Publicité sur le Lieu de Vente PLV, le virtuel plein écran
L'utilisation d'écrans et autres bornes interactives offre de nouvelles perspectives en matière de PLV. Toutefois, ces nouveaux outils n'ont pas encore vraiment fait leurs preuves. A leur décharge, ils commencent tout juste à se développer. Et encore, pas partout...
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Ilot promotionnel ou écran plasma ? Stop rayon ou distributeur électronique
de coupons ? Borne interactive ou animatrice ? Vraies questions d'actualité que
celles-ci tant, de nos jours, les problématiques relatives à la PLV sont
devenues stratégiques. La PLV, c'est de la publicité. C'est-à-dire, tout au
moins dans son acception marketing, une mise en valeur destinée à susciter
l'envie. Mais pas n'importe où : dans le point de vente, ce qui fait toute la
différence. « Communiquer au bon moment sur une cible en situation d'achat,
n'est-ce pas préférable à une communication sur une cible qui est dans son
canapé ? », interroge Jean-Philippe Chavatte, directeur de projets chez Carré
Noir (groupe Publicis). + 20 %, + 30 %, + 50 % grâce à la PLV... Chacun y va de
ses études. Peut-être sont-elles, une à une, contestables. Ce qui ne l'est pas
en revanche, c'est l'efficacité de la PLV. Désormais, celle-ci n'a plus à
convaincre, ce qui n'a pas toujours été le cas. « La communication sur le point
de vente est un sujet qui préoccupe de façon de plus en plus évidente les
annonceurs, estime Valérie Lemant, Commissaire général du salon Popai Europe
Communication Point de vente, dont la dernière édition s'est tenue en novembre
dernier à Paris. Il y a quelques années, c'était un peu la "dernière roue du
carrosse". Mais de plus en plus, elle est intégrée au mix marketing et
s'inscrit dans une réflexion globale. » La PLV, un marché dynamique et
prospère, c'est acquis (voir interview d'Alain Keraudren). Mais de quelle PLV
parle-t-on ?
Stéphane Brugère-Trélat (TLV)
: "Ceux qui affirment vouloir mettre en
place des écrans pour remplacer la PLV se trompent. Tous ces outils sont
complémentaires".
En devenant plus importante, celle-ci a changé à la fois de physionomie et de
périmètre d'intervention. Les entreprises du secteur ont grandi. Elles sont
plus professionnelles, plus importantes, à l'image des Média 6-RS, Diam's, CPI,
Fapec, Marie-Laure PLV et autres RLB, qui comptent parmi les leaders du
secteur. Le chiffre d'affaires moyen des entreprises adhérentes au SNPLV
(Syndicat National de la Promotion et de la Publicité sur le Lieu de Vente) est
passé de moins de 30 MF au début des années 90 à près de 50 MF en 1999,
concentration oblige. Elles sont également plus internationales. Exemple : le
groupe Fapec. Né de la fabrication de présentoirs en 1965, il est aujourd'hui
l'un des leaders européens de la PLV permanente (présentoirs, équipements de
magasins, shop-in-shop...). Il emploie plus de 200 personnes et a réalisé en
1999 près de 200 millions de francs de chiffre d'affaires. « Nous sommes
véritablement devenus des industriels, insiste Lionel Lanowith, directeur
général de l'entreprise, avec des process entièrement automatisés et une
capacité de production très importante. » Fapec réalise environ 50 % de son
chiffre d'affaires à l'étranger. « Essentiellement par l'intermédiaire de
clients que nous accompagnons dans leurs nouvelles destinations, poursuit
Lionel Lenowith. Lorsqu'une enseigne comme Nike décide de proposer son mobilier
à l'échelon européen ou mondial, elle a besoin à la fois d'une qualité et d'une
capacité de production à la hauteur. » L'Oréal, Evian, Ford, Sephora..., autant
de clients que l'entreprise accompagne sur leurs nouveaux marchés. Lorsqu'elle
ne prend pas elle-même les chemins de l'international, comme ce fut récemment
le cas à travers une alliance avec le groupe américain Hamilton Fixture Compay,
un des leaders américains en équipement de magasin.
