« L'interactivité donne un nouvel essor à notre marketing relationnel »
Multiplier les voies d'accès aux paris hippiques, tel est l'objectif affiché du PMU. Les turfistes peuvent désormais s'adonner aux joies de leur hobby favori en pariant par téléphone, Minitel, satellite sur la chaîne Equidia, en attendant Internet... Christophe Dufournier, directeur marketing, décrit les fondements de la nouvelle politique commerciale de l'opérateur hippique, qui donne la part belle aux paris à distance.
Je m'abonnePrésentez-nous l'activité du PMU ?
Le métier du
PMU (Pari Mutuel Urbain) est d'organiser, de commercialiser et traiter le pari
hippique en France, et non d'organiser les courses. Le PMU est un GIE dont les
mandants sont les deux sociétés de courses France Galop et le Cheval Français.
Sous la tutelle de l'Etat (Ministères de l'Economie et de l'Agriculture), il
constitue le principal pourvoyeur de finances de l'économie du cheval : il
rapporte 6 milliards de francs à l'Etat et 2,5 milliards aux sociétés de
course. 70 % du chiffre d'affaires sont redistribués aux parieurs. Il y a
environ 5 000 courses dans l'année et 67 % du chiffre d'affaires du PMU est
réalisé sur les courses Quinté +. Une petite journée, c'est 40 MF de chiffre
d'affaires, le record a été atteint avec le Prix d'Amérique 2001, avec 252 MF
de chiffre d'affaires. Nos produits offrent une large gamme de paris, du Simple
au Quinté + ; notre spécialité étant de proposer des paris à combinaison, tels
que le Tiercé, le Quarté + et le Quinté +. Nous travaillons avec 8 000 points
de vente, dans lesquels les paris sont enregistrés le matin (à 95 % des CHR),
mais aussi avec 550 points de vente où les paris sont enregistrés l'après-midi
au plus près des courses - elles ont lieu de 14 heures à 17-18 heures - . De
plus, depuis 1950, le PMU prend des paris par téléphone, centralisés depuis
1993, sur une plate-forme de reception d'appels d'une trentaine de personnes,
basée à Ivry-sur-Seine. Les paris sont pris également par Minitel depuis 1989,
ce qui a permis de développer petit à petit l'activité du PMU Direct (l'entité
qui, au sein du PMU, gère tous les vecteurs de prise de paris à distance). Pour
renforcer ce dispositif, nous avons lancé, en 2000, les paris par satellite sur
la chaîne Equidia (sur CanalSatellite et sur TPS), et en 2001, ils pourront
être pris sur Internet. Le principe adopté : avec un même compte, le parieur
peut jongler avec tous ces outils, sachant que, pour jouer sur CanalSatellite
ou sur TPS, il faut verser 100 francs et par téléphone, il y a un filtre de 1
000 francs.
Quelle évolution a connu l'opérateur hippique ?
Depuis dix ans, le PMU occupait une position stable dans un
marché des jeux en croissance (lancement de nouveaux jeux par la Française des
Jeux et des machines à sous par les casinos). Mais, depuis 1998-1999,
l'opérateur hippique s'est fixé des objectifs de croissance de chiffre
d'affaires, de satisfaction du consommateur, avec des nouveaux fondements, une
nouvelle communication et des nouveaux contrats commerciaux. Après quelques
années de stagnation, le PMU a renoué avec la croissance. Comme nouveautés,
nous avons donc lancé notre propre télévision thématique sur le cheval, qui
traite entre autres des courses et qui est accessible sur CanalSatellite et
TPS.
Nous travaillons à ce que cette chaîne, qui attire 1 million de téléspectateurs
par semaine, puisse prendre des paris également sur le câble. L'une des
initiatives majeures est celle des Cafés-Courses, qui offrent la possibilité de
parier toute la journée, c'est-à-dire course par course, au plus près de
l'événement, avec entrée libre. Par ailleurs, nous avons lancé des nouveautés
produits, par exemple, l'extension du pari 2 sur 4 à une fréquence quotidienne.
Ce sont les fondements d'un nouveau PMU, commercialement plus efficace, qui ont
permis une croissance du chiffre d'affaires de 6,5 %. Sachant que le PMU Direct
a largement participé à cette croissance.
Pouvez-vous nous donner des chiffres plus concrets sur cette croissance ?
Avec le
lancement des paris par satellite sur CanalSatellite à la mi-avril, et sur TPS
à la mi-novembre, le PMU Direct a ouvert, au cours de l'année dernière, 60 000
comptes, ce qui représente 525 millions de francs de chiffre d'affaires. Ces
chiffres ont largement dépassé nos prévisions. Nous nous sommes aperçus que la
télévision interactive, loin de les tuer, a réveillé le téléphone et le
Minitel. Ainsi, ce dernier a connu une croissance de 14 % en 2000 par rapport à
1999.
Vos projets pour 2001 ?
Le PMU va continuer sa
modernisation et mieux cibler ses objectifs, pour satisfaire nos parieurs
actuels et développer notre taux de pénétration vers cette population. Nous
allons stimuler l'intérêt des parieurs avec le lancement d'un nouveau pari, au
second semestre 2001, qui correspond à une nouvelle manière de jouer... C'est
un événement pour le PMU, qui n'avait pas lancé de jeu depuis 1995. Par
ailleurs, nous continuons à améliorer l'offre de services, avec un nouveau
ticket pour les parieurs, plus simple en termes d'ergonomie. Enfin, le PMU va
lancer un système d'aide au pari, pour ceux qui ne savent pas jouer, dans le
but de conquérir de nouveaux clients. En fait, il s'agit de donner la
possibilité à des gens de jouer, sans pour autant s'y connaître et sans faire
n'importe quoi. Ce n'est pas du hasard, ni un système expert, il y a un réel
espoir de gain à la clé. Dès ce printemps, nous allons lancer une batterie de
nouveaux services comme la possibilité pour le parieur d'être payé partout et
l'extension des horaires (jusqu'à trois minutes avant la course).
