L'homme pluriel
Pour Cosmopolitan, «les hommes sont renversants», tandis que le magazine Psychologies s'interroge sur les sentiments de la gent masculine, avec un article intitulé «Comment aiment les hommes». A en juger par ces quelques exemples, les définitions et les archétypes de l'homme deviennent pluriels. On n'assiste cependant pas à un mélange des genres. « Contrairement à ce que dicte l'idéologie égalitaire, explique le psychothérapeute Serge Ginger, spécialisé dans les relations homme/femme, les différences entre les hommes et les femmes sont nombreuses. Tant au niveau des cinq sens qu'au niveau biologique... L'homme et le singe mâle ont un patrimoine génétique identique à 98 %, la différence entre eux est donc de 2 %, alors que celle entre un homme et une femme est de 5 % ». Sans oublier bien sûr les différences sociologiques - selon Serge Ginger, dès la naissance, les petits garçons sont attirés par ce qui bouge (les voitures...) alors que les petites filles préfèrent ce qui implique du contact (comme les poupées). Pour le psychothérapeute, l'égalitarisme entre les sexes met en balance les différences et les ressemblances entre hommes et femmes.

Nicolas Riou (Brain Value):
« L'identité masculine s'est libérée de la pression sociale. C'est la fin du modèle unique et de la vie linéaire. »
Les hommes changent-ils, finalement? « Oui! », répond Nicolas Riou, fondateur de l'institut Brain Value, qui a consacré de nombreuses études à la cible masculine. L'auteur de Pourquoi mon mec est comme ça? (Eyrolles, 2005) plaide pour «l'homme vrai». « Attaqué depuis les années quatre-vingt-dix, le modèle masculin traditionnel, symbole de domination, de force, de performance... a tenu malgré tout jusque dans les années 2000, explique-t-il. Puis l'identité masculine a volé en éclats, conséquence de toutes les mutations sociales et économiques. On a alors beaucoup parlé de l'homosexuel puis du métro-sexuel, de l'übersexuel et enfin du néo-macho... Mais il s'agissait de cibles marginales et médiatisées, ne reflétant pas la réalité. Aujourd'hui, l'identité masculine s'est enfin libérée de tous les excès. L'homme est descendu de son piédestal, il exprime ses émotions, prend soin de lui sans être jugé, s 'épanouit dans sa vie familiale. »

La publicité n'hésite plus à tourner les hommes en dérision.
De nouveaux modèles masculins?
La forteresse masculine s'est effondrée. « Qu'est-ce qu'être viril aujourd'hui? C'est ne plus traîner les casseroles des générations précédentes, explique Nicolas Riou. C'est avoir un tatouage ou une barbe si l'on veut, aimer comme on l'entend. » Fini le stéréotype du héros séducteur et aventurier. Les nouveaux hommes sont les Jean-Pierre Bacri, Michel Houellebecq, Gaspard Ulliel... ou encore Barack Obama. Ils échappent aux représentations caricaturales. « L'homme a peut-être perdu de sa superbe et sa toute puissance, mais il a gagné en liberté et plaisir. On a trop voulu nous polir », regrette Nicolas Riou. Selon Christine Castelain Meunier, sociologue et auteur des Métamorphoses du masculin (PUF, 2005) « le nouveau rapport homme / femme est caractérisé par la recherche d un respect mutuel et d authenticité dans les relations et l'affirmation de soi ».
Il semblait évident que la femme évolue selon les périodes de sa vie. Aujourd'hui, ce constat vaut également pour les hommes. Selon le président de Quali Quanti, Daniel Bô, cofondateur du site Womenology « l'homme oscille entre macho et coeur tendre, en fonction des différentes époques de sa vie. Il veut être fort et fragile à la fois ». L'identité virile et le partage strict des sexes ont vécu. Place à des modèles qui se situent dans le périmètre large de «la masculinité à la carte». Les hommes prêtent de plus en plus attention à l'apparence. 65 % des hommes disent prendre soin de leur peau et plus de six sur dix font très attention à leur coupe de cheveux, 58 % prennent garde à leur ligne... (source: Marketing Book, 2010).
Pourtant, le scepticisme est de rigueur. « Certes, les hommes déclarent qu'ils font les courses sur leur téléphone portable, qu'ils sortent les poubelles et jouent avec les enfants, mais les comportements masculins ont peu évolué », déplore Babette Leforestier, directrice du planning stratégique chez TNS Sofres. Côté offre marketing, la coauteur du Marketing Book Masculin Féminin (TNS Sofres 2005) est sévère:« En dehors des marchés captifs comme la mode, la beauté ou l'automobile, l'offre ciblée est rare. Les strings ou caleçons en dentelle créés par Jean Paul Gaultier ou encore le
