Marketing relationnel : des supports en quête de convergence
Conscients de la place inéluctable de la relation client dans leur stratégie marketing globale, les annonceurs tâtonnent quant à l'utilisation des différents outils. Beaucoup de mailing et de couponning, un peu d'Internet, un zeste de consumer magazine... La réalité du hors-médias ressemble plus à une sédimentation d'expériences qu'à une science exacte.
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Bas les masques. A tous ceux qui avaient espéré que le marketing
relationnel pousserait les marques et leurs clients dans une romance
communautaire sur fond d'intimité et de fidélité, la récente étude commandée
par l'agence Angie à Ipsos-Insight Marketing se charge de les ramener à la
réalité. Et si la valorisation du hors-médias (hausse des budgets dans la
plupart des entreprises interrogées) ne fait plus de doute pour personne, les
avis sont partagés sur la valeur des outils relationnels et surtout la mesure
de leur efficacité par rapport aux supports déjà utilisés. Ainsi, alors même
que le mailing et le couponning restent les locomotives du marketing direct -
84 % des entreprises interrogées les utilisent et 46 % les considèrent comme
stratégiques , les annonceurs regrettent « qu'ils ne soient pas aussi rentables
qu'avant ». Sans savoir encore par quoi les remplacer ou les compléter. Ils
placent certes de grands espoirs dans l'e-mailing ciblé. Voire Internet qu'ils
jugent de loin le plus interactif, communautaire, pratique (51 %) et moderne
(58 %) des outils à venir. Tout en minimisant pour l'instant sa valeur
stratégique (17 %). Une contradiction d'autant plus forte que 96 % des
entreprises interrogées possèdent un site. Mais que, la plupart du temps, elles
maîtrisent peu ou mal l'outil en interne, manquent de maîtrise technique
(intégration globale, outils de marketing adaptés pour qualifier les
contacts...) et de moyens humains (entretien, actualisation). Le consumer
magazine, également présent dans l'éventail des outils usuels (73 %), est pour
sa part sous-évalué en termes stratégiques. Il est perçu comme un outil de
collecte d'informations sur le consommateur lecteur et même jugé comme le
meilleur support d'information. A condition qu'il se recentre sur les valeurs
d'usage (produits, service, couplé à un système de club). Mais la multiplicité
de ses déclinaisons ne permet pas encore de voir émerger de modes opératoires
et stratégiques privilégiés. Magalogue (catalogue + contenu), magazine type
Danoé de Danone, véritable voix de l'entreprise, ou journal comme France Rail
non signé par la SNCF, ce média cherche encore son positionnement.
Un bel avenir pour le centre d'appels
En termes de
perspectives, les entreprises pressentent un bel avenir au centre d'appels,
jugé le plus apte à cibler la clientèle et à personnaliser les contacts. Mais,
si ses qualités d'interactivité, de proximité et son potentiel d'optimisation
et d'analyse d'information font rêver, ses coûts d'acquisition et de
fonctionnement ainsi que les problèmes liés à son implantation pour les grands
groupes freinent encore son développement. Petits scores, à court terme du
moins, pour les webzines et les newsletters, des techniques "push" jugées
inadaptées aux internautes particulièrement zappeurs. « Il faut voir comment
ils ignorent les bannières de pub ». Même méfiance pour le Wap ou le mobile,
taxés de pistage voire de harcèlement. Quant aux bornes interactives, à moins
d'innover vraiment, elles restent trop techniques et pas assez constructrices
de relation... Plus étonnant en revanche, le modeste score du service
consommateurs qui laisse à penser que l'ancien organe centralisateur des
contacts et des informations se retrouve, souvent faute de moyens, comme vidé
de sa substance par les autres supports... Et c'est peut-être là une des leçons
de l'étude. Une multiplicité de supports relationnels qui cherchent encore à
converger. Sans axe prioritaire entre l'information donnée sur les services,
les valeurs de l'entreprise ou les axes pédagogiques. Sans média exclusif par
stratégie. Où l'entreprise cherche avant tout à accentuer la dimension
interactive, la possibilité de choix des points de contacts et des contenus.
Mais ne perd jamais de vue que l'information et les bénéfices relationnels
escomptés doivent d'abord servir le résultat économique de l'entreprise, sa
rentabilité (67 %), son chiffre d'affaires (66 %), ses nouveaux clients (66 %).
Et, plus secondairement, augmenter le panier moyen (40 %) ou développer de
nouveaux marchés (39 %)...
MÉTHODOLOGIE
Phase qualitative exploratoire auprès des responsables de la relation et de l'information client chez l'annonceur, répartis sur différents secteurs (alimentaire, grande distribution, distribution spécialisée, hygiène-beauté, banque-assurance, télécommunication, automobile, tourisme, jardinerie...). Quinze entretiens individuels approfondis en face à face ont été réalisés ainsi qu'un groupe cible d'une durée de trois heures. La phase quantitative s'est effectuée à partir de 70 entretiens téléphoniques d'une durée de vingt-cinq minutes au sein d'un échantillon de 232 responsables des stratégies de communication.