Quelle utilisation faites-vous de l'Internet ?
Notre
site www.pmu.fr existe depuis juillet 1999 et compte six millions de pages vues
par mois. Les turfistes internautes y puisent les données liées aux courses
réactualisées en temps réel. Nous allons lancer la prise de paris sur Internet
à l'automne prochain. Ce qui va permettre de conquérir des internautes et de
compléter l'accès pour nos parieurs actuels. Ces différents outils doivent leur
permettre de jouer, quand ils veulent et course par course. Mais attention,
dans la mise en place de cette application, il faut tenir compte de
l'importance de la sécurisation des paiements.
Quel est le rôle du marketing relationnel au sein du PMU ?
Il existe depuis une
douzaine d'années, depuis le lancement du Quinté +. Un certain nombre d'actions
ont été pratiquées vis-à-vis de la clientèle du PMU en général, pour
accompagner le lancement de nouveautés et services, créer du trafic dans les
points de vente. Mais aussi, plus particulièrement, vis-à-vis de la clientèle
du PMU Direct. Compte-tenu de son attachement à la marque, elle a un besoin de
contact et d'information très marqué avec le PMU. Avec le développement des
nouveaux services interactifs, utilisés autant pour l'information que pour la
prise de pari, le marketing relationnel a pris une nouvelle dimension, un
nouvel essor. Il intervient en soutien du lancement de tous ces nouveaux
services.
Pratiquez-vous des opérations de conquête de clientèle ?
Nous recrutons des nouveaux clients, avec un profil proche des
parieurs actuels. Globalement, la population qui joue au PMU provient de toutes
les CSP et de toutes les tranches d'âge. Néanmoins, sur cette clientèle
globale, nous enregistrons un déficit sur les 18-30 ans et sur les plus de 55
ans ainsi qu'une moindre représentation dans les CSP les plus élevées. Pour
conquérir de nouveaux parieurs, nous utilisons les annonces, avec un numéro
d'appel Indigo, dans la presse télévision, dans la presse orientée hippique.
Nous testons également des titres comme Rustica, FHM et la presse
micro-informatique. Autres outils utilisés : les mailings sur des fichiers
extérieurs, les imprimés sans adresse. Nous allons mener un test de Postcontact
ciblé avec Médiapost, avec un croisement de critères (sur-équipement en
micro-ordinateur) car les personnes qui jouent au PMU Direct sont généralement
bien équipées en ordinateur, téléphone mobile...
Et en matière de fidélisation ?
Nous envoyons une newsletter trimestrielle, en
ligne, qui permet d'informer, ainsi que d'entretenir le contact. Mais nous
n'avons pas pour l'instant d'actions d'envergure, qui prodiguent de la
reconnaissance à nos parieurs. Cette démarche s'inscrit dans un plan d'actions
à cinq ans car nous souhaitons leur offrir de la reconnaissance. Comme il n'est
pas possible d'offrir des réductions, ces actions peuvent passer par des
partenariats, des participations à des événements... Par ailleurs, nous allons
lancer des opérations de stimulation pour diversifier les paris réalisés par
les joueurs, afin d'augmenter le panier moyen en termes de jeux. De façon
récurrente, nous menons des actions pour les parieurs qui ont tendance à
abandonner l'utilisation de leur compte. En moyenne, quand nous investissons 1
franc sur cette population, nous récupérons 50 francs de chiffre d'affaires. Ce
chiffre est encore plus élevé lorsque nous utilisons le contact téléphonique.
Pour accroître la fidélisation, nous avons dans l'idée de développer des outils
de scoring pour anticiper les abandons.
Comment est organisée votre base de données ?
Les données les plus sensibles, concernant les
clients (comportement de jeux, achats, RFM), sont traitées au sein de PMU
Direct. En revanche, l'autre partie de la base de données (coordonnées des
parieurs) est externalisée chez AID, également en charge de la partie analyse
marketing de la base. 350 000 adresses actives y figurent, dont la moitié est
constituée des adresses des parieurs à distance (165 000 clients PMU Direct).
Faites-vous appel à une agence ?
Oui, nous travaillons
depuis trois ans avec D Communication, qui a la charge complète de tout notre
marketing relationnel.
Quels sont vos objectifs pour le PMU Direct ?
Nous souhaitons atteindre les 500 000 clients.
Biographie
Agé de 40 ans, diplômé de l'ESC Rouen, Christophe Dufournier a débuté en 1986 au marketing du groupe L'Oréal, où il sera successivement chef de produits chez Biotherm, Laboratoires Garnier et Gemey Paris. En 1991, il rejoint le groupe LVMH (activités champagnes et spiritueux), comme chef de groupe marketing de Moët Hennessy Distribution. Quatre ans plus tard, il devient chef de groupe marketing de Moët et Chandon, où il crée et lance notamment la marque "Réserve Impériale". En 1996, il réintègre Moët Hennessy Distribution comme responsable d'enseignes. Fin 1997, il entre aux Editions Quo Vadis comme directeur marketing France et international, poste où il était également responsable du réseau de filiales de distribution à l'étranger. Il a rejoint le PMU en février 2000 en qualité de directeur marketing.
L'entreprise
Chiffre d'affaires 2000 : 37,93 milliards de francs (+ 6,5 % / 1999). Points de vente : 8 169. Parieurs : 6 millions. Gagnants millionnaires : 187. Tickets validés : 1,2 milliard. Courses supports des paris : 5 073. Valeur moyenne du ticket : 25,10 francs.