Les nouveaux territoires des études médicales - 1/2
Avec des problématiques qui commencent à s'apparenter à celles de la grande consommation et à en utiliser les méthodologies, tout en les adaptant à la spécificité du secteur santé, les études marketing médicales font preuve désormais de maturité. Toujours plus internationales et stratégiques, elles travaillent à la fois sur de nouvelles cibles et avec de nouveaux outils. Au sein desquels Internet joue un rôle prometteur.
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Avec 8,6 % du chiffre d'affaires des études, selon Syntec Etudes Marketing
et Opinion, le secteur des études médicales et pharmaceutiques constitue le
deuxième client des instituts d'études et pèse quelque 540 MF. Les sociétés de
panels en engrangeant un peu plus de la moitié. On retrouve là des sociétés,
comme IMS Health, le leader des sociétés de panels dans le médical, ACNielsen,
Icomed, mais aussi des instituts dont l'activité présente une forte dimension
quantitative, comme CAM ou Indice Médical. Certains instituts ad hoc proposent
aussi des études multiclient et des panels spécialisés. C'est le cas d'Altis
(ex-Isis Research), Louis Harris Médical, Médimix, Stratégic R&C, CSA-TMO.
Michel Murino (Taylor Nelson Sofres Health)
: "S'il y a un élément
majeur dans le développement des études médicales, c'est la place accordée aux
études patient".
Les quelque 200 MF qui sont consacrés aux études ad hoc ne représentent qu'une
petite part du chiffre d'affaires des laboratoires. Rares sont ceux, même parmi
les plus importants, qui investissent 1 % de leur chiffre d'affaires en études.
Pourtant, le domaine de la santé intéressant de plus en plus de monde (les
organismes payeurs comme la Sécurité Sociale ou les Mutuelles, mais aussi les
banques et les assurances et jusqu'aux vépécistes), on peut raisonnablement
penser que l'enveloppe est plus élevée et le sera certainement davantage à
l'avenir. « Nous sommes de plus en plus amenés à faire des études pour le
milieu de l'assurance, souligne Martine Crocquet, directeur du Département
Santé de CSA-TMO. D'une part, parce que les compagnies ont besoin de mesurer
les risques pour mieux les gérer, mais aussi pour qu'elles puissent proposer
des produits d'assurance plus adaptés à des clients souffrant de telle ou telle
pathologie. » Résultat : les assureurs sont de grands demandeurs d'études sur
l'épidémiologie, les comportements des médecins et des patients et d'études
pharmaco-économiques. La multiplication des risques alimentaires a amplifié les
préoccupations en matière de sécurité alimentaire des Français et des
professionnels de la santé, rendant les frontières encore plus floues entre ce
qui est du domaine du médical et ce qui est du domaine plus général de la
santé, donc du grand public.
Henry Gazay (Médimix)
: "Les responsables marketing des laboratoires
deviennent désormais des gestionnaires qui mesurent la rentabilité de leurs
actions".
Traditionnellement, les études ad hoc dans le domaine médical étaient réalisées
par des sociétés d'études spécialisées, positionnées sur les études
stratégiques ou sur les études tactiques ou encore sur les deux. Certaines
pouvant être des filiales spécialisées de grands groupes d'études généralistes
(Taylor Nelson Sofres Santé, Louis Harris Médical...). La vingtaine d'adhérents
de l'ASOCS (Association des sociétés d'études de l'opinion et du comportement
dans le domaine de la santé), qui réalisent ensemble 70 % des études ad hoc des
laboratoires, comprend surtout des sociétés d'études spécialisées dans le
médical, mais aussi quelques généralistes, comme BVA ou Chetochine. Signe de
l'évolution du marché et du recours accru des laboratoires aux études, les
chiffres d'affaires des trois principales sociétés d'études spécialisées (ACS,
Altis, Louis Harris Médical) dépassent les 20 MF, ce qui les place parmi les
sociétés d'études de taille moyenne.
Accélération des timings
Aujourd'hui, pourtant, les sociétés d'études généralistes
se retrouvent de plus en plus souvent consultées sur des problématiques santé,
leur expertise dans le domaine de l'opinion, de la grande consommation, de la
distribution (plus récemment) attirant vers elles les laboratoires qui
s'intéressent de plus en plus à la dimension patient.
Véronique Bonrepaux (Infratest Burke)
: "Les laboratoires sont submergés
d'information, à nous d'en faire la synthèse".
C'est le cas d'instituts comme Ifop, Démoscopie, Ipsos (qui comporte un pôle
santé), Market Audit, GfK, BVA... Entrées le plus souvent dans la santé par le
biais des études tactiques dans le domaine de l'OTC, elles ont d'abord adapté
leurs méthodologies à l'univers médical. Leur expertise en benchmarking et leur
savoir-faire en valeur des marques ont alors attiré des laboratoires qui
commençaient à se poser des questions sur la concurrence et la gestion de leur
portefeuille de marques, le tout dans un environnement international. D'où
l'appel aussi à des sociétés comme Infratest Burke ou Novaction. Les besoins -
nouveaux pour les laboratoires pharmaceutiques - en études de satisfaction et
de fidélisation font apparaître de nouveaux intervenants : les instituts
spécialisés dans les études de satisfaction, tel INit Satisfaction. Signe des
temps également, Louis Harris double ses compétences dans le domaine médical et
hospitalier en ajoutant un volet plus large santé et crée une nouvelle
structure, Synergies Santé Environnement, placée sous la responsabilité de
Véronique Le Pautremat, qui vient de publier la première vague d'un sondage sur
les Français, leur santé et les crises alimentaires et écologiques (cf.
rubrique Etudes & Baromètres, p. 24). Ces trois dernières années ont vu une
accélération des fusions et acquisitions entre laboratoires pharmaceutiques.
Mariages rendus nécessaires par le besoin toujours plus grand de disposer de
budgets R&D encore plus conséquents.
Patrick Cru (Market Audit)
: "Parceque le patient est mieux pris en compte, les études de packaging, de prix, de merchandising et de linéaires se multiplient et se sophistiquent".