Garder toujours le contact, réel ou virtuel
Le premier client des banques et assurances, c'est leur réseau, physique et virtuel. Les actions de sensibilisation, formation, ou motivation des intervenants des agences, des plates-formes téléphoniques ou encore du Web, se développent en une vague de fond d'innovations internes.
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Rien ne sert d'innover sur l'offre si le résultat n'est pas relayé auprès
des interfaces clients que sont les agences ou les plates-formes de contacts à
distance. Ce qui paraît une évidence n'est pas si aisée à obtenir, dans des
organisations géographiquement dispatchées et rarement liées par des liens
classiques de salariés à employeurs. « Ce qui est vraiment nouveau, aussi bien
dans la banque que dans l'assurance, c'est l'importance donnée à
l'anticipation, la préparation d'une nouvelle offre. Et ce, aussi bien en
front-office - les interfaces clients - qu'en back-office. L'animation du
réseau, via Intranet par exemple, se développe », remarque Patrick Descharmes
d'Uniteam. A l'heure du recentrage sur le client, assureurs et banquiers
prennent conscience que, pour changer de cap, il faut savoir motiver son
réseau. Depuis début 2003, AGF Assurfinance dispose d'un accès, au niveau du
marketing central, aux informations issues des ordinateurs portables de ses 2
800 conseillers : les bases clients et prospects des conseillers, mais aussi le
planning de leurs rendez-vous clients. Des informations vitales que les
conseillers, certes salariés, ont accepté de partager. « C'est le début d'une
révolution interne, explique Xavier Harlay, directeur marketing. Mais nous y
allons en douceur, avec des équipes tests. »Lorsque l'assureur Continent a
lancé son offre “Bonjour Famille”, il a accompagné le projet d'un gros effort
de formation des collaborateurs. « Car, si l'offre est simple pour le
consommateur, elle est tout de même composée de 11 produits et il faut un temps
d'appropriation des produits par les agences », précise Frédérique Zmirou.
Importance du multicanal
Le point de vente physique,
particulièrement dans la banque, revient d'ailleurs en force. La
dématérialisation de la banque n'a pas résisté à la bulle internet : le guichet
a, depuis, repris sa place dans la relation client. « On assiste à une reprise
de la croissance du nombre de points de vente, note Christian Parmentier, de
l'Adetem. Dans le même temps, leur configuration a évolué, avec le
développement des zones de libre-service, alors que, parallèlement,
l'élargissement des plages d'ouverture s'est renforcé. » Le lancement de
Groupama Banque, détenue à 40 % par la Société Générale et à 60 % par Groupama,
révèle cette tendance à miser sur le conseiller. L'offre bancaire destinée à
être proposée aux assurés Groupama devait être ainsi relayée par les 16 caisses
régionales concernées. Cependant, il était culturellement impensable de piloter
totalement le projet en central en sachant que les caisses disposent de leurs
propres statuts juridiques. « Nous avons bien sûr organisé des groupes de
travail avec les caisses régionales, pour valider le projet, et l'ensemble de
ses composantes : l'offre marketing, la commercialisation, la communication et
le planning de formations, explique Dominique Binet, directeur marketing et
communication de Groupama Banque. Ce sont ensuite 57 000 jours de formations
qui ont été dispensé. » L'interaction entre réseau de terrain et structure
centrale est ici obligatoire : par exemple, les données clients sont
accessibles à Groupama Banque, mais pas les données prospects. En effet, par
respect de la vie privée des clients, les informations des prospects ne peuvent
être consultées par le marketing central puisqu'elles portent sur une autre
offre, l'assurance. Le projet Groupama Banque se double d'un autre type de
contacts clients : une plate-forme téléphonique, qui traite les opérations
bancaires. Dans cet exemple, le call center s'avérait obligatoire, puisque les
assureurs ne pouvaient enregistrer eux-mêmes d'opérations bancaires. Cependant,
les projets de banque comme d'assurance lancés aujourd'hui ne peuvent plus se
départir du multicanal. La bulle internet, en ce sens, a créé de nouveaux
besoins clients, particulièrement dans le domaine bancaire : une banque se doit
de proposer des services en ligne d'accès à ses comptes et opérations simples.
Si cette tendance accompagne bien le client dans ses démarches quotidiennes,
elle participe, en même temps, à une perte du lien relationnel. « Le grand
enjeu aujourd'hui, est de créer du lien avec le client. Et pas seulement de
développer des canaux de contact avec lui », note Stéphane Dieutre, du cabinet
conseil eXperts. Innover, c'est ainsi garder le contact, toujours et partout, à
condition que ce contact soit réel, porteur d'une valeur rare : l'émotion
client. »