Vers la prédominance de la marque sur le support
De simples supports souvent mis en place par des passionnés, les sites Internet des médias off line deviennent aujourd'hui des vecteurs stratégiques de développement pour les éditeurs. Plus qu'une simple offre de services annexes, les sites web tendent à modifier les business plans et les stratégies globales. Dans un univers de concurrence ouverte, les différents médias disposent d'avantages considérables pour devenir des référents sur Internet. A condition d'avoir une réflexion adaptée sur la complémentarité des supports et la spécificité interactive du Net.
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Loin d'être des start-up voguant sur la frénésie d'investissement des
business angels et des petits porteurs, les médias traditionnels trouvent dans
le Web un prolongement plutôt naturel de leur activité off line. Institutions
plus ou moins vénérables, reconnus pour un savoir-faire qui n'a pas attendu le
développement de la Toile pour se tisser une réputation, les médias
investissent massivement le Web depuis quelques années. A une génération de
sites plus ou moins institutionnels, qui répondait à une quasi obligation de
présence sur Internet - "parce qu'il faut y être" -, ont succédé des sites
offrant globalement une vraie valeur ajoutée informative. Pour les médias, le
premier réflexe a souvent consisté à retranscrire on line le contenu de leur
offre off line. Ce temps des pionniers semble désormais révolu. Ayant compris
que les spécificités du Web ne leur permettaient pas de reconduire in extenso
et en forme identique leur contenu traditionnel, les médias off line ont
développé, à des rythmes différents, suivant leur vocation de précurseur ou de
suiveur, des offres spécifiques au support. La plupart des sites médias sont
axés sur le contenu. Le plus souvent, ce contenu est basé sur l'information.
C'est particulièrement le cas pour les journaux papier. A une époque où la mise
en ligne du contenu papier était le principal atout du site a succédé une
époque avec du contenu propre au support Internet. La plupart des titres ont
installé une rédaction dédiée au Web, qu'elle soit en liaison étroite avec la
rédaction papier ou non. Toutefois, un des principaux freins au développement
rapide des sites des journaux a concerné, et concerne encore parfois, les
accords de droits d'auteur sur Internet. La valeur ajoutée des sites
d'information étant constitué, en plus du flux d'information, des archives du
support off line. Se pose alors le choix délicat pour les éditeurs de mettre
leurs archives en accès gratuit ou en accès payant. Les deux modèles coexistent
encore, même si une tendance semble se dégager vers un accès libre de tout le
contenu du site.
LA MARQUE, VÉRITABLE SOUTIEN DE LA LÉGITIMITÉ DES SITES MÉDIAS
Les chaînes de télévision sont également engagées
dans un processus où l'information prend une place majeure. L'expérience
préalable des chaînes a pu leur servir de point de départ à l'offre Internet. «
Le télétexte a servi de base à la création du site au niveau des rubriques et
de l'actualité », souligne Philippe Dumez, chef du service Télétexte-Internet
de France 2. Suivant leur légitimité musicale ou informative, les radios
adoptent aussi des positionnements différents. Chaque site média s'inscrivant
essentiellement dans un positionnement que lui confère son support off line. «
Chacun reste marqué par son image off line, note Mickaël Boccaci, directeur du
marketing et du développement du Monde Interactif. Cette image nous a servis,
les lecteurs du quotidien étant très présents sur Internet. » « Nous avons une
marque forte et nous devons capitaliser sur cette marque », explique Gérard di
Tella, chargé de mission à La Tribune. Là où la création d'une notoriété, d'une
image, d'un positionnement nécessite un investissement massif pour les sites
uniquement présents sur Internet, les supports on line bénéficient déjà de
crédibilité et de reconnaissance. Toutefois, la marque n'est pas en soi
porteuse de succès sur Internet. Il convient de trouver l'offre la plus adaptée
au support électronique et de ne pas rester engoncé dans un contenu trop proche
du off line. « Nous adaptons notre savoir-faire aux spécificités du Web »,
déclare Luc Vignon, directeur du développement Internet de la régie du Nouvel
Observateur. Trouver une valeur ajoutée et enrichir l'offre par rapport au
contenu off line est essentiel dans l'acquisition d'une position forte sur le
Web. Les possibilités offertes sont énormes.