Des entreprises plus fortes
Les professionnels de la PLV n'ont pas seulement
changé d'échelle. Ils ont également modifié leur approche en termes de
création. « Les fabricants de PLV sont, plus que par le passé, des concepteurs
et des designers, explique Valérie Lemant. C'est vrai dans tous les secteurs,
du matériel promotionnel léger au mobilier commercial. Ils n'ont plus seulement
une démarche d'exécutants. C'est une vraie modification, que l'on a pu
constater d'une édition du salon à l'autre. » Résultat, le périmètre de la PLV
a évolué. « La notion de PLV au sens strict ne signifie plus grand-chose,
estime Jean-Philippe Chavatte. Désormais, ce sont des marques qu'il faut gérer,
et l'ensemble des signes qu'elles émettent.
Lionel Lanowith (Fapec)
: "Nous nous sommes internationalisés,
essentiellement par l'intermédiaire de clients que nous accompagnons dans leurs
nouvelles destinations".
Ce pourra être le packaging pour une marque d'industriel, ou le point de vente
pour une marque d'enseigne. » Les professionnels de la PLV ne voient pas les
choses autrement. Dans bon nombre de sociétés leaders, on raisonne désormais en
termes de mobilier commercial, d'architecture commerciale, voire de concept
point de vente. « C'est que la PLV n'est pas qu'une manière de vendre, poursuit
Jean-Philippe Chavatte. C'est aussi, et de plus en plus, une façon de véhiculer
une image. A cet égard, elle doit être en cohérence avec tous les signes de
l'enseigne. » On le constate à travers les concepts de vente les plus
"visiblement" élaborés. Sephora, maintes fois mis en avant, en est le meilleur
exemple. Il n'y a pas grand-chose qui distingue l'enseigne de ses concurrentes
en termes d'assortiment. La différence, c'est l'architecture et le mobilier.
C'est le fait que l'on entre dans un "temple". Les enseignes textile jouent
également sur ce registre d'image, à l'instar d'Etam et de la grande majorité
des marques de prêt-à-porter. Citons enfin les enseignes de sport "nouvelle
génération", type Made in Sport, ou Citadium. Qu'en est-il de l'expression la
plus "terre à terre", mais certainement pas la moins efficace de la PLV, à
savoir les GMS ? Pour elles, les choses sont beaucoup plus difficiles. Le souci
de la rentabilité au mètre carré, les contraintes merchandising, l'omniprésence
des marques..., rendent quasi impossibles ces exercices de style impeccables
auxquels on assiste par ailleurs. Pourtant, il leur arrive aussi d'oser dans
certains rayons. Le Manège à Bijoux (+ 40 % de ventes...) et l'espace Culture
Leclerc, les concepts textile de bon nombre d'enseignes et, plus près de nous,
les deux derniers concepts d'hyper (Carrefour et Auchan), font preuve d'une
belle créativité. Seront-ils, comme certains n'hésitent pas à l'affirmer,
annonciateurs d'une nouvelle ère dans le domaine de la grande distribution
alimentaire ?
Nouvelle frontière, nouveaux outils
Plus
ambitieuse, plus globale, la PLV est confrontée à de nouveaux challenges. Et à
nouveaux challenges, nouveaux outils. L'objectif n'est pas de faire de la
technologie pour elle-même, mais véritablement d'offrir de nouvelles
perspectives en matière d'ambiance, d'image et de publicité sur le lieu de
vente. L'écran y parvient-il ? Véritable scène de théâtre sur laquelle on peut
à peu près tout jouer, il est indissociable des nouveaux concepts point de
vente qui accordent quelque intérêt à l'image. La société IVS est spécialiste
de la maîtrise de l'image et des écrans en tout genre. Après l'infiniment
grand, avec les écrans géants des plateaux télé, des salons et conventions,
voire des stades, la société se lance dans "l'infiniment petit", avec ce
qu'elle nomme elle-même l'e-PLV. « A savoir des écrans de petite taille,
susceptibles de se positionner partout dans un magasin ou sur une étagère,
explique Laurent Issenjou, son P-dg. Aujourd'hui, la technologie le permet
grâce aux écrans LCD. » Pourquoi e-PLV ? « Parce que ces écrans peuvent être
connectés en réseau ou via Internet, et proposés ainsi d'innombrables solutions
en termes de diffusion. » Parmi elles, celle qui consiste à adapter les
promotions que l'on voit à l'image, aux ventes du magasin. « Notre filiale
Alternative Developpement a mis au point un logiciel permettant de puiser des
images dans un serveur, explique Laurent Issenjou. Connecté à la gestion des
stocks, ce logiciel permet, par exemple, de mettre à l'écran en temps réel la
photo d'un article qui ne s'est pas assez vendu et qui a besoin d'être boosté.
