monde associatif, en complément des solidarités familiales et nationales. Ils sont progressivement en train de se transformer en 'wikicitoyens', acteurs d'une solidarité choisie et ciblée, davantage ancrée sur une dimension de proximité".
Lire aussi : Les cinq France de CSA
74 % des actifs français se déclarent aujourd'hui heureux dans leur travail... et pourtant : "réinventons le travail". Pour Agnès Balle (opinion), Sandrine Lévy-Amon (études transversales), Olivier Pauget (corporate) et Hélène Chevalier (vie au travail), "Il faut réinventer un nouveau mode de relation entreprise-salarié, fondé sur la réciprocité. Une des craintes, exprimées par beaucoup de personnes dans les enquêtes, réside d'ailleurs dans le fait de ne pas avoir de spécificité propre, de n'être qu'un rouage dans la chaîne que représente l'entreprise".
37 % des femmes internautes sont actives pour prendre la parole sur les blogs, sites d'information ou réseaux sociaux : "sur le Web, pas de XX ou XY". Adeline Vallet (banques et services) et Catherine Bouvier (études transversales) expliquent que les femmes gagnent "en influence dans la société de tous les jours (impossible de lister toutes les bloggeuses qui font désormais foi dans des univers jusqu'ici typiquement masculins) ainsi que dans des territoires professionnels visant à établir l'égalité des opportunités".
30 %des Français se connectent au Web tous les jours via au moins deux ou trois types d'écran : "plus intéressant que l'outil, l'individu !". David Roizen (conseil) et Isabelle Le Roy (médias) dressent le portrait des "everynautes", "ces individus qui sont connectés à tout moment, en tout lieu, car segmentant leur Web via leurs différents supports de connexion, que ce soit l'ordinateur, le smartphone, la tablette, la console de jeux ou la télé".
79 % des Français pensent que les activités sur Internet remplacent trop souvent la vraie relation humaine : "à l'ère du numérique, le réel retrouve une valeur spéciale". Nathalie Crombecque (grande consommation) et Frédéric Renaldo (solutions digitales) prouvent que "le réel fait de la résistance" et montrent que "les marques réinventent l'expérience", grâce aux exemples d'Abercrombie, d'ING Direct Café...
63 % des Français pensent que leur pouvoir d'achat va diminuer en 2012 "consommation : l'être plutôt que l'avoir ?". Gaëlle Brouard (planning stratégique) et Isabelle Lachaud-Gulphe (quali) évoquent la mutation "du nécessaire à l'essentiel", "du plaisir de l'objet au plaisir du cycle" et "de la possession à l'usage".
88 % des spectateurs d'"Intouchables" affirment que le film est une parenthèse d'optimisme dans un monde morose. Vincent Georget (médias) et Marine Guyot (planning stratégique) reviennent sur la façon dont "les Français résistent par l'art de la fugue, brève escapade voulue qui va s'alimenter de "petits riens" favorisant la digestion du présent" : progression des ventes de vernis, parfums, fonds de teint, casques audio... "Plus on répète et reprend les refrains hardcore de la crise, plus en écho, on veut du "pausitif"".
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