UNE CONCURRENCE BEAUCOUP PLUS LARGE
Internet permet d'élargir le contenu originel
pour intégrer une production multimédia. Son, image, vidéo, texte se marient
parfaitement sur le Web. Si pour les journaux papier, l'implantation de vidéo
n'est pas forcément un réflexe naturel, tous réfléchissent à cet enrichissement
favorisé par la simplification de la technique et la diminution des coûts
induits. Pour les télévisions, la mise en ligne de vidéos provenant de la
chaîne est une première étape. Les chaînes proposent en particulier l'accès à
leurs journaux télévisés en ligne. Ce qui permet sur tf1.fr, par exemple, de
les regarder de manière indexée en sélectionnant soi-même l'information jugée
intéressante. Mais la reprise des vidéos de la chaîne n'est qu'une étape, la
suivante concernant la production propre au site. Toutes ces vidéos constituant
des produits d'appel pour la création de trafic. Internet permet de lisser les
différences traditionnelles entre les médias qui convergent, tout du moins dans
la forme, vers des contenus intégrant les mêmes éléments. « Chacun des médias
classiques se trouve à converger vers le numérique », constate Mickaël Boccaci.
La différenciation de l'offre s'effectue donc plus sur le contenu que sur le
contenant. De fait, la concurrence pour les supports en ligne se trouve
considérablement élargie. Les quotidiens papier y deviennent concurrents des
grandes chaînes de télévision ou des radios généralistes, étant donné que tous
se trouvent, avec des spécificités diverses, fournisseurs d'information. «
L'outil Internet pousse tous les médias vers le multimédia, mais ils restent
généralement sur le même positionnement marketing », analyse Thierry Grillot,
responsable du département médias au sein de l'activité multimédia d'Atos.
Néanmoins, reprendre un positionnement strictement identique sur le Web n'est
pas nécessairement un bon choix, le profil de l'internaute pouvant être
radicalement différent de celui du lecteur, de l'auditeur ou du téléspectateur
du média de référence. Il convient donc de s'adapter aux spécificités d'un
public par essence volatil et exigeant. Mais la différenciation entre le public
du support traditionnel et celui du Web est également un facteur de
développement considérable, et permet d'ouvrir une brèche dans les
positionnements figés des supports off line. Bref, de conquérir un nouveau
public a priori peu accro à la marque d'origine. « Nous élargissons le lectorat
à travers ce que nous offrons sur le site, comme les nouvelles technologies ou
le sport, commente Mickaël Boccaci. Mais les lecteurs papier vont aussi sur le
Web. » « Internet nous permet d'élargir notre bassin de lectorat », ajoute
Gérard di Tella. Une des premières interrogations posées par la mise en place
d'un site Internet concernait une captation de l'audience du support référent
au profit du Web. A priori, si la question reste ouverte, la phagocytation d'un
support au profit de l'autre semble devenir un enjeu moins sensible. Pour la
presse écrite, la présence d'un site ne provoque visiblement pas de baisse de
diffusion inconsidérée, tant que la complémentarité est respectée. Un site
Internet permet de réactualiser l'information en temps réel, ce qui, suivant le
rythme du support traditionnel, apporte une valeur ajoutée certaine et un
enrichissement éditorial. « Sur Internet, on n'est pas bloqué par la place,
contrairement à la télévision, souligne Philippe Dumez. Plus le contenu est
large, plus on peut intéresser de personnes. » Les supports peuvent donc sortir
de leur offre habituelle et élargir le nombre de "marque addicted". Fidéliser
l'internaute, qui est confronté à une offre pléthorique, s'avère bien souvent
plus difficile que le conquérir sur un média dont la progression globale de
l'audience est en constante croissance. La fidélisation est d'autant plus
importante que le site se veut généraliste. Ainsi tf1.fr décline des sites
thématiques destinés à fidéliser des cibles socio-démographiques (enfants,
femmes). Toutefois, la fidélisation nécessite la connaissance de son audience
et le traitement d'un nombre conséquent de données, donc des investissements
lourds. « Il faut une grande masse d'internautes avant de faire de la
fidélisation », résume Thierry Grillot. Le traitement et l'acquisition des
bases de données en est encore à ses balbutiements pour les médias présents sur
Internet.