» Cela sur des écrans LCD, ou plus grands. Car le but est bel et bien de mixer
différents formats, comme c'est le cas pour le dernier concept Etam (voir
interview), ou pour le magasin Citadium, nouveau temple parisien du sport (un
mur d'images de 16 cubes, une vingtaine d'écrans plasma et 47 écrans LCD !).
Dans un registre moins spectaculaire, mais tout aussi intéressant en termes de
solutions, le système proposé par la société TLV (Télévision sur le Lieu de
Vente). Il permet à une enseigne de créer et d'exploiter une chaîne de
télévision privative sur le lieu de vente. « Numérisation, routage, montage
clés en main, garantie de diffusion sur chacun des sites... nous offrons une
solution globale », explique Stéphane Brugère-Trélat, directeur général de
l'entreprise. Les points forts du système ? « Une grande réactivité et une
grande capacité de personnalisation, avec des programmes qui sont non seulement
aux couleurs de l'enseigne, mais qui peuvent aussi être différents d'un site à
l'autre, d'une région à l'autre, d'une heure à l'autre si nécessaire. » Ainsi,
chez Shell, où le système est installé, les programmes d'information sont
modifiés trois fois par jour, et toute information urgente peut être portée à
l'écran en quelques minutes. Accessoirement, le système permet aussi de faire
de la formation sur le lieu de vente, à destination des salariés de
l'enseigne.
Tout en images
Enfin, si l'on évoque les
écrans points de vente, comment ne pas mentionner le système, ancestral au
regard des précédents, du simple magnétoscope ? Pour tout dire, le seul qui,
jusqu'ici, a vraiment fait ses preuves. Créée en 1987, la société Passat est
leader sur ce créneau. Une télévision, un magnétoscope, une cassette qui tourne
en boucle présentant un produit et son utilisation, le produit en question,
agrémenté d'un peu de PLV classique, et le tour est joué. « La vidéo sert à la
fois de "happening" pour interpeller le chaland et de formation à l'utilisation
du dit produit », explique Jean-Camille Raymond, directeur général adjoint de
la société Passat. A noter que l'entreprise référence elle-même les produits et
détient l'exclusivité de leur commercialisation en Europe. Ce faisant, avec son
expérience, elle ne choisit que ceux dont la réussite commerciale est certaine.
« Il n'empêche, la démonstration vidéo apporte indéniablement un plus en termes
de vente, estime Jean-Camille Raymond. Cela multiplie les ventes entre 3 et 7
fois. » De fait, les enseignes sont fidèles à ce système largement orienté
bricolage. Parmi elles, Auchan, le BHV, Bricomarché, Carrefour, Castorama,
Leclerc, Leroy Merlin, M. Bricolage... Au total, environ 4 500 écrans sont
installés. Prochaine étape pour l'entreprise, le remplacement du magnétoscope
par le DVD, « encore un peu cher pour l'instant ». Avec une telle diversité de
technologies, de tailles, de contenus, l'écran répond à toutes les
problématiques. On peut l'envisager aux caisses des magasins, malgré des
tentatives malheureuses par le passé, pour faire patienter les clients. Dans
les rayons traditionnels, pour démontrer la qualité de la viande à la
boucherie. Dans l'allée centrale, pour informer sur les opérations
promotionnelles du moment. Et, pourquoi pas, dans chaque rayon, présentant tel
ou tel produit qui y est vendu. Les enseignes textile s'en servent déjà comme
un média d'image, montrant le dernier défilé de la marque. Les enseignes
alimentaires pourront y vendre de l'espace publicitaire, autofinançant le
média, voire gagnant de l'argent grâce à lui. Après tout, le reproche principal
fait au média télé par rapport à la PLV n'est-il d'être déconnecté du point de
vente ? Les marques seront-elles intéressées par la possibilité de diffuser à
l'angle du rayon le spot vu la veille au soir. Les écrans permettent également
de cibler la clientèle selon le moment de la journée, selon les magasins ou les
régions. Ils peuvent apporter une réponse aux problèmes d'encombrement que
créer parfois la PLV... Face à de telles perspectives, on peut se demander
pourquoi les hypermarchés n'en sont pas encore remplis ! « Les distributeurs
sont conscients de la puissance et de la souplesse de l'outil, explique
Stéphane Brugère-Trélat. Le problème, c'est que de tels projets concernent à la
fois la théâtralisation du point de vente, la promotion, la communication, les
services d'information et informatiques, la direction générale des enseignes...
