Quand la presse télévision booste les ventes de l'agroalimentaire
Famille de presse robuste, la presse télévision est encore sous-investie par certains annonceurs et notamment ceux du food. Pour les convaincre de franchir le pas, Emap et CIA Le Lab ont conjointement mené une étude pour prouver l'efficacité à court terme de cette famille sur les achats. Des travaux qui ont valu à leurs auteurs d'être distingués par le comité de sélection du congrès FIPP/Esomar.
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Une diffusion sans équivalent, une reprise en main exceptionnelle, une
durée de vie remarquable, la presse magazine TV jouit d'une réputation qui
n'est plus à faire. Pourtant, les annonceurs sont encore nombreux à bouder ses
pages. Et notamment ceux du food qui, depuis quelques années, sous-investissent
la famille. Pour les inciter à faire leur retour, Emap et CIA Le Lab ont mené
une étude conjointe pour mettre en évidence le lien direct entre l'exposition à
la publicité dans la presse magazine TV et la modification des comportements
d'achats des individus. Une étude dont l'originalité repose sur la méthodologie
puisqu'elle est basée sur une approche single source média et marché. « Les
données issues du panel HomeScan de ACNielsen nous offrent sur les mêmes
individus à la fois des données d'achats de produits étudiés semaine par
semaine, avec les quantités achetées et les sommes dépensées, et des données
sur l'exposition aux titres de presse via la technologie de scanning des
codes-barres des magazines », indique Carole Fagot, directrice déléguée
adjointe d'Emap Média. Un système qui évite les erreurs liées aux études
déclaratives et qui présente l'avantage de fournir des données précieuses. Le
numéro du magazine scanné permet ainsi de savoir à quelle annonce presse le
lecteur a été exposé et la date du scan donne une information sur le moment de
l'exposition. « Si nous pouvons dire avec une quasi-certitude qu'un magazine
scanné a été lu, en revanche, il nous est impossible de dire que le non-scan
équivaut à l'absence d'exposition à la publicité », note François Charton,
directeur des études de CIA Le Lab. L'ensemble des titres de la presse
télévision a été pris en compte par l'étude, à l'exception des suppléments
hebdomadaires des quotidiens. Un parti pris que les initiateurs justifient par
la difficulté d'analyse de ces titres.
Une double influence
Au total, une trentaine de campagnes issues de secteurs
de produits divers présents en grande distribution ont été testées. « Dans 80 %
des cas, nous avons constaté que la publicité dans la presse magazine TV a un
effet à court terme sur les comportements d'achat », affirme Carole Fagot.
Avant d'ajouter que deux grands types d'effets ont été identifiés. « La
publicité provoque des achats plus fréquents. Elle a également un effet sur les
volumes et la valeur, donc la pub fait acheter et dépenser plus. » Et de
prouver cette affirmation à travers des exemples précis. Le premier concerne le
cas des chocolats Lindt. La marque a annoncé, en avril 2000, à travers 15
insertions dans 6 titres de la presse TV. Dès la première semaine, le nombre
d'actes d'achat connaît une forte progression qui se poursuit pendant trois
semaines. Parallèlement, dans les semaines qui suivent l'exposition à la
publicité, les individus ont tendance à augmenter leurs dépenses moyennes par
acte d'achat, + 5 % la première semaine, + 11 % en semaine 2, + 8 % en semaine
3. Ensuite, l'effet décroît. Le deuxième exemple concerne un produit à très
fort volume d'achat, dont la marque, malheureusement, n'a pas pu être citée. «
Contrairement au premier exemple, l'effet sur le nombre et sur le volume ne
dure pas. Il se concentre sur une semaine. L'exposition à la publicité, prouvée
par le scan du magazine la contenant, a provoqué une augmentation significative
du nombre d'achats et un accroissement des volumes achetés à très court terme.
Ces deux cas différents nous apprennent beaucoup sur l'efficacité de la presse
et nous permettent de tirer des conclusions en termes de tactique média,
notamment dans la fréquence de parution des annonces », conclut Carole Fagot.