DES PROMOTIONS RÉCIPROQUES
Le site Internet
peut aussi provoquer un regain d'intérêt pour le support off line, et pourquoi
pas, à un moment donné, servir de vecteur de promotion au support d'origine de
la marque. Ainsi les sites des télévisions sont souvent utilisés comme teasing
pour les programmes diffusés, dont une partie peut être disponible avant
diffusion. De même, les sites radios, musicaux notamment, peuvent valoriser le
contenu de leurs programmes en offrant des vidéos, clips ou interviews des
artistes diffusés. C'est notamment le cas de NRJ (voir MM 49, p. 95). Pour les
journaux papier, l'offre d'abonnement via le site est également utilisée. Les
renvois fonctionnent dans les deux sens, et c'est là où les sites médias
bénéficient d'une exposition sans équivalent, la puissance du support
traditionnel permettant d'effectuer une promotion à moindre coût pour le site
Internet. Les communications publicitaires du support traditionnel mentionnent
aussi le plus souvent l'adresse Internet. C'est dans l'élargissement des
services qu'Internet offre aux médias la possibilité de sortir le plus
radicalement de leur vocation première. Se revendiquant pour la plupart comme
des portails, les sites médias proposent en temps réel, météo, bourse, trafi...
Des services qui se retrouvent également sur les grands annuaires et moteurs de
recherche. « Nous allons développer des sites verticaux de services pour
lesquels nous nous appuierons sur des partenariats », explique Stéphane Hauser,
directeur de la publicité Web de Libération. Développer des services en
adéquation avec le positionnement du support devient un enjeu majeur pour les
sites médias. Et devenir partenaire de sites médias, important pour les
fournisseurs de services du fait de l'audience et de l'image apportées par
ceux-ci. « Nous souhaitons créer un réseau de sites partenaires qui sont
référents dans leur domaine », indique Luc Vignon. Reste que le développement
de services, notamment commerciaux, n'entre pas toujours en adéquation avec les
aspirations déontologiques liées à l'information. Ses services entrent plus
dans une problématique de cible. « Le véritable enjeu est d'offrir à nos
lecteurs en grandes entreprises un bouquet de services profesionnels de
proximité », explique Gérard di Tella. Cependant, la question du profil réel
des internautes se pose. Si les sites ont une audience qui commence à être
quantitativement bien définie, le profil précis des visiteurs n'est pas encore
parfaitement déterminé. De plus, l'augmentation croissante de l'audience ne
permet pas de dégager une stabilité du profil. Internet reste un média où
l'apprentissage est quotidien. L'analyse de la provenance des internautes
dégage apparemment une proportion intéressante de personnes se connectant de
l'étranger. Là encore, les médias bénéficient de la reconnaissance de la marque
et de leur vocation informative. La publicité constitue une des ressources
privilégiées sur Internet pour les médias. Leur puissance les installe en
position de force sur ce marché. « Il y a un achat instinctif sur les sites
médias. Ils présentent une sécurité pour l'acheteur », souligne Pierre-Louis
Fontaine, directeur marketing et communication de AdLink. Dans le monde réel,
les médias maîtrisent la mécanique publicitaire alors que l'e-pub implique des
mécanismes quelque peu différents. « Internet est un support différent des
médias traditionnels, affirme Pierre Boulet, directeur général de Real Media
France. On y vend une audience utile, alors que sur les autres médias, on
achète une audience potentielle. » Entre externalisation et internalisation, le
choix du meilleur mode de commercialisation de l'espace se pose pour tous les
éditeurs. Cependant, la plupart des gros sites agrégateurs de contenus
disposent d'une régie ou d'un service commercial interne ou filialisé. « Pour
beaucoup de supports, les ressources internes ne permettaient pas de vendre
leur espace. Maintenant, quand ils gagnent de l'argent, ils voudraient
internaliser », constate Pierre-Louis Fontaine. L'argument des spécificités
liées à Internet est en partie réfuté par les supports où le service est
intégré. « Nous avons créé un département de Régie Obs pour acquérir et garder
l'expérience sur un marché nouveau, ainsi que pour créer des synergies avec le
papier. Une régie externe aurait pu diluer la perception du nom sur le marché
», estime Luc Vignon. « Nous bénéficions de la force de l'autopromotion et de
la force en interne de tout un département marketing, ajoute Stéphane Hauser.