» Il s'agirait donc d'un processus très lourd, et donc très long. D'autant
qu'en parallèle, de nombreuses questions se posent : comment placer et mettre
en scène les écrans ? Comment gérer la maintenance ? Et, question la plus
cruciale, quels programmes diffuser ? Comme la grande distribution n'a pas
l'ombre d'un début de réponse... Mais après tout, aux Etats-Unis, Wall-Mart a
bien franchi le pas en installant des écrans dans quelques centaines de points
de vente. Alors, à quand un responsable des programmes dans chaque hyper ?
Les bornes de moins en moins bornées
Principale
différence entre les bornes et les écrans : l'interactivité. Autant les écrans
rencontrent une adhésion forte, autant les bornes ont du mal à décoller. Il est
vrai qu'il s'agit d'un outil individuel, qui n'a pas cette capacité à créer
l'événement dans le magasin. Il en existe pourtant de toutes sortes, de la
simple borne qui guide le client pour acheter un produit à celle qui distribue
intelligemment des coupons en passant par la borne de connexion à Internet.
Dans certaines circonstances, la première peut être séduisante. Se voir
proposer tel vin lorsque l'on indique un plat ou tel aliment pour chien lorsque
l'on donne l'âge de son animal et sa race, proposer des recettes de cuisine sur
des bornes, pourquoi pas ? « Sinon qu'au prix du papier, mieux vaut offrir un
livre de recettes, considère Michel Benthanane, directeur du développement
d'Interblue, société spécialisée dans le marketing électronique opérationnel.
Quitte à acheter des bornes, autant les utiliser de façon intelligente, et leur
donner un contenu intéressant. » Par exemple, à travers HyperCoupon, système de
couponning électronique d'Interblue. Le fonctionnement est très simple : à
chaque visite, le porteur insère sa carte de fidélité de l'enseigne dans la
borne qui le reconnaît et lui propose des promotions liées à son profil et à
son comportement. Il sélectionne celles qui l'intéressent et édite
instantanément les coupons. « Nous suivons véritablement les distributeurs dans
leur politique de fidélisation et nous leur proposons des outils pour faire
vivre cette animation, explique Véronique Voisin, directrice ressources
humaines & communication de Médiaperformances, dont le système Fidaxess repose
sur les mêmes bases. Ces systèmes sont très élaborés dans la mesure où ils sont
reliés à la base de données marketing du magasin. » Autre utilisation possible
de la borne, quoique relevant davantage de la prospective : proposer aux
clients un complément d'assortiment. Soit pour compenser le manque de place, et
donc d'assortiment, par rapport à des plus grandes surfaces (exemple : des
supermarchés proposant du gros électroménager), soit pour acquérir une image de
spécialiste dans tel ou tel secteur en proposant un assortiment complémentaire
très pointu. Des enseignes, de supermarchés notamment, réfléchissent à des
problématiques de ce type. Pour sa part, Made in Sport intègre cette logique...
tout simplement en installant dans les magasins des bornes internet connectées
à son site marchand, enrichissant ainsi son assortiment. Reste, malgré tout,
des interrogations. « Comme il s'agit d'un marché qui offre de belles
perspectives, le risque est que l'on y propose un peu tout et n'importe quoi,
craint Michel Benthanane. Et notamment des systèmes à bas prix destinés à
allécher la distribution, mais sans service derrière. Or, sans service, la
borne se meurt dans le magasin et ne suscite que déception. Une borne n'est
efficace que si elle est bien gérée. Nous nous positionnons comme plate-forme
technologique qui modélise des données et les interprète afin de définir des
objectifs (développement de la notoriété d'un produit, CA, déstockage...) et
les actions les plus efficaces pour les atteindre (en jouant sur la cible, le
mécanisme promotionnel...). Il me semble que c'est vers ça que l'outil doit
aller pour répondre aux espoirs qu'il suscite. » On le voit, la PLV virtuelle
se décline encore essentiellement au futur. Elle n'en offre pas moins de belles
perspectives et les enseignes seraient mal inspirées de passer à côté. Une plus
grosse erreur encore serait de négliger les outils classiques sous prétexte que
d'autres pointent le bout du nez.
