Recherche

Quelles sont les tendances food marquantes du confinement ?

Publié par Clément Fages le

Quelles tendances de consommation sont apparues pendant le confinement, et que va-t-il en rester après ? Réponses avec l'agence Canteen du groupe Wunderman Thompson, à l'occasion d'un webinar organisé sur le sujet après trois semaines de confinement.

Je m'abonne
  • Imprimer

Anti-gaspillage et surstockage en début de confinement

Dès le 14 mars, alors que les cafés, hôtels et restaurants devaient fermer leurs portes aux publics, et quelques jours avant la mise en place du confinement le 17 mars, la consommation alimentaire a été la première impactée par cette crise inédite. Selon Virgile Brodziak, dg de Wunderman Thompson, la première tendance à émerger a été celle de l'anti-gaspillage, alors que 180 000 établissements CHR étaient contraints de fermer du jour au lendemain, sans moyen d'écouler leurs stocks. De là, plusieurs initiatives sont apparues : les dons aux associations comme Les Restos du Coeur, Ernest et La Chorba, ou la mise en place de solutions par les applications spécialisées de la question comme Too Good To Go ou Linkee ; les dons directs aux consommateurs, à l'image de ce qu'a proposé le restaurant parisien Holybelly ; ou des tentatives de médiatisations, à l'instar du hashtag #pandemiesansgaspi lancé par le journaliste Hadrien Gonzales.


Dans la foulée, la tendance à utiliser les "fonds de placards", tant pour limiter le gaspillage que par flemme d'aller faire les courses, s'est également intensifiée. De quoi faire les choux gras des médias spécialisés comme Marmiton.

Enfin, difficile d'être passé à côté de la tendance au stockage, voire au surstockage. Alors que 39% des Français ont commencé à stocker avant l'annonce du confinement, dont 55% de moins de 35 ans, l'incertitude sur la durée de ce dernier a poussé les Français à acheter des produits de longue conservation : riz, pâtes, conserves de légumes, ou céréales pour le petit-déjeuner ont vu leurs ventes dopées d'au moins 40%. Et contrairement à ce que l'on peut observer outre-Atlantique, où les ventes d'alcool ont bondi (+42% pour la bière, +66% pour le vin et +75% pour les alcools blancs), les Français n'ont globalement pas changé leurs habitudes en la matière. Seule la consommation de champagne a diminué de plus de 60%.


Le DIY, le digital et le local s'imposent comme nouvelles habitudes (1/2)

Le confinement peut être angoissant, et il offre à beaucoup de Français du temps libre. De quoi pousser nombre d'entre nous derrière les fourneaux ! Si 40% des Français indiquent faire plus d'activité DIY depuis qu'ils sont confinés selon YouGov, 80% d'entre eux le font en cuisine. Au point où la prise de poids est redoutée par 42% des sondés, ce qui en fait la deuxième principale préoccupation. De quoi donner du travail aux coachs sportifs et aux diététiciens, qui ne doivent pas hésiter à lancer leurs offres en ligne selon Canteen.

Les médias ne sont pas en reste : les tutos pour faire son pain à la maison sont légion en ligne, tandis que les restaurateurs profitent de la fermeture de leurs établissements pour faire leur com', au travers d'émissions de cuisine en TV ou recettes "secrètes" partagées sur les réseaux, à l'instar de la chaîne Big Mama, qui a ainsi pu garder le contact avec sa communauté d'aficionados. On n'oubliera pas également les contenus permettant de créer ses cocktails à partir de ce que l'on a sous la main. Pratique pour briller à l'occasion d'un "skypéro" ou de sa version japonaise, le on-nomi. En Asie, certaines marques se sont d'ailleurs associées avec des plateformes pour digitaliser les soirées en boîtes de nuit, et promettent de continuer à faire vivre ces initiatives après le confinement.


Le DIY, le digital et le local s'imposent comme nouvelles habitudes (2/2)

Enfin, le digital a également permis à de nombreux commerces alimentaires et restaurants de livrer. Sur les deux dernières semaines de mars, les livraisons à domicile ont augmenté de 59% selon Nielsen. 31% des Français se sont ainsi fait livrer, et c'était la première fois pour 17% d'entre-eux. De même, l'utilisation du drive a augmenté de 62% sur la période. 48% des Français l'ont utilisé, et c'était la première fois pour 19% d'entre-eux. Au total, 33% des Français ont pu découvrir une alternative aux courses en magasin pendant la période de confinement.

Parmi ces alternatives, on peut notamment citer l'utilisation des circuits courts et de la vente directe. Déjà sur une bonne dynamique ces derniers mois, la vente directe est ainsi passée d'une croissance de 4% en février à +74% les premiers jours du confinement. Le spécialiste La Ruche qui dit oui ! a vu son chiffre d'affaires augmenter de 66% sur cette période, avec également une hausse de 27% du montant du panier moyen et de 30% du nombre d'agriculteurs inscrits. Par ailleurs d'autres initiatives ont permis ce développement, à l'image de la carte dynamique lancée par le Collège culinaire de France pour recenser les points de vente directe, ou à la campagne menée par le restaurant parisien Mieux, qui sert d'intermédiaire entre ses clients et ses fournisseurs habituels.


Préparer l'après

Canteen poursuit son exposé en tirant les leçons offertes par la Chine, premier pays à se déconfiner à grande échelle. Là-bas, la livraison à domicile reste encore la première source de revenus pour les établissements ayant rouvert. La défiance envers l'épidémie y est encore forte : les règles de distanciations sociales sont encore très appliquées, avec par exemple la limitation imposée de la capacité d'accueil, du nombre de personnes par table et de la distance entre les tables. Enfin, des chaînes comme McDonald's ont pris l'initiative de communiquer de façon plus intensive sur les normes d'hygiènes mises en place dans les établissements, allant jusqu'à faire signer la commande par l'employé en charge de la préparer.

Maraîchers, restaurants, cafés... L'ensemble de la filière a été mis à mal par cette période d'arrêt de leurs activités. Alors qu'en Chine, le déconfinement ne s'est pas toujours traduit par une réouverture de tous les établissements, qui faute de trésorerie, ne pouvait tout simplement plus payer leurs fournisseurs, leurs bailleurs ou leurs employés, on a vu en Europe et aux Etats-Unis se multiplier des dispositifs de pré-commandes. On citera les sites français soutien-commerçants-artisans.fr et sauvonsnoscommerces.org, ou encore l'intiative d'une plateforme comme Wecasa.

En effet, plateformes et entreprises ont intérêt à soutenir leur écosystème. Le brasseur AB InBev s'est ainsi engagé à doubler le montant des pré-commandes enregistrées via son opération "Bar solidaire" sous forme de dons. Enfin, Canteen évoque l'initative du célèbre restaurant Noma, qui propose, à l'image des contreparties offertes sur les sites de crowdfunding, de pré-réserver différentes formules valables ces deux prochaines années, de 670 euros le repas à 13400 euros pour une formule spéciale, accompagnée d'une rencontre avec l'équipe R & D, ainsi que son nom apposé sur un mur du restaurant.


S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page