Nous disposons aussi de la légitimité auprès des annonceurs. »
L'ATOUT D'INTERNET : SA DIMENSION INTERNATIONALE
Maîtriser le support et la vente d'espace est un raisonnement qui pouvait déjà
se poser sur les médias traditionnels, mais qui est accru par le côté
technologique du Web. « Sur du moyen et du long terme, nous avons la capacité
de voir ce que la technologie va changer », observe Pierre Boulet. La maîtrise
totale de son offre apparaît cependant prégnante sur des considérations
techniques. Beaucoup de supports ayant peur de perdre la qualification de leur
audience sur des serveurs maîtrisés par des régies externes. Même si celles-ci
estiment que les données sont à la seule disposition des supports. « La
protection des données marketing constitue un enjeu important. Quand vous êtes
éditeur de contenu, la première richesse est le capital lecteur, estime Pierre
Boulet. Ces informations sont propriétés de l'éditeur. Toute notre technologie
s'installe sur le serveur des éditeurs. » Un des atouts dont disposent les
régies externes concerne la dimension internationale d'Internet. Les supports
traditionnels n'ayant pas forcément un réseau international leur permettant de
prospecter les marchés étrangers. Cependant, la pénurie d'espace semble
actuellement plus réelle que le besoin de prospection. Et les supports
bénéficient du double effet start-up on et off line. « Toutes les start-up font
du off line plus facilement que du on line, remarque Stéphane Hauser. C'est
plus valorisant pour elles. » Alors que l'on pourrait imaginer des produits
publicitaires alliant le support originel et Internet, cette démarche n'est pas
encore développée et semble promise à un avenir incertain. « Nous n'avons pas
d'offre commune, il n'y a pas de complémentarité entre des médias dont les
coûts sont différents, explique Luc Vignon. En revanche, il peut y avoir des
coups événementiels. » La difficulté réside aussi dans la compartimentation
entre les acheteurs du Web et ceux des autres supports dans les centrales
d'achat et agences médias. Comme pour l'audience, la concurrence publicitaire
sur le Web est redistribuée. Outre les supports médias, coexistent toutes
sortes de sites ayant vocation à accueillir des bandeaux publicitaires. Mais
les ressources des médias sur Internet ne dépendent pas uniquement de la
publicité. La vente de contenu prend une place croissante dans les ressources
des sites. Cette dernière concerne non seulement les archives en ligne, quand
celles-ci sont payantes, mais également la fourniture d'un flux d'information à
d'autres sites. Les grands portails sont en particulier très demandeurs de
contenu spécifique de qualité. Jusqu'à très récemment, ils se contentaient
souvent de mettre en ligne les dépêches d'agence, mais ce contenu s'avérant peu
différenciant, ils se sont mis à passer des accords avec des sites médias. La
vente de contenu concerne également les Intranet d'entreprises soucieuses
d'offrir de l'information à leurs employés sans que ceux-ci passent leur temps
à surfer sur le Web. Ces sources de revenu s'ajoutent à celles de l'affiliation
des sites marchands, qui devraient se développer avec l'essor du e-commerce.
Après la création de trafic sur le site, la personnalisation semble prendre une
place croissante dans les diverses stratégies. « La clé du succès sur le Web
est la personnalisation, analyse Pierre Boulet. Elle devient intéressante quand
vous disposez d'un volume d'internautes suffisants. » Cette personnalisation ne
concerne pas obligatoirement le contenu mais le message publicitaire. Exemple
classique, celui du New York Times. A travers quatre questions à l'entrée sur
le site (sexe, âge, lieu d'habitation et revenus), le message publicitaire est
adapté. D'où une efficacité renforcée du message adressé. Un modèle vers lequel
veulent tendre la plupart des sites médias français. L'agrégation d'un maximum
d'audience devrait continuer à pousser les médias traditionnels dans la bonne
voie sur le Web. Les différents médias sont engagés dans la prise de position
dominante que leur confèrent a priori leur légitimité et leur notoriété off
line. Reste à trouver le bon modèle économique pour rentabiliser une activité
qui n'en est qu'à ses débuts. Mais la prise de position sur les nouveaux
supports, tels le Palm Pilot ou le téléphone mobile via le WAP, va aussi
recouvrir des enjeux considérables pour les médias, toujours favorisés par leur
légitimité de fournisseurs de contenus.