Du neuf ou de l'ancien ?
Pour n'être pas virtuels, un stop rayon, un kakémono, une
affiche chariot ou un bon vieil îlot promotionnel n'en restent pas moins les
maîtres du jeu en matière de PLV. Et sans doute pour longtemps. Spécialiste du
service marketing au point de vente, Médiaperformances réalise environ 90 % de
son chiffre d'affaires à travers les produits phare que sont Affichariot et
Actirayon. Produit historique de l'entreprise lancé en 1985, le premier est,
selon Véronique Voisin, « le complément idéal de la communication TV dans le
cadre de lancements. » Quant au second, son succès repose en grande partie sur
le fait que l'on ne peut être plus près du produit... Il s'agit en effet d'un
stop rayon, le plus souvent associé à des bons de réduction. Selon une étude
menée par Carrefour, l'augmentation des ventes imputables à Actirayon est de 53
%. Affichariot et Actirayon, c'est plus de 200 campagnes sur l'année 2000. Plus
récemment, Médiaperformances a lancé Auto Coupon, un distributeur de coupons
tout ce qu'il y a de moins électronique, mais très efficace en matière
d'animation événementielle. « La surface d'expression est très importante,
affirme Véronique Voisin. En outre, on peut décliner toutes sortes d'opérations
thématiques multimarque avec des mises en scène originales. Par exemple, un
plateau de petit-déjeuner avec, pour chaque composant du petit-déjeuner, une
marque, et les coupons correspondants. C'est un produit qui a de l'avenir. »
Par rapport à ce type d'outils souples, économiques et efficaces, les PLV
virtuelles ont tout à prouver. « Ce qu'attendent les distributeurs à travers
les outils multimédias, c'est de la valeur ajoutée, estime Véronique Voisin. Ce
sont des solutions qui permettent d'élever le panier moyen. Il ne faudra jamais
perdre de vue cet objectif. » « Ceux qui affirment vouloir mettre en place des
écrans pour remplacer la PLV se trompent, estime pour sa part Stéphane
Brugère-Trélat. Tous ces outils sont différents et globalement complémentaires.
» A ce jour, les véritables expériences de mixage sont assez rares. Celles
proposées par l'agence Early Bird n'en sont que plus intéressantes. 40 m2 dans
l'allée pénétrante d'un hypermarché, c'est environ ce qu'il lui faut pour
mettre en place ses espaces entièrement dédiés aux marques. « L'objectif n'est
pas d'installer tel outil de PLV ou tel autre, explique Yolaine de Courson,
directrice de l'agence. Il est de donner du sens, de recréer les valeurs de la
marque, et de "faire vivre" ces valeurs aux clients du magasin. » Exemple : un
espace "Vive les bébés", actuellement à l'étude pour la marque de couches
d'Auchan. Découpé en 7 rencontres, il cherche à démontrer aux mamans la
légitimité d'Auchan dans cet univers : zone où l'on détaille la fabrication et
les performances de la couche d'une manière technique (scratch, ceinture,
qualité d'absorption), détail des étapes pour changer son bébé, zone
positionnée sur les 5 sens, sur la manière de prendre soin de son bébé,
rencontres interactives avec vidéoconférences plusieurs fois par jour avec un
pédiatre (questions/réponses), mini-conférences sur les différents thèmes liés
à l'univers du bébé, bornes internet avec sites spécialisés, espace jeu
concours avec distribution d'échantillons, écrans d'image... Qualifiée
traditionnellement de "vendeur muet", il ne fait aucun doute que la PLV le sera
de moins en moins.
« On aura toujours besoin de petites structures fortement réactives »
Alain Keraudren, président du Syndicat National de la Promotion et de la Publicité sur le Lieu de Vente (SNPLV).
Combien pèse aujourd'hui la PLV ?
Les membres adhérents du SNPLV génèrent un chiffre d'affaires de 3,3 milliards de francs. En extrapolant à l'ensemble du marché, on obtient un total de 5,5 milliards de francs. Entre 1998 et 1999, ce marché a progressé de près de 10 % par an.
A quelles grandes évolutions doivent faire face les entreprises du secteur ?
C'est un métier qui évolue très rapidement en matière de matériaux, de style... En l'espace de deux ans, tout peut changer. C'est aussi un métier qui se professionnalise fortement. Nos clients essaient de plus en plus de concevoir une image identique dans l'ensemble des pays européens. Cela a une influence sur notre marché et sur ses acteurs car nous devons nous y adapter.
