Outox en sursis
Outox est jugée inefficace par l'Agence Française en charge de la Sécurité Alimentaire (Anses). Les dirigeants d'Outox parlent d'acharnement.
Au lancement d'Outox fin juin 2010, son pdg et inventeur, Maurice Penaruiz, déclarait que les vertus de la boisson et sa capacité à faire baisser le taux d'alcoolémie était bien réelles, études scientifiques à l'appui. L'étude clinique réalisée par le laboratoire Dermscan en 2010 a été rendue publique par la marque. La CLCV (association de consommateurs) avait alors pris position, pour dénoncer une communication qu'elle jugeait "mensongère et irresponsable".
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait quant à elle exigé de la marque le retrait d'allégations telles que : "permet une baisse sensible à importante du taux d'alcool dans le sang et de recouvrer plus rapidement un état normal" au profit de formules plus nuancées comme "Outox accélère la baisse naturelle du taux d'alcool dans le sang et prévient les lendemains difficiles".
Six mois plus tard, le 21 octobre 2010, l'Anses (Agence Française en charge de la sécurité alimentaire), affirmait que la composition du produit n'avait pas été précisée et que la méthodologie de l'étude fournie par le professionnel n'était pas appropriée. De plus, les réductions du taux d'alcoolémie observées sont d'une amplitude trop faible et se révèlent trop variables pour réduire les conséquences, notamment comportementales, induites par l'alcool. Elle indique que ces études ne permettent pas de tirer des conclusions concernant l'effet de ces nutriments sur l'élimination de l'éthanol. L'agence considère donc que l'allégation relative à la baisse de l'alcoolémie n'est pas fondée scientifiquement et n'est donc pas recevable. Or, selon la réglementation européenne de 2006, seuls des produits dont les vertus ont été jugées crédibles par les instances d’expertise peuvent être commercialisés.
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La marque a, semble-t-il, bien déposé un dossier auprès de l’Agence européenne de sécurité alimentaire. L'avis de cette dernière et sa traduction en termes réglementaires prendront de longs mois, durant lesquels Outox est libre de poursuivre sa commercialisation.
Pour sa défense, Outox affirme de son côté que l'Anses n'a pas testé le produit elle-même, fondant son jugement sur "une analyse partielle" des tests effectués par Dermscan, et qu'elle n'a jamais eu connaissance de la composition du produit (la DGCCRF ne lui aurait jamais transmis cette information). L'entreprise rappelle également que seule l'EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments) est compétente pour se prononcer sur le bien-fondé des allégations santé et qu'une "évaluation est en cours par l'EFSA". Enfin, les fabricants d'Outox affirment que le gouvernement se trompe de cible et "préfère s'attaquer à un safety drink qui atténue les effets de l'alcool plutôt qu'à l'alcool lui-même".
Pour se prémunir contre les attaques, de nombreux conseils préventifs ont été inscrits sur les canettes, le site internet d'Outox et sur les différents outils de communication.
"Attention, Outox n'annule pas les effets de l'alcool au volant", "Boire nuit gravement à la santé, consommez l'alcool avec modération" , "Ayez toujours le réflexe éthylotest".
On peut ainsi s'en procurer directement sur le site officiel ou dans des clubs comme le Madame à Paris, dont la directrice témoigne sur le site d'Outox pour vanter les mérites de la marque. Des accords de distribution ont également été conclus en Bretagne notamment, avec Intermarché, Leclerc, Écomarché, et Netto.
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