Apprendre à gérer la relation client
Face aux enjeux inclus par le développement du e-business, la télévision se doit de réfléchir à l'évolution de son offre et de son modèle économique. Menée par PricewaterhouseCoopers auprès des chaînes de télévision, des bouquets satellite et des câblo-opérateurs, une étude détermine comment ceux-ci peuvent trouver de nouveaux vecteurs de développement via le e-business. Leur approche, souligne l'étude, doit tout d'abord être centrée sur le client. L'enjeu étant d'offrir des contenus adaptés et personnalisés, générateurs de revenus. Si les câblo-opérateurs ou les bouquets satellite possèdent une base de données, pas forcément enrichie d'ailleurs, ce n'est pas le cas des chaînes. Une des solutions pour acquérir une BDD clients qualifiée consiste à devenir fournisseur d'accès Internet, une voie dans laquelle semblent s'engager les médias audiovisuels. La gestion des contenus constitue le vecteur de différenciation des sites. L'étude souligne aussi le besoin de trouver un système de gestion permettant de formater l'information en fonction du moyen de consultation. « Il s'agit d'intégrer dès sa conception, l'utilisation multisupport du contenu », souligne Jérôme Bizord, consultant au sein du centre d'expertise broadcast de PricewaterhouseCoopers. Peu importe le support pourvu qu'on ait le client.
Stéphane Dieutre (Strategic Lab) : « Des marques médias multi-plate-forme »
SELON QUELS MODÈLES LES MÉDIAS OFF LINE SONT-ILS PRÉSENTS SUR INTERNET ?
La première tentation, du print en particulier, est de reconduire le média on line quasi à l'identique, même si la barrière des droits d'auteurs a gelé certains projets. Aujourd'hui, il y a une vraie réflexion sur la qualité du contenu éditorial. Après une période où il fallait avoir un site, on a maintenant conscience que la qualité est très importante et que l'écriture, la mise en scène doivent être soignées. Le deuxième mouvement consiste donc à mettre en place des équipes spécifiques. Un point nouveau, sur le marché américain notamment, concerne l'achat du contenu. Avant, on pensait partenariat et échange, maintenant il y a une prise de conscience de la valeur du contenu. Au troisième niveau arrive le mixage entre le contenu et la solution, ainsi que la mise en place d'une communauté. Quelque chose qui, off line, était minuscule, la prise de parole du lecteur ou de l'auditeur, devient gigantesque. Une grande partie du site devient coproduite par les gens qui le visitent.
COMMENT FONCTIONNENT LES RAPPORTS ENTRE LE SITE INTERNET ET LE SUPPORT TRADITIONNEL ?
Les médias passent d'une logique de flux à une logique de stocks et de flux. Le modèle qui émerge est celui de la marque média multi-plate-forme. La question n'est plus celle de la synergie entre les deux supports mais "Quels sont les fondamentaux de la marque ?". On passe d'un contrat de lecture à un contrat de marque. Sur les médias traditionnels, le modèle éthique séparait le contenu et l'achat. Dans un média on line, la critique et l'achat sont proches. Question : Fait-on cohabiter le commerce et l'information ? Cela implique un changement éthique.
INTERNET VA-T-IL PHAGOCYTER LES AUTRES SUPPORTS ?
Il continuera à y avoir des radios, des télévisions, des journaux. Par exemple, si on met une télévision sur le Web, Internet devient une télévision. Il existera toujours une complémentarité entre les fonctions médias. L'offre se constitue en éventail avec sûrement des jeux de complémentarité nouveaux. Il y a deux types d'acteurs, ceux qui réorganisent leurs business plans et ceux qui sont dans une logique d'engagement soft.