Faut-il en déduire qu'à terme, les petites structures n'auront plus leur place ?
Non, car à côté des grandes entreprises qui développent des process industriels lourds, il existe une infinité de besoins et les entreprises industrielles ne répondent qu'à une partie de la demande. En revanche, les sociétés de taille intermédiaire auront peut-être plus de mal à se positionner.
Quel regard portez-vous sur l'arrivée de nouvelles technologies dans la PLV ?
Venues directement des salons et de l'événementiel au sens large (écrans plasma, murs d'écran...), on commence à les voir dans des enseignes très typées : textile, sport, multimédia... Pour l'instant, on les utilise davantage pour la création d'une ambiance que dans une logique publicitaire. S'agissant de leur démocratisation véritable, je crois qu'il faudra encore attendre, notamment pour des problèmes de coût. Je crois qu'il faut être prudent quant à l'utilisation de ces outils en très grande quantité, et dans une distribution généraliste.
« Créer un dynamique dans le point de vente »
Patrice Crosnier, directeur commercial et marketing de Carglass. «Nous cherchions à répondre à une double problématique : une perception d'attente trop importante chez nos clients et une volonté de donner plus de contenu à notre métier et à notre marque. Après étude, il est apparu que le support télé était une bonne solution. Mais la chaîne satellite était trop onéreuse. Le DVD ou le magnétoscope en boucle ne nous intéressaient pas car nous souhaitions un système "updatable" afin de créer une dynamique autour du média et la perception d'un vrai programme. La solution proposée par TLV nous paraissait la mieux adaptée puisqu'une simple ligne téléphonique suffit. Nous proposons un vrai contenu éditorial : explications sur les techniques, produits et services, promo, présentation du groupe, informations utiles, telles que la météo ou les news, bandes annonces de films et clips vidéo... Tout cela avec une grande adaptabilité selon les magasins et les régions. Nous avons équipé 33 centres pour un coût total de 1,2 à 1,3 million de francs tout compris. Celui-ci intègre, au niveau des programmes, deux mises à jour quotidiennes sur la météo et les infos à travers 7 régions différentes. D'ici quelques mois, les 200 centres Carglass seront équipés. Parallèlement, nous avons confié à une régie, IP France, la vente d'espaces publicitaires dans notre programme, essentiellement auprès de partenaires du monde automobile. Nous avons en effet un auditoire captif, assez important en nombre (un million de personnes viennent dans nos centres) et au profil idéal par rapport à cet univers. L'objectif est de réduire les coûts du média, voire de l'autofinancer. »
« L'écran, c'est une PLV qui se transforme en film »
Michel Cohen, directeur marketing Europe de la marque Etam. «Depuis six mois, nous avons lancé un nouveau format de magasin dans lequel nous rassemblons trois collections : prêt-à-porter, collections lingerie et notre nouvelle marque Tammy by Etam. C'est ce nouveau concept point de vente qui a vocation à accueillir des écrans, ceux-ci étant de différentes technologies. Mais nous avons souhaité faire les choses très progressivement. Lors d'une première phase, nous avons diffusé nos collections de prêt-à-porter et de lingerie à travers des diaporamas. Les clientes étaient interpellées par cette PLV d'un genre nouveau, et incontestablement, les produits mis en avant s'écoulaient mieux que les autres. Dans la seconde phase (actuellement), nous avons fait un "making off" des séances photos, sous forme de petit film, que nous passons en alternance avec les diaporamas. Nous inaugurons en ce moment même une troisième phase avec le magasin Etam Rivoli. A l'étage consacré à la marque Tammy, qui cible les 9-16 ans, nous avons mis en place un mur vidéo sur lequel nous proposerons un programme musical co-élaboré avec Virgin, un spécialiste en la matière. Nous diffuserons en alternance des clips vidéo et l'offre Tammy. En revanche, à l'étage consacré à Etam, nous continuerons à diffuser l'autre programme. L'objectif, à travers ce média, est de montrer à nos clientes des collections "vivantes" et en mouvement. Film, qui plus est, consacré à nos produits et dans un cadre idéal. D'ici un an, nous aurons une quinzaine de magasins au nouveau concept, dont la moitié devrait être équipée d'écrans. Nous privilégions les magasins les plus porteurs en termes d'image (Paris, Bruxelles, Londres) et de CA. »